Chapitre 50

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Le 20 mai 2023,

Point de vue Milia

Une vive douleur dans l'abdomen me sort de ma léthargie. Toujours les yeux clos, je grimace légèrement. Ça fait un mal de chien. Sentant la tête de quelqu'un sur mon bras et pensant que c'était James, je passe délicatement mon autre main dans ses cheveux.

« James... », chuchotai-je.

J'ouvre difficilement les yeux, la lumière me brûlant facilement la rétine. La personne se relève subitement.

« Désolé petite sœur, mais ce n'est que ton frère ! »

Sans que je ne comprenne pourquoi, je suis prise d'une panique inexplicable. Et si Andrew s'en était pris à lui ? Je ne me le pardonnerai pas. Je ne me souviens de rien mis à part du premier coup de couteau de mon ex-fiancé ainsi que les dernières sensations que j'ai ressenti avant de tomber dans l'inconscience.

« Il est où ? Il va bien ? », m'inquiétai-je.

Liam me sourit avant d'embrasser mon front.

« Aller bien ? Oui si tu prends en compte le fait que ça fait trois semaines qu'il est à ton chevet et qu'il ne part de là que pour manger et boire...

- Ce n'est pas sa faute, murmurai-je. Je veux le voir !

- On sait que ce n'est pas sa faute, Milia. Il ne va pas tarder à arriver. »

J'acquiesce alors que je me sens soulagée de savoir qu'il va bien. Je ne sais pas ce que j'aurais fait si j'avais appris qu'il lui était arrivé quelque chose. Liam embrasse une nouvelle fois le sommet de mon crâne avant de sortir de la chambre. Je n'ai pas vraiment la force ni l'envie de parler. Je suis fatiguée et j'ai seulement besoin de la présence de James. J'ai vraiment cru que j'allais trépasser dans sa cuisine et sous les coups de couteaux d'Andrew. Quand la porte s'ouvre, j'espère secrètement que c'est James mais ce n'est que ma mère et Clare.

« Cache ta joie ma fille... T'inquiète, il va revenir d'ici quelques minutes. Laisse-le au moins manger, il veille sur toi tout le temps », sourit maman.

Je lui souris difficilement tandis qu'elle prend ma main dans la sienne. Je regarde Clare qui ne sait visiblement pas quoi dire, ni quoi faire. J'imagine qu'elle est au courant pour moi et James, j'aurais aimé qu'elle l'apprenne d'une autre manière.

« C'est vrai qu'il est au petit soin pour toi. Tu as toujours eu de la chance de l'avoir dans ta vie », souligna Clare en souriant.

Cela doit être certainement sa manière de me donner sa bénédiction même si qu'elle me la donne ou non, cela ne m'aurait pas empêché d'être avec lui enfin s'il veut toujours de moi...

« Qu'est-ce qu'il y a ? Tu as mal ?, paniqua maman.

- Non ce n'est pas ça... Enfin j'ai mal mais là je pensais à James et à moi. Je ne veux pas te blesser Clare.

- Tu ne me blesses pas ! J'ai eu trois semaines pour m'y faire. »

Elle me fait un clin d'œil complice avant de saisir mon autre main. Prise d'une fatigue inexplicable, je finis par me rendormir.

*ellipse de deux heures »

A mon réveil, je suis seule dans la pièce. Je pousse un soupir. Je ne vais jamais réussir à le voir si ça continue à ce rythme. Finalement, la porte s'ouvre sur lui. Il est amaigri et ne semble pas du tout dans son assiette. Je ferme les yeux et je sens rapidement sa main enlacer la mienne, sa tête contre mon bras. Au prix d'un effort qui me semble surhumain, je soulève mon autre main afin de caresser ses cheveux. J'ai tellement besoin de le toucher, de sentir son odeur. Il se relève d'un coup alors que ma main caresse sa joue. Nous nous sourions un bref instant.

« Je t'interdis de me refaire une frayeur pareil ! », s'indigna James avant de m'enlacer délicatement dans ses bras.

Même si j'ai mal à mon ventre, j'ai besoin qu'il me serre davantage contre lui. Je cale mon nez dans son cou, les larmes aux yeux. Visiblement lui aussi est ému car je sens des larmes couler dans mon cou. Je ne préfère pas lui faire remarquer, peut-être parce que je ne l'ai jamais vu pleurer et que cela me fait vraiment quelque chose de le voir dans cet état à cause de moi.

« Tu as oublié que je suis une battante ! »

Il se détache de moi avant de me sourire.

« Je sais mais ton état était plus que grave. Heureusement que tu m'as averti que tu m'enverrai un message après la discussion sinon je ne me serais pas alerté.

- C'est toi qui m'a trouvé ?

- Oui... Tu ne te souviens de rien ?

- Pas de ça en tout cas.

- Tu te souviens de quoi ?

- Andrew et les coups de couteaux ainsi que son « Si tu ne m'appartiens plus alors tu n'appartiendra à personne » ! »

Il fronce des sourcils avant de m'embrasser. Il me regarde un peu gêné comme s'il ne m'avait pas tout dit. Je le connais tellement que je sais quand il ne dit pas tout.

« Qu'est-ce qu'il y a James ?

- Rien du tout. Je vais te laisser, il faut que tu reposes.

- Chéri, dis-moi ! », insistai-je.

Il semble tout aussi surpris que moi par le nom affectif que je viens de lui donner. Il prend ma main dans la sienne et embrasse son creux.

« Et moi je préfère que tu te reposes ! Tu as besoin de ça et nous avons tout le temps de discuter.

- James !

- Milia ?

- Je n'ai pas envie de rire ! Dis-moi c'est en rapport avec Andrew ?

- Non. D'ailleurs en parlant de lui, les policiers l'ont arrêté y a de cela dix jours. Ils ne vont pas tarder à te demander de faire une déposition.

- Alors c'est quoi ?

- Milia, soupira-t-il.

- Chéri dis-moi. J'ai besoin de savoir s'il te plaît !

- Très bien. »

Tout en capitulant, il s'assoit sur le fauteuil à côté du lit. Il prend ma main dans la sienne et mords nerveusement sa lèvre. J'essaie en vain de décrypter ses émotions et ce qu'il pense à cet instant précis.

« Je dois t'avouer que je ne sais pas comment te le dire...

- Sujet, verbe et cod »

Il me sourit tendrement alors que je réprime mon envie de rire. Déjà rien que mes légers soubresauts, ça me tiraille l'abdomen.

« En faite, tu étais enceinte mais euh... tu as perdu le bébé. »

Je reste interdite tout en touchant mon ventre. J'avais la vie en moi et je ne m'en étais même pas rendue compte. Je n'avais aucun symptôme et je n'ai pas souvenir d'avoir défailli avec ma pilule. Je me mets à pleurer sans le vouloir, si je l'avais su... Mon dieu, je n'aurais pas agi comme je l'ai fait.

« J'étais enceinte de combien ?

- 4 semaines... Je suis vraiment désolé.

- Tu n'y es pour rien. Je n'étais même pas au courant moi-même.

- Je ne t'aurais pas laissé partir seul si je l'avais su, soupira James.

- Et moi, je ne serais jamais partie tout court. »

Je lui souris tendrement alors que mes yeux se ferment tout seul. Je suis fatiguée et un peu triste d'apprendre en quelques minutes ma grossesse et la mort de mon bébé. Je sens ses lèvres se poser sur mon front et une porte se fermer quelques secondes plus tard.

Permis d'aimerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant