Chapitre 2 : Samuel

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Franklin était probablement le mec le plus ennuyeux sur Terre et c'était à côté de lui que se retrouvait désormais Samuel. Le cours n'avait toujours pas commencé puisque le professeur se devait de vérifier chaque uniforme. Comme tous les jours, il s'arrêta devant le garçon, lui formulant très distinctement de nouer sa cravate comme tous les autres camarades de sa classe. Il n'en fit rien, agaçant le vieux monsieur.

La journée débutait bien mal pour lui. Aucune personne faisant partie du corps enseignant ne comprenait le jeune Clark. Samuel Clark. C'était un mélange de contradictions étonnantes. De bizarreries incompréhensibles. Pour tous, le jeune homme ne cherchait qu'une seule chose : l'attention de sa mère. Un visage d'ange pareil ne pouvait être que cela. Puis, chacun de ses faits et gestes étaient trop réfléchis pour que cela vienne du cœur. Tous travaillaient ici depuis des années et savaient un peu trop bien ce que faisaient les "vrais méchants". Lui, n'en était pas un. Pas dans le fond. Il se donnait des apparences. C'était donc surtout pour cela que les professeurs étaient plus indulgents avec lui qu'avec les autres. Bien que le principal concerné ne le remarque pas. Il avait le droit à certaines faveurs. En effet, il était loin de se douter qu'il était apprécié par eux et encore moins qu'il en obtenait des privilèges. Il n'aimerait pas.

Ainsi, monsieur Dixon lui laissait le droit de garder sa cravate non attachée bien qu'il soupira un peu. Samuel afficha donc un léger sourire en coin face à sa victoire. Minime mais authentique. Pourtant, il le retira vite sachant que venait ensuite le moment le plus ennuyeux de la journée, la lecture des dix commandements. Tous se levèrent et après avoir vu un signe de leur professeur, commencèrent à réciter. Ils le faisaient tous, ou presque. Samuel remuait les lèvres sans rien prononcer. Puis non loin de lui, Mathieu articulait tant bien que mal chaque phrase avec du chocolat dans la bouche, Thomas parlait à voix basse. Le seul que chacun pouvait entendre distinctement était Franklin. Comme partout ailleurs. C'était avec ferveur qu'il disait chaque mot comme s'il s'agissait de la partie la plus importante de sa religion. D'ailleurs, c'était souvent qu'il fermait les yeux pendant ces courts instants.

- Règle numéro une : Le travail, la vigueur et la persévérance sont les clés de la réussite.

- Règle numéro deux : La détermination est nécessaire pour continuer d'avancer.

- Règle numéro trois : Personne n'est indispensable au bon déroulement des choses.

- Règle numéro quatre: Avoir un corps sain dans un esprit sain permet un équilibre certain.

- Règle numéro cinq : Toute sortie est formellement interdite sans aucune autorisation préalable.

- Règle numéro six : La ponctualité est le début d'une bonne socialisation.

- Règle numéro sept : Aucun contact physique dégradant ne doit être effectué à l'encontre d'une autre personne.

- Règle numéro huit : Aucun trafic de n'importe quelle nature n'a lieu d'être.

- Règle numéro neuf : Tous les objets personnels doivent être retirés.

- Règle numéro dix : Un homme ne révèle jamais l'étendue de ses sentiments. Personne ne doit savoir quand nous souffrons.

Samuel connaissait tout cela par cœur. Ce n'était pas réellement des commandements mais ni plus ni moins une partie du règlement. Suivait ensuite une simple phrase disant que chaque sanction était toujours justifiée. C'était la partie qu'il connaissait plus que les autres. En effet, chacun avait l'habitude de l'appliquer sur lui que ce soit les dames de la cantine, les professeurs, les surveillants, les personnes qui faisaient le ménage ou bien même le directeur. Au contraire de son voisin de classe qui appliquait le tout sans ménagement provoquant la fierté de tout le monde ici ! Ironie, évidemment. Il agaçait toutes personnes l'ayant déjà croisé ne serait ce qu'une seule fois. Pourtant, il paraissait qu'il fallait tous que l'on lui ressemble. Que l'on travaille comme lui. Écoutions comme lui. Soyons comme lui. Tous des petits Franklin barbant et ennuyant. Si ça devait finir comme ça, la Terre serait envahie d'une armée absolument horripilante !

Malgré les interdits.Where stories live. Discover now