Partie 4 - Les bandages.

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« Bonne nuit les garçons. »

Guillaume haussa les sourcils en voyant une infirmière leur souhaiter une bonne nuit quand ils furent dans leurs lits le soir. Il entendit Aurélien lui répondre bonne nuit d'une voix enthousiaste et il se tourna vers lui d'un air confus. C'était vraiment un gamin.

« Désolé, j'suis trop habitué... rit Aurélien et il lui sourit d'un air troublé. Si tu veux, je peux leur demander d'arrêter de venir me souhaiter une bonne nuit...

— Non c'est bon, t'inquiète.

— D'accord... Bonne nuit, Gringe, lui sourit Aurélien et il se mordit la lèvre en voyant son petit sourire ensommeillé.

— Bonne nuit, Orel. »

Il vit ce dernier fermer les yeux et il resta quelques minutes à le contempler. Il ressemblait à un enfant épuisé qui regagnait le pays des rêves et il ressentit une douce chaleur dans son cœur à cette vision.

***

Il se réveilla au beau milieu de la nuit à cause d'une forte lumière et fronça les sourcils avant de se passer une main devant les yeux, essayant de se protéger la rétine. Il entendit alors des sanglots et se redressa sur son lit, surpris par les bruits de voix qui venaient de l'autre côté de la pièce. Il vit plusieurs infirmiers penchés sur le lit d'Aurélien et il se leva précipitamment, se dirigeant vers celui-ci.

« Tout va bien Orel, t'es en sécurité. » dit une voix.

Il s'approcha et son cœur se serra en voyant le plus jeune recroquevillé contre le mur, pleurant à chaudes larmes.

« Qu'est-ce qu'il a ? osa-t-il demander, la gorge nouée.

— Oh Guillaume, désolé de t'avoir réveillé. Ça lui arrive plusieurs fois par mois ces crises de panique nocturnes, lui expliqua un infirmier. On va s'occuper de lui, ne t'inquiète pas. Tu peux aller te recoucher. »

Il jeta un regard inquiet à Aurélien et le suivit des yeux lorsque deux infirmiers l'aidèrent à se lever afin de l'entraîner hors de la chambre. Une bande tomba au sol et avant qu'un infirmier ne la ramasse il aperçut du sang par-dessus celle-ci. L'infirmier lui jeta un petit regard désolé avant de ramasser cette dernière puis sortit de la chambre à son tour, suivant le reste du groupe et le laissant seul. Il se rassit sur son lit, le cœur battant à mille à l'heure, et jeta un œil en direction du lit que venait de quitter Aurélien. Il aperçut une tâche de sang sur le drap et se mit à paniquer en voyant cette dernière. Mais avant qu'il ne puisse se demander quoi faire, une infirmière entra et changea les draps comme si tout ça était parfaitement normal. Elle lui sourit avant de quitter la chambre et il la suivit des yeux, tremblant légèrement. 

***

Quand Aurélien revint dans la chambre près d'une demie-heure plus tard, celui-ci n'osa même pas croiser son regard. Guillaume resta silencieux, attendant qu'il lui parle, et il le vit toucher délicatement le drap changé de son lit.

« Je suis désolé... s'excusa le plus jeune dans un murmure, dos à lui, et il fronça les sourcils.

— Pardon ? dit-il, confus.

— Je suis pas la meilleure personne sur qui tu aurais pu tomber pour partager une chambre, soupira Aurélien en venant s'asseoir sur son lit et Guillaume remarqua qu'il ne touchait même pas le sol avec ses pieds comme cela. J'aurais dû refuser quand on m'a proposé...

— De quoi tu parles...?

— Vu que... je me réveille souvent dans cet état... le directeur du centre a toujours décrété que c'était mieux si je restais seul. Mais récemment mon état s'est amélioré et il m'a proposé de partager ma chambre avec le prochain patient, expliqua-t-il d'un air penaud. Et j'ai accepté parce que je me suis dit que ce serait cool. De ne plus être tout seul.

— Pourquoi tu t'excuses alors ? demanda Guillaume en fronçant les sourcils. C'est compréhensible.

— Ça va être infernal si je continue de me réveiller comme ça pour toi, dit Aurélien en relevant la tête pour lui lancer un regard inquiet. C'est pas avec moi que tu vas trouver le repos que t'es venu chercher ici.

— Allez, c'est pas si grave que ça, hein ? le rassura Guillaume en se levant et il se dirigea vers lui. Le plus important c'est que tu ailles mieux. Ça va mieux ? »

Aurélien lui lança un regard timide et hocha doucement la tête. Il jeta alors un œil vers ses bandages et Aurélien parut en avoir honte quand il se rendit compte qu'il regardait ces derniers, essayant aussitôt de les cacher sous les manches de son pyjama.

« L'infirmière t'a refait tes bandages ? »

Aurélien détourna le regard, un air gêné sur le visage, et Guillaume fronça les sourcils.

« Ça s'est rouvert, c'est ça ? »

Aurélien hocha la tête, baissant les yeux au sol, et il s'appuya contre son lit pour le regarder.

« Ça fait mal ? »

Aurélien hésita avant de hocher la tête et il retint un soupire.

« C'est toi qui t'aies fait ça ?

— Ça te dégoûte ? demanda Aurélien d'une petite voix sans oser le regarder.

— Non, pas du tout. Mais je me demande comment quelqu'un comme toi peut en venir à ça.

— À ça ? murmura le plus jeune en baissant la tête.

— J'suis pas bête, Orel. Je sais bien ce que ces bandes recouvrent. »

Aurélien resta silencieux un moment avant de relever la tête pour lui offrir un petit sourire.

« Effectivement... Comment quelqu'un comme moi peut en arriver à ça ? »

Guillaume fronça les sourcils et le dévisagea, cherchant à comprendre ce qu'il essayait de lui dire ainsi.

« J'suis fatigué... Bonne nuit, Gringe. »

Aurélien lui sourit à nouveau et se glissa sous ses draps, se tournant vers le mur opposé à lui. Guillaume se dirigea donc vers son lit pour se recoucher et resta à le regarder en silence.

« Ça ne me dérange pas de partager cette chambre avec toi, tu sais.

— Merci.

— Bonne nuit, Orel. »

Il écouta la respiration du plus jeune se faire de plus en plus régulière et bientôt il se rendormit, encore plus perdu qu'auparavant à cause de la discussion qu'ils venaient d'avoir.

Mini Fiction OrelxGringe - C'est une jolie histoire.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant