Rêves et Désillusions.

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Première partie.

L'air humide et nauséabond de cet endroit frappait mes poumons à chaque inspiration tandis que nous nous tenions là, à genoux dans la boue de ce marais fétide.

Mes compagnons et moi faisions partie d'une compagnie de mercenaires comme il y en a tant d'autres, nous étions baptisés « la compagnie de L'ours » en raison de notre capitaine, Riaman, son fondateur. C'était un homme de près de deux mètres, d'une carrure imposante et d'un regard si glacé que l'on se demandait tous si ses adversaires craignaient plus son regard ou son immense bec de corbin qu'il maniait avec une aisance qui démontrait sa force physique démesurée.

Ce jour-là, il était avec nous, dans la même position, genoux dans les marais, son arme posée face à lui a regardé un spectacle qui nous hanterait, qui provoquerait en nous une peur intense pour le reste de notre existence.

Nous avions été embauchés quelques semaines plus tôt par un seigneur local, le roi Albrecht, un homme à la limite de la démence qui exerçait sur les malchanceux qui n'avaient pas eu la chance d'être emportés par la maladie noire un règne paranoïaque et sanglant.Il ne nous payait qu'avec un peu de nourriture et quelques pièces, mais tout était bon à prendre sur le moment et puis le travail n'était pas difficile, nous devions simplement assaillir un village isolé se trouvant sur les terres du seigneur Émil, y massacrer les villageois, prendre ce qu'on y trouvait et y mettre le feu avant de rentrer récupérer notre prime.Aucun d'entre nous ne s'attendait à cela, à ce que cela tourne aussi mal.

Lorsque nous sommes arrivé au village, il était d'un calme macabre, les quelques chaumières perdues au beau milieu de ces marais sombres et humides étaient plongées dans le noir. Il n'y avait pas une âme qui habitait ces lieux, en temps normal, les villageois donnent l'alerte et essaient de s'enfuir à notre arrivée, mais ici, rien, pas un bruit ne se faisait entendre à l'exception du cliquetis symbolique de nos cottes de mailles qui trahissait notre approche. C'était un petit village qui n'avait pas été épargné par la maladie, quelques routes de terre traversaient la vase des marais pour mener droit au centre du hameau éclairé uniquement par quelques torches. Il y avait quelques plantations, principalement de blé d'un aspect fragile, presque malade, les chaumières étaient délabrées, certaines ne possédaient même pas des portes, d'autres avaient d'immense trou dans leur toit de chaume.

Nous progressions en silence, approchant le plus furtivement possible par le sud du village. Arrivés au centre, notre capitaine nous donna l'ordre de fouiller chaque recoin, chaque habitation. Après tout, nous étions payés pour un massacre en plus d'un pillage.Les hommes s'employaient à vérifier chaque endroit, une centaine d'hommes, certains inexpérimentés, l'arme a la main retournaient les quelques meubles vétustes, fouillaient les quelques maigres champs. Le calme de l'endroit poussait les hommes à ne pas garder en éveil tous leurs sens. Certains se mirent à discuter entre eux alors qu'ils mettaient à sac les lieux, d'autres s'étaient assis dans les chaumières, mangeant les quelques vivres qu'ils pouvaient trouver, très peu d'entre nous étaient sur le qui-vive, après tout, le seul danger sur place ne pouvait être que les villageois.

Après de longues minutes de pillage, un bruit sourd et une vague de cris se fit entendre. Riaman souffla immédiatement deux fois dans son cor, ce qui signifiait un regroupement des troupes, mais il était trop tard, des hommes sortaient des bois environnants, haches a la main et se ruèrent sur nous, je me mis à courir aussi vite que possible tout en jetant quelques regards vers l'arrière.

Arrivé à hauteur du capitaine, je me tourna afin de me mettre en position avec le reste de la compagnie, boucliers levés et épées en avant attendant le signal de la charge tandis que notre prêtre, un homme pieux au service du Dieu Svantovit trouvait le temps de prononcer quelques brèves prières.

Rêves et DésillusionsWhere stories live. Discover now