Chapitre 23

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PDV Maxence


Seb arriva pour le dîner. Depuis trois mois, il nous rendait visite régulièrement et j'étais heureux que mon meilleur pote s'entende bien avec ma copine. Nous nous installâmes pour manger, dans la bonne humeur, en plaisantant tranquillement. Aucun de nous trois n'évoquait le départ imminent de Bianca, mais ça se ressentait néanmoins.

« Putain, je mange trop bien quand je viens ici ! s'exclama Seb après avoir goûté au plat que j'avais préparé. Ça donne presque envie de devenir végétarien.

— C'est une recette de Bianca, lui dis-je.

— Mais c'est Maxence qui l'a préparé, répliqua-t-elle.

— Vous faites vraiment une belle paire... »

Un silence s'installa et nous savions tous à quoi pensaient les autres. L'ambiance s'était soudainement transformée et nous terminâmes nos assiettes sans parler.

« On regarde un film ? proposai-je après qu'on ait desservi la table.

— Ou on joue à Mario Kart ? demanda Bianca.

— Allez, j'ai envie que Bianca me botte les fesses encore une fois », répondit Seb.

Nous nous installâmes dans le salon, sachant pertinemment que Bianca gagnerait sans avoir besoin de faire le moindre effort. Sur le canapé, Seb s'assit au milieu, entre Bianca et moi.

« Je veux une photo avec vous deux ! » annonça Bianca en sortant son téléphone.

Au moment de prendre la photo, et sans nous consulter, elle et moi embrassâmes chacun une des joues de Seb, qui lui souriait comme un idiot.

« Elle est trop bien ! » s'exclama en nous la montrant.

Seb pouffa de rire.

« La tête de con que j'ai là-dessus ! Trop d'amour putain, j'arrivais pas à gérer.

— On t'aime mon petit Sebou, dit Bianca en lui faisant un câlin.

— Arrête, fit-il semblant de murmurer, Maxence va être jaloux...

— T'as raison, je suis jaloux, moi aussi je veux un câlin de ma frite », dis-je en prenant une voix d'enfant.

Seb se retrouva bientôt complètement prit entre Bianca et moi.

« Hé, ho ! Je respire plus, là... Je croyais qu'on devait faire une course ! »

Nous rigolâmes, avant de nous séparer et de lancer le jeu. Nous jouâmes jusqu'aux petites heures du matin, quand Seb décida finalement de rentrer chez lui. Bianca le suivit dans l'entrée et je restai en retrait, les laissant faire leurs adieu, même si j'assistai à toute la scène.

« Tu vas me manquer, Bianca, lui dit-il. Je sais que Maxence est heureux, avec toi...

— Tu vas bien t'occuper de lui pour moi, hein ?

— Ouais, bien sûr. 'Fin, bon, je vais quand même pas lui faire des bisous... Mais oui, je vais être là pour lui.

— Merci, Seb... »

Elle lui fit un câlin et je sentis un picotement dans mes yeux, sans pouvoir déterminer si c'était dû à la fatigue ou si c'était parce que j'étais ému.

***

C'était ma toute dernière soirée avec Bianca. Elle avait déjà préparé tous ses bagages. Pour gagner du temps, nous avions commandé à manger. J'avais remarqué qu'elle n'avait presque pas touché à son plat, mais je n'avais pas relevé. Moi aussi j'avais la gorge nouée. Nous ne parlions presque pas, assis sur le canapé, elle était adossée sur mon torse et jouait avec les doigts de ma main gauche, pendant que je passais ma main droite dans ses cheveux.

« J'ai pas envie de partir... murmura-t-elle, de manière presque inaudible.

— Alors, reste... répondis-je sur le même ton.

— Tu sais ben que je peux pas... Toute ma vie est là-bas. »

Elle finit par s'endormir comme ça et je la soulevai tout doucement pour la mettre au lit, mais elle se réveilla.

« Je veux une photo juste nous deux, déclara-t-elle. Assis-toi par terre. »

Je m'exécutai, m'adossant au lit et elle, allongée sur celui-ci, sur le ventre, la tête par dessus mon épaule. Elle prit la photo, où nous jouions tous les deux les mannequins.

« Elle est belle, dit-elle en me la montrant.

— Normal, t'es dessus », répondis-je.

Elle me tira pour que je monte sur le lit. Ma dernière nuit avec elle fut mémorable.

***

Le lendemain, elle devait partir très tôt pour l'aéroport. Elle ne voulait pas que je l'accompagne jusque là, elle disait que ça lui ferait trop mal. Je me levai quand même en même temps qu'elle. Je voulais lui donner le pull à motifs de montagne que je portais lors de notre premier rendez-vous.

Je le sortis de l'armoire pour lui donner et elle l'enfila tout de suite.

« C'est drôle, on a eu la même idée », me dit-elle.

Elle me tendit le t-shirt qu'elle portait à ce même rendez-vous, celui sur lequel je l'avais complimenté. Je le pris, avant de la tirer vers moi.

« Il est pas trop tard... Reste.

— Maxence... C'est déjà tellement difficile de partir...

— Je sais... Je t'aime, Bianca.

— Je t'aime aussi. »

Elle m'embrassa.

« Il faut que j'y aille... »

Je vis des larmes se former aux coins de ses yeux et je me forçai à ne pas me laisser gagner par les pleurs, moi aussi. Je le serrai contre moi, très fort, enfouissant ma tête dans ses cheveux. Elle se sépara, attrapa sa valise et son sac et sortit, sans un mot de plus. Je savais que c'était parce qu'elle n'arrivait plus à parler, puisque c'était pareil pour moi.

Je serrai son t-shirt contre mon coeur et me rendis, en traînant des pieds sur le canapé, où je m'allongeai. Je m'autorisai à pleurer, maintenant qu'elle n'était plus là.

Je ne me souvenais pas m'être endormi, mais je fût réveillé par quelqu'un qui cognait à la porte. Je me levai pour aller répondre, avec la t-shirt à la main, me rendant à peine compte que je le traînais partout.

J'ouvris la porte, pour tomber nez à nez avec Lucas. Je devais avoir vraiment mauvaise mine, parce qu'il ne dit rien, mais ouvrit les bras. Je m'y réfugiai, sans me poser de questions.

« Je suis là pour toi, vieux », me dit-il en m'entraînant à l'intérieur.

Il me rassit sur la canapé et alla dans la cuisine pour me servir un verre d'eau.

Une amitié brisée (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant