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                  Je vais bientôt vous quitter. Partir loin de toi, loin de vous, ou quitter ce monde. Je ne sais pas encore. Je pense qu'il serai préférable, si jamais on décide de m'enfermer, que tu ne viennes jamais. Ni toi, ni personne. Tu n'aurai pas envie de venir de toute manière. J'ai autrefois, était un homme. Un vrai. Avec des valeurs et des principes, avec une femme à mes côtés et des enfants. J'ai eu une vie simple, bien organisée. Je me levais, tous les matins, mon café était déjà prêt, il n'y avait pas de bruit dans la maison. Je franchissais la porte à huit heure, et j'allais à la banque. Je n'oubliais pas de prendre mon chapeau, ainsi que mon parapluie quand le temps était maussade. Je ne pense pas avoir raté quelque chose lorsque je j'étais un homme. Peut-être aurai-je aimé avoir un chien, ou bien une maison un peu plus grande...mais ce ne sont que des détails pas vrai ? Tu sais Anastasia, parmi tous les garçons que tu peux croiser dans la rue, ou que tu vois quand tu t'assoies à la terrasse d'un café, très peu sont des hommes. Et moi, j'en ai été un pendant un temps, et puis j'ai arrêté. J'ai arrêté de prendre mon café le matin, j'ai arrêté de prendre mon chapeau, et mon parapluie quand le ciel était gris, j'ai même arrêté d'aller à la banque. Pourquoi ? te demandes-tu. Pour être franc, je n'en ai pas la moindre idée. J'ai renoncé. Seul les vrais hommes n'abandonnent pas, et je n'en était pas un. Je te déçois, énormément je pense. Mais tu es déçue de savoir que je n'étais pas un homme, un vrai, je te conseille d'arrêter de lire maintenant. La suite est encore plus décevante.

               Si tu as continué de lire, c'est bien. Je n'aurai pas écrit ces mots pour rien. J'ai longtemps regardé les couchés de soleil, sur la plage, à la montagne, dans les champs... et toujours avec Éléonore. Le ciel était parfois, bleu et violet, et une autre fois rose et orange, ou encore orange, rouge, rose et violet en même temps...et avec Éléonore, on se disait que le ciel avait des humeurs lui aussi. Il pouvait-être joyeux, puis triste, puis fatigué, puis enthousiaste. Et une fois que le soleil s'était endormit, on voyait la lune, et les étoiles. Apparaissaient alors Capricorne, la grande ourse, Sagittaire, l'étoile du nord, Taureau, Poisson, la voie lactée... C'était tout un petit monde qui se réveillait, et qui danserait jusqu'à ce que le soleil vienne reprendre sa place. Il arrivait même que, quand la chance nous souriait, et que Vénus était avec nous, on aperçoive une étoile filante. Et je me souviens qu'Éléonore tendait sa main vers le ciel pour attraper de la poussière d'étoile. On riait beaucoup elle est moi. Et puis puis venait l'heure de rentrer, quand la fraîcheur de la nuit venait caresser nos joues et qu'une petite brise se mettait à faire voler les cheveux d'Éléonore. Elle me manque tu sais ? C'est pour cette raison que je t'ai demandé de ne jamais venir me voir, ni toi ni personne. J'aurai trop honte devant elle, trop honte parce que je me sentirai misérable face à sa grandeur, trop honte parce que je n'arriverai même pas à la regarder dans les yeux, de peur d'y voir de la pitié, ou de la déception.

             Aujourd'hui, je suis là pour avouer. Je ne vais rien cacher, je ne vais omettre aucun détails, si ma mémoire le veut bien, et je vais tout expliquer. Je suis un lâche. Mais tu dois déjà le savoir, ou le penser du moins, car je ne t'ai pas remis cette cette lettre en main propre.

          

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⏰ Dernière mise à jour : Mar 17, 2020 ⏰

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L'aveuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant