Aramis Drake et l'Héritier de l'Enchanteur

Prologue

-Aramis Wilbur Merlin Drake, descends immédiatement, tout le monde t'attend ! rugit la voix impatiente de la mère de l'enfant, Aleanora Drake.

Cela faisait plusieurs minutes qu'elle l'appelait, plusieurs minutes également qu'il l'ignorait, préférant rester assit devant la fenêtre, observant le monde au dehors avec une expression sinistre sur son visage d'ange, ou plutôt de démon lorsque l'on constatait à quelle famille il appartenait. Car, quoi que puissent en dire ses parents, les Drake étaient loin d'être les gentils de l'histoire, bien au contraire... Aramis n'avait que huit ans, mais il avait parfois l'impression d'être le plus sensé de la maison puisqu'il était le seul à s'en rendre compte. 

Aleanora et son mari, Seth Drake troisième du nom (ou quatrième, c'était un prénom extrêmement courant dans la famille) avaient organisé ce jour-là un dîné regroupant les membres des plus grandes lignées de sang-pur du monde des sorciers : les Lestrange, les Avery, les Snyde... Certains, encore détenus à Azkaban, n'avaient évidemment pas pu être présents, mais malheureusement Aramis n'avait pas d'excuse l'autorisant à rester cloîtrer dans sa chambre. Sachant parfaitement à quel genre de punition il s'exposait en refusant de descendre participer à la réunion, il finit par se lever en soupirant et descendit au rez-de-chaussée où l'attendait sa mère, visiblement déjà furieuse.

Elle l'attrapa par le bras sans ménagement et l'entraîna vers la salle à manger de la grande demeure sans lui adresser un seul regard, et malgré tous les efforts vains que fit le jeune garçon pour se dégager.

-Lâche-moi, finit-il par gémir, tu me fais mal !

Aleanora se retourna brusquement pour lui faire face, et siffla d'un ton mordant indigne d'une mère à l'encontre de son enfant :

-Tu n'avais qu'à y penser avant ! Tu as intérêt à te conduire convenablement, aujourd'hui. Si je t'entends une seule fois protester durant le discours de ton père après le repas, je te promets que je m'occuperai personnellement de ton cas, au lieu de laisser Elvis le faire à ma place !

Elvis était l'elfe de maison de la famille Drake. S'il obéissait au doigt et à l'œil de Seth et de son épouse, ainsi que d'Aaron, leur fils aîné, il vouait un mépris profond à l'égard d'Aramis et n'avait pas le moindre respect pour lui, si bien qu'il n'écoutait jamais aucun de ses ordres, au grand regret du garçon car, comme chacun le sait, un elfe de maison bien disposé pouvait être d'une aide inestimable pour un sorcier...

Aramis ne prit pas la peine de répondre à sa mère, se contentant de la défier du regard. Étrangement, il avait autant envie de hurler de rage que de pleurer de désespoir. Il en avait assez de sa famille ! Il n'était d'accord avec eux sur aucun sujet, n'aimait pas l'opinion qu'ils se faisaient du monde qui les entourait. Comment pouvaient-ils penser que les Moldus ne servaient à rien d'autre qu'à devenir leurs esclaves ? Comment pouvaient-ils ne serait-ce qu'envisager les exterminer ? La seule personne qu'il appréciait un tant soit peu dans son entourage était son frère aîné, mais celui-ci craignait leurs parents et préférait faire semblant de toujours approuver leurs plans ; à moins qu'il ne soit vraiment d'accord avec eux, chose qu'Aramis avait bien du mal à envisager. 

Evidemment, Mrs Drake ne remarqua pas une seule seconde les émotions contradictoires qui se bousculaient dans l'esprit de son fils, sinon, elle l'aurait sans doute renvoyé dans sa chambre, prévoyant la catastrophe qui s'annonçait. Mais rien de tel n'arriva, et elle se contenta de continuer de traîner le malheureux enfant jusqu'à la salle à manger, où il fila s'installer à sa place en bout de table entre son frère et la fille des Avery, qui, tout comme Aaron, avait à peine fêté ses treize ans cette année-là. Aramis se sentait minuscule, au milieu de tous ces adultes et de ces adolescents tous bien plus âgés que lui. Pourtant, du haut de ses huit ans, il se savait bien aussi intelligent qu'eux et n'aurait pas dû se sentir inférieur à eux. Toutefois, il savait également que tous, dans cette salle, avaient plus ou moins la même opinion et les mêmes idées à partager, tandis que lui pensait totalement l'inverse de cette bande de dégénérés (car, oui, il fallait vraiment être un dégénéré pour regretter l'époque où régnait Voldemort, quoi qu'en dise son père !) et se sentait un peu comme le mouton noir de l'assemblée.