Cela fait un mois que je suis seule.
Libre quelque part.
Mes chaînes se sont brisées.
Je ne sais si j'ai un jour aimé ma mère ou bien si je la détestais. Mais ce dont je suis sûre, c'est la répulsion que j'éprouve envers moi même.
A force d'être rejetée par mon entourage, je suis devenue un oiseau solitaire. Je me suis fais un allié de ce silence qui m'enveloppe à chaque instant. J'ai appris à vivre avec. La nuit est le seul moment où j'aime sortir de chez moi. Je vais sur la plage. J'enlève mes chaussures et je laisse mes pieds s'enfoncer dans le sable en regardant la lune qui miroite dans une eau calme et ondoyante.
Mais, ce matin en me levant une idée, un besoin me saisit et m'étreint. Je sens en moi comme une force qui m'attire quelque part...
J'entrouvre les rideaux du salon, et je sort sur mon balcon pour allumer une énième cigarette. L'aube est magnifique... Mon œil est pourtant vite attiré par le reflet d'un avion dans le ciel.
Je sens les battements de mon cœur. Je comprend subitement ce souffle qui me fait sortir de chez moi.
Pas un seul jour de ma vie, l'idée de partir ne m'avait effleuré. Mais, en regardant le sillon laissé par l'avion déjà loin, il se réveille en moi comme un désir profond.
"Partir..." que le mot semble doux quand je le murmure...
Je sais pour la première fois de ma vie ce que je dois faire. En quelques heures je suis déjà dans le train pour Paris. J'ai tout laissé derrière moi. Je n'ai seulement pris la peine de ne prévenir que mes voisins de mon départ définitif. Ils semblaient surpris mais, je le sais au fond, soulagés de me voir m'en aller.
Je n'ai rien emporté avec moi. Seulement le nécessaire. Je ne sais où ce voyage me conduira mais, j'ai le cœur palpitant d'excitation.
Arrivée à l'aéroport, devant le tableau affichant les multiples destinations possibles, je ferme les yeux et je laisse mon geste guider l'avenir.
"L'Inde", ainsi, mon périple commencera par l'Inde...
La chance me sourit, il reste quelques places pour un avion partant en direction de New Delhi.
Je prend soin de cacher mon visage dans un masque pour ne choquer personne et, j'achète mon billet, passe les douanes puis, embarque.
L'avion décolle. Mon corps pressé sur le siège, je ne me suis jamais sentie aussi vivante qu'aujourd'hui.
Cela fait déjà quelques heures que je suis dans l'avion. J'ai pu dormir un peu.
J'ouvre le volet qui couvre le hublot et devant moi s'étale, paisible, une mer de nuages.
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un ciel sans étoiles
RomanceLes jambes dansant dans le vide, le regard dirigé vers l'horizon. Qui aurait pu briser cette calme fin d'après-midi. Cependant, l'orage des passions approchant, la jeune fille se retourna.