4 - Shadouep, Déclaration de Noël

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Il regardait par la fenêtre la neige qui tourbillonnait dans les vents marins, les deux bras posés sur le rebord, sa tête par dessus. Ça faisait longtemps qu'il n'avait pas vu de neige en Espagne, c'est vrai.

Si il était de retour dans son pays natal, c'était pour les fêtes, qu'ils avaient prévu de passer en famille. Et si il fixait le dehors avec concentration, particulièrement la route menant à chez lui, c'est parce que son meilleur ami devait le rejoindre, depuis désormais une heure, et qu'il avait désespérément besoin de lui.

Il laissa retomber sa tête dans ses bras avec un nouveau soupir ennuyé. Finalement, il entendit toquer à la porte de l'entrée, et il se précipita pour accueillir son meilleur ami. Avec un immense sourire, le roux pris son ami dans ses bras dans une longue étreinte, il lui avait manqué.

« Matthieeeeu !

– Gabrieeel ! »

Ils rirent tous deux et s'échangèrent des banalités jusqu'à monter à l'étage, dans la chambre du roux. Là, au milieu du lit, semblant le narguer, trônait son téléphone. Il serra les dents. Puis se tourna vers son ami, grimaça, et enfin demanda :

« Tu te souviens de mon code ? J'aurais besoin que tu regardes un truc pour moi sur mon tel.

– Euh ouais, bien sûr, si tu veux... C'est toujours la date de naissance de Guep ?

– Mouais. »

En rougissant, il se jeta dans son lit — loin du téléphone — et se roula en boule, la mine grave. Il hésitait à se cacher sous sa couette avec une peluche, mais il avait 25 ans depuis plus d'un mois maintenant, il devait assumer ses responsabilités. C'était exactement pour cette raison que son meilleur ami avait son téléphone entre les mains, déverrouillé et donc pouvant immédiatement lui lire la réponse de Guep à sa déclaration. Ouais, il assumait parfaitement ses responsabilités.

« Faut que je te dise sa réponse, et si c'est négatif on se bourre la gueule et je te couvre devant tes parents c'est ça ? »

Faible hochement de tête, craintif.

« Très bien, hm... Il a répondu, il y a trois heures — t'es sérieux tu fuis ton téléphone depuis... oh et puis merde. Il a répondu très exactement : "T'es sérieux de me dire ça par message ? Ce genre de trucs se disent en face, besoin de te voir." Je t'avais prévenu qu'une déclaration physique serait bien mieux !

– Il va... il va venir ? Attend il va venir ? Et si il me fout un râteau ? Et si il..?

– Si il fait ça tu pourras enfin arrêter de me parler de Guep, oh et de la voix sexy de Guep, oh et de qu'est-ce qu'il est mystérieux Guep, oh et la dernière vidéo de Guep, et de oh je m'interroge sur ce que Guep a pu manger au petit déjeuner..! Et pouvoir enfin l'oublier.

– Mais jamais je pourrais supporter de..!

– Visiblement il va faire 200Km pour venir te voir pour répondre à ta déclaration, tu penses vraiment qu'il va te mettre un râteau ? »

Avec un soupir, le plus grand ne pu que concéder au rationalisme de son ami, et s'allongea la tête sur ses cuisses tout en se rongeant les ongles, anxieux.

« Peut-être qu'il n'apprécie pas que je lui fasse une telle déclaration et qu'il va m'engueuler ? Peut-être que...

– Tu vas arrêter de flipper d'un mec d'1m50 ? Même moi je suis plus imposant que lui, c'est bon détend toi. »

La remarque de son ami eu le don de le faire pouffer et ainsi se détendre très légèrement. Il étudiait le visage crispé de son ami, doucement il vint remonter ses lunettes sur son nez. Il était heureux qu'il soit avec lui, il savait que si il le fallait il s'occuperait de ramasser son cœur à la petite cuillère puis de recoller les morceaux.

Sur la cuisse de son ami et à deux doigts de sa tête, son téléphone vibra, et le regard de Wolf le fit frissonner.

« Il est vraiment venu. Il veut que t'ailles lui ouvrir. »

Il dégluti difficilement puis se leva, à reculons il se dirigea jusqu'à la porte, sous le regard interloqué de sa mère qui décorait le salon de multiples guirlandes. Avec un soupir, il mit la main sur la clanche, se composa son immense sourire habituel, puis ouvrit en tremblant.

Il croisa le regard fatigué mais déterminé de Guep qui le fit frissonner, putain ce que ce mec était charismatique.

« Eh mec tu trembles... Ça va ? »

Il était totalement incapable de répondre à son ami, son cerveau embrouillé mêlait les mots et il avait déjà perdu leur sens. Une interrogation étranglée sortie difficilement de sa gorge nouée.

Finalement, le plus petit se hissa sur la pointe de ses pieds, posa sa main gelée sur sa joue, et vint l'embrasser.

C'est à ce moment que son cerveau avait disjoncté.

Guep. L'embrassait. Guep.

« Moi aussi Gabriel. Je t'aime. Mais c'était juste hors de question qu'on se mette en couple par message, c'est beaucoup trop nul. A raconter à nos gosses dans le rocking-chair devant le feu, c'est bien mieux de dire que je suis venu de France jusqu'en Espagne pour séduire leur père.

– Wow... Tu te projettes loin...

– C'est toi qu'à raconter des conneries avec des gosses, trois chats et une villa aux Maldives dans ton message. Mais te connaissant, tu t'en souviens même pas.

– Ah euh... ouais..., fit il avec un petit rire gêné. Tu veux peut-être entrer non ? »

Il confirma dans un léger rire, et s'engouffra dans l'antre chaleureuse avec un soupir de soulagement. Il salua sa mère courtoisement, puis attrapa sa main dans la sienne – froide –, pour l'emmener à l'étage, où les attendait un Wolf très heureux pour son ami, qui n'avait pu s'empêcher de regarder discrètement la scène.

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Je le trouve moins bien que les précédents, si vous partagez ce ressenti désolée, le ship m'a peu inspirée...

Calendrier de l'Avent (2019)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant