Chapitre 2:

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7h15, le sang bouillonnait dans mes veines, le vacarme incessant des bombes et des balles emplissaient mon esprit de folie. Un jeune homme me saisi violemment par le col, «Pierre !!!» cria t-il à mes oreilles. Son regard pétrifié me saisit alors à la gorge. C'était Damien, un jeune prodige du maniement de la grenade, lors d'un entraînement il en avait dégoupillé une, elle lui avait malencontreusement glissé des mains et avait provoqué une panique général. «Ils sont là Pierre il faut partir! » ses mots résonnaient dans ma tête. Un son s'échappa de ma bouche «Mais... » le son du cor allemand retentit à une centaine de mètres de notre position. « Putain faut partir maintenant !! » lança Damien. Je saisis mon arme, orientant le canon vers l'entrée de la tranchée, je couvrais nos arrières pour assurer une fuite sans mauvaises surprises. «Vermines» bafouilla Damien. Nous longions lentement les parois en bois en direction de notre fortification secondaire. Les tirs et les cris avaient maintenant cessé. Un calme plus angoissant s'était installé. Je balayais du regard chaque embouchures d'où l'ennemi pouvait surgir. Le souffle rapide, les mains cramponnées viscéralement à mon arme, je fuyais la mort qui se tenait devant moi. Ce qui me fis douter sur le moment c'était ce petit sifflement aigu, pensant qu'il s'agissait de Damien je n'y prêtai guère d'attention. Poursuivant ma fuite à reculons, j'heurtai un obstacle, perdis l'équilibre et m'étalai lamentablement dans la boue. Le regard vitreux de Damien me fis prendre conscience qu'il ne s'agissait non pas d'un sifflement mais d'un tir de sniper. L'épaule ensanglantée, Damien semblait avoir perdu connaissance. Cherchant la trajectoire du tir, je détournai le regard de mon camarade. Un homme vêtu de noir se tenait à quelques mètres de nous, son imposante stature nous dominait et il n'attendait aucune réaction de ma part, il s'élança baïonnette en avant, la rage de survivre m'anima. Je saisis mon bardas et le positionnai au dessus de mon ventre, l'allemand empala sa baïonnettes, déchirant et perçant la toile, la lame vint se figer dans ma gourde métallique. Ses yeux emplies d'une agressivité sans nom, me fixaient. Mais je ne permis pas à cette violence de m'endormir. Je décalai nerveusement mon sac, saisissant au passage mon couteau de combat empreint d'une impulsion bestiale je lui assénai un coup à la gorge. Du sang gicla, projeté sur mon visage il s'infiltra dans ma bouche. Un goût amer et métallique vint pimenter cet instinct animal. Les yeux révulsés l'allemand agonisais, je poussai le corps sur mon flanc droit. Tentant de reprendre mon souffle je m'assis lentement sur le sol rougeâtre. Une balle vint se figer à quelques centimètres de mon entrejambe, mes yeux se perdirent d'effroi, Des dizaines d'allemands me faisaient face les canons orientés dans ma direction. Mes paupières se fermèrent délicatement, mon coeur semblait prendre conscience de la situation, il battait la chamade. Une dernière bouffée d'oxygène. Des tirs retentirent, je plissai nerveusement les yeux attendant la douleur et sûrement une mort rapide.

La guerre de sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant