Aramis Drake et l'Héritier de l'Enchanteur

Chapitre 1

-Aramis ! Range-moi tous ces livres et déguerpis si tu ne veux pas que je te mettes dehors moi-même ! tonna la voix charmante de la bibliothécaire, ce qui eut pour conséquence de réveiller en sursaut le jeune garçon et de le tirer de ses visions plus que désagréables de son passé, qui lui apparaissaient toujours avec une clarté exaspérante : il avait tellement envie d'oublier tout ce qu'il avait vécu dans la maison de son enfance !

Cela faisait trois ans qu'il avait fugué, qu'il avait abandonné cette famille qu'il détestait et qui le haïssait en retour. Son père, sa mère... il n'y en avait pas un pour rattraper l'autre ! Sans compter les amis plus que douteux qu'ils amenaient souvent à la maison, et qui déplaisaient énormément au jeune garçon, même s'il n'avait absolument pas son mot à dire là-dessus. Le seul qu'il avait été triste de quitter était son frère aîné, Aaron. Mais il s'était dit qu'il serait certainement mieux sans lui, surtout qu'il s'attirait souvent des ennuis avec leurs parents en essayant de le défendre. Aramis ne voulait pas de cet avenir empli de magie noire, de meurtres et de pouvoir que voulaient pour lui ses parents. Lui, tout ce qu'il voulait, c'était vivre sa vie tranquillement, apprendre à maîtriser sa magie et, peut-être, partir plus tard à l'étranger à la découverte des animaux fantastiques des Indes, par exemple, ou des Amériques. Tant qu'il vivait sous le toit des Drake, c'était impossible.

Alors, il s'était enfuit. 

-Aramis ! cria à nouveau Mrs Middleton, tandis que le jeune garçon levait les yeux au ciel avec exaspération.

La bibliothécaire avait beau essayé de se faire passer pour plus mauvaise qu'elle n'était parfois, elle restait une vieille femme adorable, qui acceptait toujours d'accueillir ce gamin des rues dont elle ne savait absolument rien à part qu'il était orphelin (ce qui était déjà un mensonge considérable) et donc qu'il avait dû s'enfuir d'un foyer (pas si faux que ça, mais faux quand même) et tout cela gratuitement. Toute la journée, elle lui ouvrait les portes de la bibliothèque, lui permettait de prendre tous les livres qu'il voulait du moment qu'il en prenait soin et les rapportait rapidement lorsqu'il les empruntait. Même, parfois, en hiver, lorsqu'elle se préparait un chocolat chaud, elle en offrait également un à Aramis, comme une grand-mère le ferait avec son petit-fils.

Mrs Middleton n'avait jamais eu d'enfant, et n'avait donc aucune descendance, ce qui pouvait expliquer l'affection qu'elle ressentait envers le jeune garçon, qui le lui rendait bien. Toujours poli, agréable et consciencieux, il l'aidait à ranger certains romans lorsqu'elle en avait besoin, et était toujours là pour lui rendre service en cas de besoin. De son avis, c'était la moindre des choses : il passait ses journées entières dans la bibliothèque, sauf les dimanches et les lundis après-midi - comme ce jour-là - où elle était fermée. C'était d'ailleurs pour ça qu'elle venait de le réveiller sans le savoir si violemment et qu'elle le mettait à la porte ; il était midi, sa journée de travail était enfin terminée et il était temps pour elle de fermer les portes de ce vieil entrepôt de savoir, comme elle aimait à l'appeler. Sachant cela, Aramis abandonna le fauteuil confortable dans lequel il s'était installé et alla ranger la pile de livres qu'il avait choisi le matin même en arrivant.

Il venait à la bibliothèque depuis qu'il avait huit ans ; depuis qu'il s'était échappé de la demeure ancestrale des Drake, en vérité. Il n'en pouvait plus, de ces brimades et punitions incessantes que lui infligeait sa mère sous prétexte qu'il essayait de penser par lui-même et n'approuvait pas tous leurs projets. Aaron, lui, n'avait pas ce genre de problème : en fils obéissant, il ne traînait qu'avec les enfants des autres familles de sang-pur, détestait (ou plutôt, faisait semblant de détester) les Moldus et les nés-moldus (qu'il appelait d'ailleurs, conformément aux désirs de leurs parents, "sangs-de-bourbe") et exécutait tous les ordres qu'on lui donnait. Aramis lui en voulait beaucoup, pour cela. Aaron semblait avoir accepté sa petite vie au chemin tout tracé par Aleanora et Seth Drake tout spécialement pour lui : plus tard, il serait sans doute lui aussi un sorcier puissant et redouté, un membre fidèle des Nouveaux Mangemorts, et épouserait sans doute la fille de ces maudits Lestrange, qui semblait déjà très amoureuse de lui même si elle s'efforçait de le cacher : une certaine Maldita, si Aramis avait bonne mémoire.