Prologue

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Février 2000-La Plaine-Oyonnax

"- S'il te plaît Célia ne dit rien à papa, tu sais ce qu'il va m'arriver...

Me stoppant net, je le dévisage avec peine.Oui je savait et voyant son regard affolé remplit de larmes je ne pu que céder face à sa requête.Oui mais après que faire? je ne vais tout de même pas le laisser dans cet état.Lui intimant l'ordre de ne pas bouger , me voilà me faufilant discrètement jusqu'à la salle de bain pour trouver un anti-douleurs dans l'armoire à pharmacie.

C'est trop haut,comment vais-je faire? si je prend une chaise cela va faire trop de bruit et il ne faut surtout pas réveiller le monstre.C'est nul d'avoir 8ans,ont est pas assez grand.Le temps presse,je tourne sur moi-même pour trouver une solution,si je monte sur la baignoire es-ce que je l'atteindrait? Non, je risque surtout de glisser, de me blesser, de tâcher de rouge cette belle salle de bain blanche et la punition n'en serait que pire si l'ont m'entendait. S'il m'entendait.

Trouvé! La panière à linge! C'est parfait.Je l'approche le plus silencieusement possible du mur blanc contre lequel est posé l'armoire à pharmacie, c'est trop lourd.Décidement c'est vraiment trop bête d'etre un nain.J'y arrive enfin. Monte dessus et ouvre les deux petites portes vitrées. C'est comment le doliprane déjà? Fouillant dans cette fourmillière de cachets et de sirops en tout genre, je sentit une présence derrière moi, ça doit être Charles qui s'impatiente, si je le regarde je vais tomber de mon échelle improvisée.Croyant que c'était lui j'ouvrit la bouche pour le disputer à voix basse :

- retourne dans ta chambre, j'arri...

- Qu'est-ce que tu fabrique ici? Tu cherches quoi? T'as cru pouvoir foutre le bordel dans la baraque pour me faire chier?!

Trop tard. Le monstre est là.

Pris de folie, il me saisit par le bras et dans la violence du geste, me retrouvait au sol la tête percutant le mur de ce si joli carrelage blanc. Je restait sonnée quelques secondes avant que mon petit frère de 5ans vienne s'agenouiller à mes cotés en pleurs et s'excusant.Mais pourquoi des excuses Charles? ce n'est pas de ta faute si papa est comme ça.Le prenant dans mes bras, je fit de mon mieux pour le protégé avec mon petit corps d'enfant pendant que les coups de pieds commençaient à nous tomber dessus.

- Lâche le ou je vous crêve tous les deux!

Serrant mon petit frère plus fort, je sentit mes os craquer, mes dents se serrer coupant ma langue au passage, laissant le goût habituel cuivré du sang envahir mon palais.Empêchant mes larmes de douleur de couler j'essayait de ne pas montrer à ce petit bonhomme que je souffrait, que j'était faible.
Mon crâne s'est mit à brûler et j'ai sentit mes cheveux quitter mon cuir chevelu, déclanchant le flot de mes larmes. Mon visage percutât une nouvelle fois le mur, cette fois ci celui du couloir au papier peint jaune. Des étoiles voletant devant le regard, je ne me suis pas sentie lâcher mon petit protégé.
Un cri, s'est élevé me glaçant les os. Tournant mon visage tuméfié vers ce sons, je vit ce petit garçon traîné sur le sol carrelé blanc, tiré par le col de son pull Mickey par un homme dix fois plus grand, essayant tant bien que mal de ce raccrocher aux montants de portes. Fautes d'avoir des mains d'adultes, ses petites mains potelées ne pouvaient rien pour lui.

Je me figeait. Je ne pouvait plus rien faire. Les griffes du montres s'étaient refermées sur lui. Si j'osais ne serait-ce que bouger d'un petit doigt pour lui venir en aide, je finirait une nouvelle fois avec les pouces cassés.  Le corps recroquevillé contre le mur, palquant mes mains sur mes petites oreilles et serrant les paupières , je me berçait d'avant en arrière priant pour que cela finisse le plus vite possible chuchottant sans cesse comme une litanie :

- Pardon, pardon, pardon...

Les cris amplifièrent et je su que malgré ma prière mon frère n'avait pu échapper aux coups de ceintures prodigués par notre bourreau, ni à la douche froide qui s'en ai suivit."

Je ne pourrait jamais oublier se sentiment d'impuissance qui s'était emparé de mon coeur d'enfant pendant que mon cadet souffrait.
Connaissez-vous la douleur de l'eau glacée sur les coupures laissées par les coups de ceintures? Avez-vous déjà connu le choc d'un corps chaud, appeuré, jetté d'un coup sous cette eau gelée?
Moi, oui. Et ceci est mon histoire.

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