The Perfect Girl

Prologue

Une bourrasque s'engouffra soudainement sous ma capuche et mes cheveux blonds s'élevèrent dans les airs formant une couronne doré autour de mon visage. Au loin, des hululements se firent entendre tranchant le silence pesant de la nuit. J'avançai d'un pas tremblant, puis sentant des vertiges s'emparer de moi, je me stoppai net. 

Il fallait que je détourne le regard.

Je savais qu'il fallait que je détourne le regard. 

Mais la scène irréelle qui se déroulait devant mes yeux captivait de façon malsaine toute mon attention. J'inspirai un coup puis expirai lentement. Inspirai. Expirai. Naïvement, j'espérai avec ardeur que de cette manière, les choses se remettrai en place. Que le sang qui s'écoulait progressivement sur le bitume disparaitrai. Que la silhouette sur le sol se lèverai. 

Mais j'avais beau fixer le jeune homme à terre jusqu'à en pleurer, rien n'y changeait. Il n'esquissait pas un mouvement. 

Alors, sans prévenir, le sol se déroba sous mes pieds. Une voix assourdie retenti au loin mais je ne comprenais pas ce qu'elle disait. Je ne voyais que le rouge qui coulait, coulait, coulait, qui me touchait, qui me noyait. A l'aide ! Sauvez-moi ! 

- Rose ! Lève-toi, putain, lève-toi !

Des mains fermes s'emparèrent de mes épaules et les secouèrent avec force. 

- Regarde-moi dans les yeux, Rose. 

Les larmes dégoulinaient sur mes joues et sans prêter attention à celui qui me faisait face je ne quittai pas des yeux les longs doigts pales et inertes qui s'échappaient d'une veste en cuir tachée de sang.  

- Regarde-moi !

Une main prit mon menton et le releva de sorte que ne reste dans mon champs de vision que deux pupilles noires cerclées d'iris d'un bleu perçant.

- Nous ne pouvons pas rester comme ça éternellement. Je t'en pris Rose ressaisis-toi, ne réfléchis pas, ne penses pas. Tu dois être forte. Tu dois penser à nous, à nos familles. 

Je baissai le regard, sentant ma lèvre inférieure trembler de façon incontrôlable marque flagrante de ma peur, de l'horreur qui m'habitait.

- Rose, je suis avec toi. Ce qui est fait est fait. 

Étrangement cette phrase me fit un électrochoc. C'était vrai. Nous ne pouvions pas retourner en arrière. Nous ne pouvions pas. Il fallait que je reprennes mes esprits tout de suite. Maintenant ! C'était maintenant qu'il fallait agir. Vidant mon coeur de toute émotion comme l'on jette une poubelle nauséabonde dans un coin sombre, je hochai la tête et me relevai.

Sois forte, ce n'est qu'un mauvais moment à passer.

Sois forte.

Sois forte.

D'un pas chancelant je m'avançai vers le corps encore chaud étendu devant le pare-chocs brillant de la voiture rouge qui m'avait été offerte à Noël. Ce jour-là, la dinde était particulièrement bonne. 

Pense à autre chose, ce n'est qu'un mauvais moment à passer.

Pense à autre chose. 

Je m'accroupi sur la terre fraiche et humide de la forêt qui bordait la route et commençai à creuser. Creuser, creuser. 

Et fit une chose qui me hanta toute ma vie.