Laisse moi parler.

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Je suis un homme déchiré et effrayé. Je suis amoureux mais peureux. 
Je suis divisé entre deux femmes qui m'aiment. Je les aimes toutes deux. 
Vous connaissez déjà mon point de vu. 

D'un côté, celle qui fait battre mon cœur, celle que je désire, celle que je regarde, celle que j'aime.

De l'autre, celle avec qui je partage ma vie, celle que j'aime également, mais de façon beaucoup plus calme. Celle à qui j'ai promis ma vie. Celle à qui j'ai juré ma mort. 

Avant, je faisais l'amour à Lisa.
Aujourd'hui, j'en suis incapable.  

Avant, j'embrassais Lisa. 
Dimanche matin, j'ai embrassé Audrey.

Hier, j'étais marié. 
Aujourd'hui, je suis marié.
Demain, je le serai encore. 

Je n'abandonnerai jamais Lisa. 
Je prie pour elle. 
Je prie pour nous. 
Je ne suis plus amoureux d'elle. J'en aime une autre.
Mais ce n'est pas grave. 
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-Navré de vous avoir inquiété. Mon réveil n'a pas sonné. C'est ma femme qui m'a réveillé.

Oups, est-ce déplacé de parler de Lisa devant elle?
Étrangement, elle sourit.

-Elle est gentille...

-Oui, elle est gentille. Mais elle ne va pas bien.

J'ai parlé trop vite. Je ne me suis pas rendu compte de la force de mes paroles. Je ne lui ai jamais parlé de la santé mentale de Lisa. Je suppose qu'elle imagine la femme parfaite.
Elle l'est d'ailleurs. Elle doit simplement travailleur sur elle-même. 

-Elle est malade?

Je baisse le regard. Je ne veux pas l'a regarder dans les yeux.

-Elle souffre d'une dépression majeure.

-Comment ça? 

-Je ne sais pas...Elle n'a jamais voulu m'en parler. Je soupçonne beaucoup de choses mais je ne veux pas étaler ces suppositions. 


Elle préfère ne rien rajouter à ce sujet. Je comprends. Par contre, elle en commence un autre. Un sujet bien important. 

-Monsieur...Je crois qu'on doit se parler.

-Vous avez raison.

Elle balaye l'endroit des yeux pour s'assurer que personnes ne nous entends. Elle chuchote.

-Je ne crois pas que discuter dans un lieu public soit une bonne idée...encore moi ici à la fac. Donc...Je propose d'aller discuter chez moi.

Elle prononce ces dernières paroles en étant très visiblement mal à l'aise. Je l'a comprends mais d'un côté, on ne peut pas simplement ignorer ce qui s'est passé ce week-end. Je réfléchis un instant avant d'accepter. Nous nous dirigeons alors le plus rapidement possible vers ma voiture en s'assurant de ne pas être remarqué. Sur le chemin, j'avais mit de la musique pour combler le silence. Après quelques minutes de chemin, nous arrivons chez elle. 
 Une fois rentrés, nous nous installons à la table. Audrey me sert un verre de jus.

-Écoute Audrey, je...

-Non, laisse moi parler.

-D'accord. Je t'écoute...

-Je suis...Désolée. J'avais bu. Ce n'est pas une raison mais j'avais comme ''oublié'' toutes les interdictions. La vérité c'est que tu me fais perdre la tête. Je n'ai jamais ressenti ça. En fait, je ne crois pas avoir ressenti ça. Je sais que je n'ai pas le droit. Je sais que tu es marié. Je suis au courant de tout ça. De tous ces...ces obstacles. Je m'en veux. J'ai honte. Tu es une personne formidable et oui je suis tombée amoureuse de toi. Je crois que tu l'as déjà remarqué. Mais je ne veux pas détruire ton couple et je ne veux surtout pas te mettre dans l'embarras. Enfin bref, c'est ce que je voulais que tu saches. Je suis navrée. 

Son regard n'a pas quitté le sol une fois. Son monologue n'était pas si long mais pour moi c'était comme si elle avait parlé des heures et des heures. Je suis d'accord avec ses propos. Parfaitement d'accord même. Malgré le fait que c'est injuste...

-Je n'ai rien à dire de plus...

Elle relève le regard vers moi. Je plonge ma couleur de yeux dans la sienne. Un instant de triste silence s'installe. On sait tous les deux que cette situation est horrible psychologiquement. On sait tous les deux que nos âmes sont amoureux. On sait tous les deux que nos corps s'entendraient bien...

-Puisque nous avons tout mit au clair, je vais rentrer chez moi.

Je me dirige vers la sortie, le pas lourd. Je n'ai qu'une seule envie: me retourner et l'embrasser. Lui dire qu'on se fou du reste mais je n'ai pas le droit de faire ça. J'ouvre la porte, lui lançant un dernier sourire rapide.

-Rayan...Il n'y a pas de malaise entre nous hein?

-...Non ne t'en fait pas. 

Je lui souri de façon rassurante avant de passer la porte et de me diriger vers ma voiture. Une fois installer à l'intérieur, je ressens un énorme vide. Un énorme sentiment d'insécurité et de faiblesse. Je commence à pleurer. Une pulsion de colère me force malgré moi à frapper mon volant. Je suis forcé de me calmer lorsque la sonnerie de mon téléphone se fait entendre. Je réponds sans regarder l'afficheur. 

-Oui?

-Rayan! Comment expliquez-vous votre absence? C'est inacceptable vous auriez dû au moins nous prévenir.

-Monsieur le directeur...je suis désolé. Mon cadran n'a pas sonné et...

-Et nous prévenir était trop demandé?

-Non, je...j'ai couru directement dès que je me suis levé...

-Peu importe. Ceci est un avertissement. Bonne journée, Rayan. 

Il me raccroche au nez et je laisse sortir un énorme soupire. Cette journée est vraiment horrible.

-Bon, allons rejoindre ma femme...

Je démarre ma voiture et prends la route pour finalement arriver à ma destination. À ma grande surprise, Lisa est assise dans les escaliers de l'entrée avec ses écouteurs. Elle avait changé son pyjama gris pour un rose. Je débarque et m'avance vers elle sur mes gardes. 

-Ma chérie? Tu vas bien?

Elle lève la tête et enlève ses écouteurs. Elle me sourit. 

-Oui, je voulais prendre l'air un peu. Tu veux m'accompagner?

Ce moment me rend nostalgique. Avant, quand je rentrais du boulot ou de l'université, elle m'attendait devant notre maison comme ça. Ses cheveux blonds dans le vent. Je me passe un main dans les cheveux et je souris avant de m'asseoir à ses côtés.

-Alors? Comment ça s'est passé?

-Oh tu sais...Je suis arrivé il n'y avait plus personne.

-Tu es resté bien longtemps là-bas dis donc.

-Oui le directeur m'a un peu engueulé. 

Lisa soupire elle aussi et dépose sa tête sur mon épaule. Surpris, je passe ma main autour d'elle.

-Cet homme ne se rend pas compte de la merveille de professeur qu'il possède dans son université. 

Ses paroles me réchauffent le cœur et je dépose un baiser sur ses lèvres. Pour la première fois depuis des années, notre baiser était beau. 

Tout reviendra dans l'ordre...j'en suis certain...


Ou peut-être pas.

Vous verrez.


Aimer sans croire.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant