/ ! \ Négligence/Maltraitance médicale
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Dans une petite chambre d'un petit hôpital bordé d'arbres noirs, quelque part dans la banlieue quadrillée de nationales, où des camions se croisent dans le heurt de leurs phares, dans cette petite chambre aux fenêtres desquelles se pressent des moucherons par centaines venus mourir à la lumière trop forte d'une ampoule dénudée, dans une petite chambre qui pue le désinfectant et le mauvais traiteur, l'ombre d'un grand héros pleure sur ses malheurs. Pauvre, pauvre ombre cruelle. Le corps meurtri, mutilé, l'âme en morceaux. Des dieux sans merci l'ont renvoyée des rives de l'Achéron, pour errer sur ce bord, subir son purgatoire.
De 1 à 10, quantifiez votre souffrance, demandent les infirmières. Dix, répond le jeune homme. Dix, grogne-t-il, crie-t-il, gémit-il, alors pourquoi est-ce toujours pire ? Fou de douleur, il délire, insulte le personnel, lance le plateau repas à travers la pièce. Grelotte de fièvre, de faim. Tombe et tempête, arrache la perfusion, fout le feu aux draps à force d'explosions. Scène qui se reproduit au point qu'on laisse l'extincteur dans sa chambre... Il ruine un téléviseur - "Ground Zero aurait subi de graves blessures de la part de la Ligue ; le numéro 5 sera-t-il en état de reprendre son activité ?" est tout ce que la journaliste a le temps de prononcer avant qu'il n'envoie la télécommande briser l'écran. Il se fait haïr du personnel, rend tout le monde misérable à commencer par lui-même. On le gave de pilules qu'il recrache dans leur dos, et il se tord de douleur, car aux calmants sont mêlés les antalgiques. On se fatigue de la douceur, la gentillesse et la patience - d'autres patients souffrent, il faut les soigner ; et on l'attache à son lit, pour qu'il arrête de se blesser.
Il décide alors de harceler les infirmières en pressant le bouton d'appel à répétition, jusqu'à ce qu'on débranche la sonnerie de sa chambre pour faire cesser le vacarme. Et c'est après avoir hurlé pendant deux heures, voix brisée, menotté à son lit, qu'il ne tient plus ; c'est après avoir souillé ses draps et son corps comme un enfant de quatre ans, tremblant de honte et de répugnance, qu'il pense avoir touché le fond. Personne ne viendra avant trois heures, pour le repas du soir; il a à peine la force de se recroqueviller contre la tête du lit pour éviter la zone trempée du matelas. Repliant ses cuisses humides contre lui, il est secoué de petits sanglots secs et amers, débordant de dégoût contre la terre entière.
Il n'y a pas de limite à la douleur, qui spirale du vide qui lui déchire le corps, qui lui déchire le cœur. Il lui manque un bras. Il cauchemarde chaque fois qu'il ferme les yeux. Il voit sa main parmi la collection de Shigaraki ; il sent ses doigts froids se poser sur son corps et des morceaux disparaître ; et au travers des trous où devrait béer la chair sanglante, il n'y a qu'un vide obscur - il se réveille en sursaut, tourne les yeux vers la gauche, et sa main n'est plus là.
Il lui manque quelque chose qui était lui ; il aime presque la douleur fantôme qui lui donne l'impression que c'est encore là. Il lui manque quelque chose. Une main. Une moitié.
Il a perdu Deku. Il rit aux éclats ; tant il a souhaité son départ. Tant repoussé, haï, maltraité. Sa présence l'insupportait. Il le détestait tant, son regard qui le fixait toujours, sa présence, toujours dans son dos, toujours derrière lui. Alors pourquoi ce vide ? Pourquoi ce regret ? Il a perdu son bras, Deku, son ombre. Bonjour, ténèbres. Plus personne pour le protéger de ses peurs ; plus de reflet à haïr ; plus que lui.
L'infirmière rentre et il lui crie dessus. "Espèce de connasse, j'ai appelé et appelé et personne n'est venu ! Vous pouvez pas me traiter comme ça, je vais vous mettre un procès dès que je sors d'ici, je vais vous faire virer, bande d'incapables, sale..." Il est pris d'un vertige et chancelle, se rattrape maladroitement au bord du lit. La femme d'une quarantaine d'années le fixe en silence, évaluant l'étendue des dégâts et il baisse furieusement les yeux sous son examen, tremblant de colère et de gêne. Il a lu, par-delà l'exaspération, de la pitié dans ses yeux. Il sait que désormais, cette expression, cet éclat honni sera dans tous leurs yeux. On ne verra plus le héros. On ne verra plus sa force. On verra la mutilation, l'infirmité. Ce vide en forme de bras qui le marque comme si désormais, il n'y avait plus que ça à inspirer.
Elle sort, bientôt remplacée par un homme qui arrache ses draps, revient avec une éponge, une bassine d'eau. Katsuki s'étrangle. "Détachez-moi, je vais le faire moi-même..." Depuis qu'il a sept ans, il a toujours détesté être malade, impotent, devoir dépendre des soins de quelqu'un. Aussi quand l'autre pose la main sur sa cheville, il rue et donne des coups de pieds en dépit de la douleur, jusqu'à ce que l'infirmier le menace d'une piqûre de calmant. "Touchez-moi et je vous explose", glapit le jeune homme blond. Il a levé la main. Il peut encore utiliser son alter. Il n'est pas impuissant ; il n'est pas un simple malade qu'on malmène comme on le souhaite. L'infirmier le toise, avec ses étincelles menaçantes, soupire, puis quitte les lieux. Katsuki se retrouve seul, le bas du corps collant de pisse, à fixer la porte, muet de rage et de dépit, puis gueule toujours en vain : "Je vais vous buter !! Je jure, je vais tous vous buter !"
Le lendemain, il ne proteste pas. L'éponge est froide, l'eau qui dégouline mouille les draps. Tête détournée, des larmes d'humiliation roulent sur ses joues. On lui fait relever les bras pour retirer sa tunique, on lui rince le dos, les aisselles, puis on le frotte d'une serviette épaisse. Lorsque l'homme dénoue et refait le bandage, sa mine s'assombrit.
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Laissez moi un ptit mot ! D': Et écoutez les musiques d'ending, je les choisi avec soin :3
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Ce que l'on sème
FanfictionÇa fait mal, de mourir. Mais moins que de survivre. | Deku est parti, et il reste seul avec sa rage, seul avec sa haine, mutilé, est-ce le prix à payer ? Mais quel prix pourrait racheter ce qu'il a fait ? Au nom de quoi continuer à vivre ? Déchéanc...