Tempête

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L'air se faisait sombre, ombrageux, et pourtant la mer restait calme. Pas une vague à l'horizon, pas un coup de vent. Une simple brise marine sans promesse de tempête. Cependant le temps n'était pas à la sieste. Au milieu de l'océan noirci par les nuages, à des kilomètres de la terre, deux vaisseaux pirates s'affrontaient.

Alors que la bataille faisait rage, un moussaillon et son capitaine tentaient vaillamment de garder le cap.

- Se battre ou mourir ?

- Mon capitaine, les deux.

D'un geste protecteur, Rémi sortit son épée et coupa violemment le bras d'un ennemi qui arrivait sur lui et son amant, Vincent. Celui-ci était bien trop occupé à diriger le bateau car la tempête se rapprochaient doucement. Bientôt, d'immenses vagues et des torrents de pluies bousculeraient les eaux.

Soudain, le bateau ennemi frappa la coque du navire et l'équipage tout entier perdit l'équilibre. A peine secoué, Rémi se releva en premier et se précipita vers Vincent pour l'aider. Le capitaine attrapa la main du bel homme en face de lui et se releva en lui adressant un mince sourire crispé. Le combat n'était pas fini ! Mais le sang des ennemis coulait à flot.

L'équipage du capitaine Dardalhon gagnait à vu d'œil.

Même avec cette pensée en tête, Rémi gardait un œil sur son capitaine, par peur qu'il ne soit blessé ou pire encore. Mais Vincent était confiant. Il défendait son équipage et sa vie avec une lueur de fierté dans le regard. C'en était presque amusant! Après deux bonnes heures de combat intensif, tout l'équipage ennemi fut à terre et leur navire coulait au fond de la mer. La flotte de Vincent avait vaincu, le calme était revenu et la tempête s'estompait. Rémi regardait l'horizon en soupirant. Il pouvait enfin souffler.

Mais ce doux soulagement ne dura pas. Une détonation retentit brusquement et un silence pesant s'alourdit sur le pont. Rémi se figea. Pâle comme la mort, il se retourna rapidement vers l'origine de ce son. Il croisa, dans un premier temps, le regard meurtrier d'un dernier ennemi qui sauta par dessus la barrière du bateau. "Saligaud !" siffla Rémi. Puis il détourna finalement le regard. Là, il croisa deux billes foncées une fraction de seconde avant de voir le corps de son compagnon s'effondrer sur le sol. Son sang se glaça. Il couru vers lui pour le soutenir, pour le sauver, mais Vincent agonisait. Ce fut affolé qu'il découvrit l'ampleur des dégâts. C'était bien trop important. La balle avait atteint les côtes, tout près du cœur. La chemise blanche du capitaine se tachait de son sang, qui coulait abondamment de son abdomen. C'était trop tard.

- No... non..! Capitaine, regardez moi. Capitaine ? Vincent..!

Mais Vincent ne répondit pas. Il était trop faible. La vie le quittait petit à petit. Les larmes de Rémi s'accumulèrent dans ses yeux vitreux, et bientôt, elles perlèrent par dizaine sur ses joues. Il serra Vincent plus fortement dans ses bras, comme pour le protéger, ignorant le rouge qui se diffusait entre leurs corps. Il allait le perdre.

Ce n'était pas rare sur les mers. On voyait ses alliés mourir, ses amis périr. C'était la cruelle loi des océans. Mais jamais la mer n'avait été témoin d'une telle souffrance dans un regard, d'une telle blessure au coeur.

Alors que Rémi berçait d'une tendre tristesse son homme contre lui, happé par le désespoir, une dernière parole, adressée à son compagnon sortit difficilement de la gorge sèche du capitaine : "Je t'aime Rémi". Puis il se laissa aller, partant pour toujours sur le son d'un sanglot.

Ce fut ainsi que le capitaine Dardalhon abandonna son équipage et ses deux seuls amours ; la Mer et son moussaillon.


*


Rémi se réveilla en sursaut, transpirant, les joues humides de larmes et le cœur battant à tout allure contre sa poitrine. La pièce était plongée dans le noir, tout semblait vide et triste, presque douloureux. Il sentait encore cette angoisse sourde lui étreindre le coeur. Il sursauta une nouvelle fois quand il sentit un bras entourer ses hanches et de douces lèvres se poser sur le bas de son dos nu. "Qu'est ce qui se passe Rémi ?" Murmura l'homme étendu à côté de lui.

- Ce n'est rien, un mauvais rêve, rendors toi trésor, répondit le bouclé en ravalant ses larmes.

Il se recoucha sur ses mots et son petit ami vint se blottir dans ses bras pour être plus confortablement installé. Une fois contre lui, Vincent entendit bien les battements anarchiques qui peinaient à se calmer dans la cage thoracique de Rémi.

Ce dernier était complètement déboussolé, mais Vincent ne dit rien. Il réconforterait son amant en silence. Dans un dernier soupir, Rémi chuchota "Je t'aime Vincent, ne me quitte jamais". Puis il sombra dans les bras de Morphée.

A suivre..
Mission 94x

Ti sogno ( aliex )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant