Non mais je rêve ? Sors d'ici !

Fenêtre n°1

Éva sursaute, stupéfaite de retrouver un garçon de sa classe dans sa propre cuisine.

 «- Qu'est ce que... Tu fiches chez moi  ?»  

Baptiste rit, sirote une gorgée de son café noir. 

  «- Tout le monde connait ton adresse.

- Pardon ? 

- Ta sœur invite chaque personne qu'elle croise. »  

Elle fulmine intérieurement, sa sœur ne s'arrête jamais. Soirées à répétitions depuis sa rentrée au lycée, copines à la maison dès que leurs mère s'absente et maintenant un garçon majeur à moitié nu lorsque la maison est vide. Elle voudrait la tuer, et lui aussi d'ailleurs. Éva pointe la fenêtre du doigt.

«- Ça n'explique rien, comment t'es entré d'ailleurs ?

- Lola m'a invité à passer l'après-midi ici. Mais tu devrai faire attention.»  

Éva lève les yeux au ciel. Ceci explique cela. Rassurée que Baptiste ne soit pas un violeur en série venu pour la séquestrer. Coureur de jupons détestable, il enchaîne les conquêtes et l'idée que sa sœur soit la prochaine ne la surprend pas.

Un claquement de talons retentis dans la maison tel des coups de tonnerres, Lola est reconnaissable à se retentissement quotidien que tout le monde connait. S'approchant de la cuisine, elle glisse une de ses mèches blondes derrière son oreille.

  «- J'ai cru que tu étais partis ! Éva, tu es rentrée plus tôt ? » Lance-elle niaisement.

Éva soupire.

«- Non. Par contre Baptiste à séché son après-midi pour toi je vois.

- Oui ! Sa bonne âme me donne des cours de mathématiques. Maman va se réjouir ! »   

Éva échange un sourire compatissant avec Baptiste, puis hoche la tête.

  «- Bien, mais pensez à vous rhabiller. Maman rentre dans une heure.»  Susurre Éva à l'oreille de sa benjamine en quittant la pièce.

Il est dix-neuf heures, Baptiste a discrètement quitté la maison, Catherine est rentrée sans prendre le temps de saluer Éva. Victoire était de permanence en caisse du shoppi de seize heures à dix-huit heures trente. Elle téléphone à Éva pour lui raconter son après-midi, qu'elle a enfin réussi à avoir un rencard avec son patron qu'elle fréquente tant. Elle l'a invité à sa soirée organisée samedi soir, propose également à Éva de venir étant sure qu'elle n'irait pas. Elle lui répond qu'elle est claquée, qu'elle s'est couchée à quatre heures du matin hier soir, oui, seule comme toujours. Qu'elle a besoin de repos ce week-end. Victoire insiste, il y aura des beaux garçons. Ça ne l'intéresse pas, elle n'ira pas pour boire de la mauvaise bière à écouter des musiques actuelles que l'on coupe en plein milieu pour mettre un son électro. On se voit demain pour en discuter, bisous, elle susurre.

Éva ferme lentement les yeux, oubliant ses guirlandes lumineuses allumées, les rédactions de langues attendront demain, et la fenêtre de sa chambre n'a  qu'à rester ouverte.