Partie 1 - La rencontre.

494 29 10
                                    

Guillaume marchait derrière l'homme qui lui faisait une visite du centre. Il ne savait même pas comment il s'était retrouvé là, dans ce centre psychiatrique. Enfin, si. Théoriquement, il le savait. Il avait pété un câble, s'était battu avec un collègue, avait été viré de son boulot par conséquent, s'était mis à boire, avait été viré de son appartement pour cause de loyers impayés, avait fini à la rue, avait continué à boire, s'était battu à nouveau, s'était retrouvé agonisant dans la rue, avait été repêché par des gens qui passaient par là et qui l'avaient emmené à l'hôpital le plus proche, lequel l'avait renvoyé dans cet endroit dès qu'il avait été en état de sortir. Putain de cercle vicieux. Il fallait toujours qu'il gâche tout. Le peu de stabilité que la vie lui offrait. D'ailleurs, c'est le mot que les médecins avaient choisit pour lui : instable. Il avait toujours eu cette violence et cette rage profonde en lui qui le rattrapaient inévitablement dès qu'il réussissait à se caser quelque part. Cette violence qui lui faisait péter les plombs en une seconde. Mais dans la pratique... il ne comprenait pas pourquoi on voulait l'interner ici. Chez les fous. Il n'était pas fou. Seulement violent. Dangereux, un peu. Mais plus pour lui que pour les autres. Il soupira en regardant autour de lui ce que l'homme lui expliquait à propos des pièces qu'ils traversaient.

***

Ils passèrent à côté de la bibliothèque et Guillaume ralentit l'allure en remarquant un jeune garçon de son âge, les jambes repliées sous ses fesses, assis dans un canapé et en train de lire un livre. Il ne pourrait pas expliquer pourquoi mais son regard resta fixé sur le jeune homme concentré dans sa lecture et s'en trouva comme fasciné. Il s'arrêta de l'autre côté de la vitre pour le dévisager. Il avait des traits fins, la peau très pâle, des cheveux mi-longs et noirs et une aura presque angélique l'entourait. Il remarqua deux bandages autour de ses poignets et fronça les sourcils, se demandant ce que ceux-ci pouvaient bien recouvrir.

Tout à coup, le jeune garçon releva le visage et se tourna vers lui, de l'autre côté de la vitre. Il vit son regard surpris en voyant qu'il le regardait et Guillaume esquissa un sourire maladroit en lui faisant un petit signe de main. Ridicule. Il n'eut pas le temps de se lapider mentalement que le jeune homme lui offrit un petit sourire à son tour et il en resta bouche-bée. Il plongea ses yeux dans les siens, si sombres, et il fut soudainement sortit de ses pensées par l'infirmier qui posa sa main sur son épaule.

« Monsieur Tranchant, vous m'écoutez ? »

Il cligna des yeux plusieurs fois avant de se tourner vers l'infirmier. Il jeta un œil au garçon et vit qu'il était retourné à sa lecture.

« Ah euh... Oui, désolé. J'ai décroché.

— Qu'est-ce que vous regardiez comme ça ? demanda l'infirmier, curieux. Ah, je vois...

— Quoi ? dit Guillaume en fronçant les sourcils en voyant le sourire idiot qui s'afficha sur le visage de l'autre homme.

— Aurélien. C'est Orel qui vous a perturbé dans notre visite ?

— O-Orel ? répéta Guillaume, se sentant rougir. C'est son prénom ?

— Ouais. Il est mignon, hein ?

— Mi-Mignon ? balbutia Guillaume, gêné.

— Oh ça va, rit l'infirmier. C'est pas la première fois qu'on me la fait hein. »

Celui-ci lui fit un signe de la main, lui signifiant de le suivre pour continuer la visite, et Guillaume le suivit, rouge d'embarras.

***

Lorsqu'il eut rejoint à la fin de la visite la chambre qu'on lui avait attribuée pour son séjour, lequel il espérait serait le plus court possible, il se tourna vers l'infirmier :

« Qu'est-ce qu'il a ?

— Qui ça ? demanda l'infirmier, faisant semblant de ne pas comprendre.

— Ben le garçon, là... bafouilla Guillaume d'un air embarrassé. Aurélien... Orel. Il est là pour quoi ?

— Vous aurez qu'à lui demander, dit l'infirmier en riant. En plus, vous avez de la chance... C'est votre partenaire de chambre. »

L'infirmier lui fit un petit clin d'œil et Guillaume ne sut pas quoi répondre à cela. L'infirmier lui demanda s'il avait d'autres questions et quand il secoua la tête, ce dernier le laissa seul pour aménager son espace.

***

Il balaya la chambre du regard et s'approcha du coin d'Aurélien pour inspecter ses affaires. Il y avait presque rien. Rien de personnel à part deux petites photos : une sur laquelle il avait l'air d'avoir cinq ans entouré de ses parents et une sur laquelle il semblait un peu plus grand et se trouvait avec une personne âgée qui devait sûrement être sa grand-mère. Il se fit la réflexion qu'il n'avait pas l'air d'avoir beaucoup changé en grandissant même s'il ne l'avait rencontré qu'une seule fois, et de derrière une vitre. Il s'éloigna ensuite des photos pour ranger ses affaires dans l'armoire prévue à cet effet et finit par s'allonger sur son lit pour faire une petite sieste. Il n'aimait pas cet endroit, il voulait en partir. Et il se dit qu'avec un peu de chance, il en sortirait avant la fin de la semaine.

Mini Fiction OrelxGringe - C'est une jolie histoire.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant