3 - Guilbe_, Baiser sous le gui

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Tout le monde était là, pour noël. Réunis dans un AirBNB, ils étaient une quinzaine de singes, dans cette espèce de villa à l'autre bout du monde. Loin de la France et de leur famille, sur une île paradisiaque de l'océan Indien dont il avait encore oublié le nom.

Il était tard, trois heures du matin largement dépassées, et le champagne ne s'alliant pas correctement aux Monsters, il se sentait divaguer. Dans un coin du salon bondé, une pile de cadeau haute comme lui attendait d'être ouvert. Ils avaient décidé d'un Secret Santa, parce que ça pouvait être drôle après tout, mais finalement on préférai parler.

Ils avaient fait les trucs bien, décoré le salon, emmener un sapin artificiel — la galère pour transporter ce truc —, le saumon et le foi gras pour le dîner. À dix-sept, ils s'étaient bien démerdés. Ça lui tira un rire étouffé. Ils avaient vraiment bien réussi malgré la galère. Thomas, assit en face de lui, un verre de jus à la main, le contempla avec un léger sourire attendri.

« Pas trop fatigué ?

— Nan, nan, je suis parfaitement ok. Je fais juste une petite pause. »

Il ne vit pas l'énigmatique rictus que cela tira au grand roux, mais bon. La face joyeuse de son meilleur pote qui discutait avec Jim' l'intéressait bien plus. Une main tranquillement posé sur le torse de son vis à vis et les joues légèrement colorées par l'alcool, il se méfiait du comportement que celui-ci serait capable d'avoir malheureusement à l'égard de Jimmy. Parce qu'il connaissait son ami, à l'hétérosexualité légèrement faible face à l'alcool, qui serait parfaitement capable de faire quelque chose qu'il regretterait beaucoup demain.

« C'est un grand garçon, t'inquiète. Mais au pire rejoint les, ta pause est fini, preux chevalier. »

Avec un roulement d'yeux causé par les paroles vaguement moqueuses de Thomas, il se leva et rejoignit les deux compères qui riaient fort. Doucement, il posa ses mains sur les épaules de Guillaume puis le tourna vers lui. Il ne put s'empêcher de s'attendrir devant le grand sourire enfantin que lui lança le plus petit, et après un rapide échange avec Jimmy, l'emmena avec lui jusqu'à leur chambre.

Guillaume ronchonnait contre lui, sa tête reposant à moitié sur son torse, et un bras passé nonchalamment autour de sa taille, aussi se conforta-t-il dans l'idée qu'il ne devait définitivement pas le laisser en proie à ses démons.

« Pourquoi tu te couches déjà ?

— Parce que tu es fatigué...

— Tu arrêtes la fête pour moi ? »

Devant le silence et le regard embarrassés de son ami, il n'eut pas de mal à comprendre. Dans un soupir, il ajouta :

« Tu devrais pas te priver pour moi. T'y retourne après ok ?

— Ouais, bien sûr. Mais toi tu te couches ok ?

— Oui oui Papa !

— C'est ça fout toi de moi ! Fils de pute ! »

Ils riaient tous les deux tout en se chamaillant, tandis que le plus petit se dénudait rapidement, sans gêne, avant de se glisser dans son lit. Il pouffa soudainement, avant de venir embrasser son ami, qui ne put que bégayer sans comprendre. L'alcool lui faisait il vraiment tant d'effet ? Il avait pourtant l'impression que ça allait, à peu près, juste avant.

Puis, deux doigts fins lui firent relever le menton vers le gui qu'avait dû suspendre leurs amis pour se moquer — non, ils n'agissaient pas comme un couple. De toute façon, lui était hétéro, et Guillaume... c'était compliqué pour Guillaume.

« Tu sais que tu rentres dans leur jeu là ?

– C'est Thomas qui m'a aidé à le mettre... »

Il sourit doucement, puis tira son ami contre lui, l'emprisonnant de ses bras et posant son menton sur son torse.

« En fait, reste avec moi.

– Guillaume ?

– S'te plé »

Axel concéda dans un soupir, puis lui rappela doucement qu'il était hétéro, et en couple, et son meilleur ami.

« Elle m'a largué à cause de toi... Tu m'dois bien ça...

– A cause de moi ? Ouais, et puis la marmotte elle... »

Il le coupa en l'embrassant, encore, de manière plus poussée. Il le regretterait forcément demain, il connaissait son ami. Laissons le faire, pour cette nuit, et puis on verra bien demain...

« Merci.

– Qu'est-ce que tu racontes ?

– De m'aimer.

– Mais j't'aime... Oh putain, mais fuck. Dors, tu dis des conneries.

– J't'aime... Joyeux noël, Axel...

– Joyeux noël p'tit Guill... Dors. »

Tandis que l'autre brun se laissait aller sur son torse, il les couvrit correctement de la couverture du lit simple de son ami, serré l'un contre l'autre pour tenir dans le petit espace. Il se contorsionna pour retirer son sweat, en dérangeant le moins possible le bel endormi, puis le cala de nouveau contre son torse avec un soupir. Il déposa un léger baiser sur les lèvres de l'autre homme, avec un soupir, puis trouva le sommeil tandis qu'il contemplait cet homme.

Son meilleur ami, cet homme pour lequel il aurait tout fait.

Cet homme qu'il aimait, profondément.

Cet homme, juste lui, avachi sur son torse au milieu de la nuit de noël.

Rien que cet homme...

Calendrier de l'Avent (2019)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant