Permis d'aimer

Chapitre 26

Le jeudi 24 février 2023,

Point de vue Milia

Sentant James particulièrement distant avec moi depuis quelques jours, je décide de l'appeler afin d'avoir une petite explication sur le pourquoi du comment. En vérité, j'ai peur que cela soit dû au fait qu'il soit obnubilé par Eva. Je ne comprends pas ma jalousie, elle a un côté malsain. Évidement comme cela est le cas depuis quelques temps, il ignore mes appels. Je ne sais pas ce qu'il se passe mais il commence réellement à m'inquiéter, déjà qu'il était bizarre y a de cela dix jours.

Je m'habille rapidement, enfilant ce que je trouvais. Puis je me chausse et mets un manteau avant d'affronter le froid hivernal. J'enfouis mon visage dans mon écharpe, prend le métro et sors à la station qui est à quelques mètres de chez lui. Avant de toquer, je respire un bon coup. Je ne sais pas comment je vais être reçu, peut-être que je ferais mieux de rebrousser chemin. Finalement après quelques secondes, James vient m'ouvrir la porte. Il semble ravagé par l'appréhension, l'inquiétude et le doute. Son visage est pâle et des poches se sont formées sous ses yeux, certainement par manque de sommeil.

« Hey James, qu'est-ce qui se passe ?! », paniquai-je en mettant une main sur sa joue.

A ce geste, il recule légèrement de moi. Je le regarde un peu surprise par cette réaction.

« Qu'est-ce que tu veux ?, me dit-il sèchement.

- Prendre de tes nouvelles, répondis-je maladroitement.

- Je vais très bien. En ce moment, j'ai juste besoin d'être seul. »

Il me fusille du regard alors que je ne me sens plus la bienvenue ici. Je ne comprends pas ce qu'il a avec moi, je ne lui ai pourtant rien fait. Je pousse un long soupir avant de rebrousser chemin. Lui, claquant la porte derrière moi. Au coin de la rue, une main me fait faire un volteface.

« Je suis sincèrement désolé pour tout Milia. Vraiment crois-moi... »

A ces mots, il me serre étrangement fort contre lui. Comme si sa vie entière dépendait de cet instant. Je ne comprends pas le sens de ses excuses. Il a tout à fait le droit de ne pas se sentir bien et de vouloir être seul.

« Tu n'as pas à t'excuser... »

Je réponds à son étreinte tandis que nous restons comme cela quelques instants. Cela me rassure de savoir qu'il ne me fait pas la tête ou qu'il n'est pas en colère contre moi.

« Si tu savais à quel point je suis désolé, Milia. »

Je prends ses deux joues dans mes mains et plonge mon regard dans le sien à l'affût du moindre indice. Il semble avoir tous les maux de la terre sur ses épaules. Il culpabilise et se rend responsable de quelque chose.

« James, tu ne veux pas que l'on rentre chez toi ? Comme ça tu m'expliqueras parce que là je dois t'avouer que je ne comprends rien. »

Il pousse un long soupir avant de me reprendre dans ses bras. Je ne comprends rien à ses élans d'affections soudaine. J'espère simplement qu'Eva ne lui a pas fait du mal sinon elle va entendre parler du pays. Arrivé chez lui, nous nous déchaussons et nous nous asseyons sur le canapé. Un silence de mort se fait entre nous alors qu'il me fixe longuement.

« Je sais qu'il faut que je te le dise... Mais je n'y arrive pas... Je ne veux pas te causer de peine. »

Je fronce des sourcils tandis que la panique s'installe en lui. Je prends sa main dans la mienne comme pour le rassurer et pour lui signifier que je peux tout entendre.

« Qu'est-ce qui se passe, James ? Tu sais que tu peux absolument tout me dire.

- Non je ne peux pas tout te dire...

- James...

- Non tu ne comprends pas... Si je te le dis, je vais être responsable de tout et tu vas m'en vouloir et me détester. Tu ne voudras plus me parler et... »

Je pose un doigt sur sa bouche pour le faire taire. Je ne veux pas qu'il en dise davantage.

« James peu importe ce que tu t'apprêtes a me dire, si dans l'histoire tu n'y es pour rien je ne vois pas pourquoi je t'en voudrais. »

Il pousse un long soupir. Toujours ma main dans la sienne, mon emprise se fait plus lourde.

« Andrew...

- Quoi ? Andrew ?, paniquai-je.

- Je suis désolé vraiment désolé mais...

- Non tais-toi je ne veux pas savoir ! »

Je lui lache la main et pose mes mains sur mes oreilles tandis que des larmes perlent sur mon visage. Je sais au fond de moi, je sais au fond de moi que ses absences le week-end ne sont pas forcément dû au travail, que les messages qu'il reçoit ne sont pas forcément sans importance. James retire les mains de mes oreilles et essuie les quelques larmes sur mon visage à l'aide d'une de ses mains.

« Il faut pourtant que je te le dise... Moi ça me fait mal de le savoir et qu'à côté, il soit si mielleux et doux avec toi...

- Je t'en prie. Ne fais pas ça.

- Il te trompe depuis plusieurs semaines... »

Cette phrase finit de m'anéantir. Je pleure toutes les larmes de mon corps alors qu'il me serre fort contre lui. Je lui en veux de me dire la vérité aussi brutalement, mais y a-t-il une manière douce ? J'enfouis mon visage dans son cou.

« Je suis tellement désolé de te faire souffrir Milia. Je ne pouvais plus te le cacher parce que ça me ronge de l'intérieur. »

Je n'arrive même pas à être en colère contre Andrew. En vérité, je n'assimile pas la situation. J'ai juste l'impression d'être dans un mauvais rêve, que je vais bientôt me réveiller.

« Pourquoi ? Pourquoi ? Qu'est-ce que j'ai mal fait ? »

Il me prend le visage entre ses mains avant d'embrasser mon front dans un geste de protection.

« Milia tu es géniale, c'est juste lui qui est super con...

- Je comprends mieux pourquoi il ne comptait pas rentrer ce week-end, expliquai-je entre deux sanglots. Depuis combien de temps cela dure ?

- Depuis la première fois qu'il n'est pas rentré...

- Il faut que j'y aille ce week-end ! »

Je me lève d'un bond devant le regard médusé de James. Je dois en avoir le coeur net et surtout je veux savoir qui est cette petasse.

« Toute seule ? Ça ne va servir à rien...

- Non je compte bien sur le fait que tu m'accompagnes ! Je veux en avoir le coeur net et connaître cette connasse qui a réussit à mettre mon fiancé dans son lit en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. »

James ne sait plus quoi dire et de toute manière, il sait qu'il n'a pas d'autre choix que de me suivre. En l'espace de quelques secondes, je suis passée des larmes à la colère. Là je ne désire qu'une chose, lui faire payer cet affront.