Irréel

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Ça c'était passé il y a seulement quelques minutes et tout me semblait déjà irréel : les flocons, les rires, les souvenirs évoqués et les moments de pur bonheur où le monde disparaissait et on ne pensait plus qu'à nous. La seule chose qui me prouvait que je n'étais pas totalement dans un rêve était mes orteils, encore froids d'avoir marché dans la neige en baskets. C'est comme si ce moment ne pouvait pas appartenir au monde réel, comme s'il était trop beau et trop précieux pour avoir pu se passer dans un moment comme celui-ci où tout donne l'impression qu'il n'y a plus d'espoir. Peut-être que c'est pour ces moments-là qu'il faut continuer à vivre. Peut-être qu'ils sont la preuve qu'un jour tout va bien finir. Peut être pas. Mais est-ce que ça vaut la peine de vivre tout ce malheur pour un instant si court, qui, même s'il était parfait, a fini par être rattrapé par la vie quotidienne ? J'ai envie de croire que oui. C'est peut-être ça, le but de la vie. Un moment en plein milieu du chaos, quand tout le monde cherche la lumière, et qu'on voit qu'elle est tout autour de nous, qu'il suffit d'arrêter quelques instants la course effrénée au bonheur pour réussir à la voir. Je n'ai pas envie que ce moment s'arrête, c'est pour ça que j'en parle. Mais comme tous les autres moments, la réalité nous rattrape, demain matin il sera déjà oublié, ce ne sera plus qu'un souvenir flou où tout allait bien pour quelques instants. Où on s'est retrouvés au milieu du chaos et où on a juste envoyer se faire foutre la vie. C'est le genre de moment où on peut faire ce qu'on veut pour quelques heures, où on pourrait aller prendre un avion pour nulle part et tout ira bien tant qu'on sera ensembles. Peut être que je l'ai rêvé. Mes pieds sont déjà redevenus tièdes, le moment s'efface lentement comme une photo qu'on laisserait longtemps à la lumière.

C'est peut-être ça, la liberté.

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