l'Aube des sentiments

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Je marche encore et encore. Mes pas s'alignant les uns devant les autres machinalement, résolument, obéissant à je ne sais quel destin. 

Dans mon dos, les moqueries des enfants du village me dévisageant. Le murmure du monde autour de moi, m'observant toujours avec autant d'horreur. Rentrer chez moi n'est pourtant que le commencement d'une nuit sombre, sans fin et, sans étoiles surtout. J'entre dans cet appartement froid, il n'y a personne... Serait-elle partie pour de bon? Pourrais-je enfin être un peu en paix? je sais pourtant que ce n'est qu'un espoir bien inutile. 

Mon père, je ne l'ai jamais vu... Il s'est enfui le jour où après une énième dispute avec ma mère ils renversèrent accidentellement le plats brûlant sur le bébé à leur pied. Depuis aussi longtemps que je m'en souvienne une partie de mon visage est lacéré par les traces de cette blessure. Ce qui me vaut les regards dégoûtés des Hommes.  Mes deux frères ont disparut avec mon père seulement quelques jours après cette dispute. Ma mère seule est restée mais, mon visage est une vision, un songe d'un passé cauchemardesque qu'elle tente en vain d'effacer.

Je souris, elle m'a laissé des cigarettes. Elle a du les oublier en allant je ne sais où pour épancher sa soif. 

J'expire longtemps, je regarde les volutes que forme la fumée dans les airs. Je ferme les yeux. Je ne me lasserai jamais d'écouter le chant des vagues et le cri des mouettes. 

J'habite en face de la mer. 

Cet endroit serait le paradis si, je n'avais pas à me confronter à ma mère chaque soir. Parfois, contrôlée uniquement par la boisson elle me frappe ou, se met subitement à pleurer hystériquement. Je ne représente pour elle que la preuve vivante d'une vie misérable.

Je passe ma soirée ainsi. 

Le lendemain, toujours personne. Je ne m'inquiète pas.

Trois jours passent ainsi. Je ne pense cependant pas être une fille ingrate si je ne me soucie pas de son sort. Ma mère m'a donnée la vie mais, me l'as brutalement reprise le jour j'ai été défigurée et, où mon père à littéralement déserté la maison avec des frères que je ne connais pas. Je n'ai pour ainsi dire, jamais existé, je ne suis que le spectre de la vie pitoyable de ma mère.

A l'aube du quatrième jour, la sonnerie du téléphone résonne dans l'appartement. 

Une semaine plus tard:

Personne ... Il n'y a personne au cimetière. Le monde est cruel, les hommes sont cruels, je suis cruelle. 

Ma mère est morte, je n'ai versée aucune larme.

Le soir où elle est partie, elle a fait une overdose. Son corps fut retrouvé quelques jours plus tard. 

En rentrant dans l'appartement vide, je pris la dernière cigarette du paquet, l'allumais et marchais vers le balcon. 

Le soleil se couchait et, j'étais seule pour admirer se spectacle. Mais, lorsque l'on est hideux au point de ne pouvoir se regarder dans le miroir, la Nature elle dans sa perfection est splendide. Elle est même tellement belle qu'elle me fait mal ce soir. 

Une étoile scintille à l'horizon, ma vision se voile. 

Des larmes n'arrêtent  pas de couler sur mes joues. 


un ciel sans étoilesWhere stories live. Discover now