Chapitre 2

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¤ELLIPSE DE 3 MOIS¤

J'étais assise au bar avec Katty, l'une de mes meilleures amies. J'en étais à ma 4e bière, mais de toute façon, je ne conduis pas, alors quelle importance que je ne tienne pas très bien l'alcool .. ?

Qu'est ce qui a changé en 3 mois ? Eh bien.... A la réflexion, pas grand-chose. Le mec à côté duquel j'étais en cours s'était fait une couleur bleue, si ça vous intéresse. On avait un peu progressé  ensemble : on ne s'aimait pas, mais on arrivait désormais à se supporter. Voire à discuter, si le cours était chiant. Enfin; vraiment chiant. J'attends tout de même des applaudissements.

En fait, je ne savais même pas pourquoi je ne l'aimais pas. La seule piste que j'avais trouvée ne me plaisais pas : je n'aurais rien trouvé à lui reprocher.

Je disais ça honnêtement, hein. On aimait plein de choses en commun pourtant: la musique - il chantait et jouait de la guitare dans un groupe alors que je faisais de la batterie-, le sport - nous faisions tous les deux de la muscu-, certains aspects de notre caractère... Et en plus, il était plutôt sexy, sans les yeux rouges et l'air prêt à décéder, avec ses yeux clairs et son sourire charmeur.

Mais je l'aimais pas quand même et je savais que c'était réciproque.

Là, on était à une soirée étudiante. J'avais dansé avec quelques potes mais je ne me sentais actuellement  plus capable d'aligner 2 pas.

Je venais juste de me rendre compte que Katty dormait à côté de moi en ronflant bruyamment. Euh attends, c'était combien de degrés, ma bière...?

Un groupe de mecs est passé derrière nous en riant à la vue de mon amie, et je me suis mise à pouffer également.

- Un verre d'eau, s'il vous plaît.

Je me suis retournée , c'est "cheveux bleus " qui venait de parler juste à côté de moi - ah oui, j'avais oublié de préciser qu'il s'appelle Michael-. Je ne pensais pas qu'il se soit rendu compte de ma présence, car même si on ne se détestais plus, il ne serait pas allé jusqu'à se l'imposer consciemment.

Il avait l'air crevé. Il a bu la moitié de son verre, puis s'est jeté le reste à la gueule.

Je me suis rendue compte que je le regardais  au moment où j'ai croisé  son regard. J'ai détourné  les yeux, soulagée que l'ambiance disco camoufle mes joues empourprées.

A ma surprise totale, il a décalé son tabouret vers nous.

- Sexy, Kat, a-t-il sur un ton légèrement moqueur.

Je lui ai lancé un regard amusé en haussant les épaules.

- Putain, je suis crevé. Je crois que je vais me barer.

Je n'avais aucune idée de s'il parlait à moi, aussi ai-je fais remarqué, dans le doute :

- T'as l'air épuisé.

Il a hoché la tête, les yeux fixés sur son verre, et répliqué:

- Et toi, t'as l'air de te faire chier.

- Pas faux.

- Je me casse. Je te ramène, si tu veux.

Il a lui-même eu l'air surpris par ce qu'il venait de dire. Et je ne sais toujours pas si c'est l'alcool ou le destin qui m'as fait accepter.

Cinq minutes plus tard, j'étais dans sa voiture, une petite Clio grise.

- Euh, t'habites où, en fait ? a-t-il demandé au premier rond point.

- A côté du cinéma.

- Lequel ?

- Celui vers la gendarmerie.

Le trajet jusqu'à chez moi durait environ 25 minutes.

- Je peux te poser une question ?

- Quoi ? Ah, euh, oui, ai-je bafouillé.

- Pourquoi tu ne m'aimes pas.

J'ai de nouveau rougi comme une tomate.

- J'en sais rien.

S'en est suivi un blanc de 8 minutes, jusqu'à ce que je ne reprenne, mal à l'aise:

- Franchement, je sais pas. Mais maintenant, on va pas jusqu'à dire que je t'apprécie, mais bon, c'est quand même mieux qu'avant... Et toi ?

- Quoi, et moi ?

- Et bein, pourquoi tu m'aimes pas ?

Il a tourné la tête d'un coup, me dévisageant, l'air choqué.

- J'ai rien contre toi, moi !

Bien joué, il était en colère maintenant. Autre silence déplaisant, avant qu'il ne continue, gêné à son tour - je voyais du rouge s'épanouir sur ses joues pâles- :

-Excuse-moi. Je suis fatigué. Pour répondre à ta question... bah... je ne sais pas non plus.

-Okok.

On a discuté quelques minutes de tout et de rien - oui on venait de s'avouer qu'on ne s'aimait pas, mais l'ambiance s'était allégée, normal-.

Il a dit une connerie - l'alcool et la fatigue m'ont fait oublier quoi exactement, mais une vanne sur les blondes ( ce que je suis)-, et j'ai tourné la tête vers lui pour lui servir mon sourire contrit.

J'ai vu une immense masse grise nous foncer dessus, de son côté, derrière sa tête.

Je n'ai même pas eu la temps d'hurler.

¤PdV DE MICHAEL¤

J'en revenais pas. Je venais d'inviter cette meuf, que j'ai du mal à blairer, dans ma voiture.

Et elle avait accepté.

Bon, on se calme. Même si elle était particulièrement sexy avec les cheveux ébourrifés, son débardeur moulant et son short, fallait que je me calme.

Franchement, je sais pas. Mais maintenant, on va pas jusqu'à dire que je t'apprécie, mais bon, c'est quand même mieux qu'avant... Et toi ?

La meuf de base qui t'aime pas sans même savoir pourquoi.

- Quoi, et moi ?

- Et bein, pourquoi tu m'aimes pas ?

J'ai sursauté et je me suis tourné pour la regarder.

- J'ai rien contre toi, moi !

C'était vrai. Physiquement, elle était quasi parfaite. Mentalement, elle était drôle, intelligente, intéressnte... Quand elle s'en donnait la peine.

Le truc avec elle, c'est que j'avais pas l'impression qu'on boxait dans la même catégorie - pour être franc, c'était elle qui était au dessus -. Et j'allais sûrement pas lui dire.

Je déteste qu'on perce mes émotions à jour. J'ai fait un effort pour m'excuser.

Bizarrement, l'ambiance s'est allégée. On discutait comme des gens normaux. Je l'ai même fait rire quelques fois. Puis j'ai tourné la tête pour voir sa réaction à une blague.

J'oublierais jamais son expression. Elle me hantera jusqu'à la fin de mes jours.

Elle avait d'abord son visage habituel, le sourire aux lèvres. Et en l'espace d'une demi-seconde, ses yeux se sont écarquillés, sa bouche a formé un O.

Puis une violente douleur de partout, et le noir.

Je ne sais pas pourquoi je ne t'aime pas, ni pourquoi je t'aime/Michael CliffordOù les histoires vivent. Découvrez maintenant