Holi

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Le corps secoué par l'atterrissage, je sors de ma torpeur. Lentement, l'avion déverse un à un les habitants de son ventre de métal. Je ne suis pas pressé. Je compte mes pas et je sens mon cœur qui bat.

Arrivée dehors, le brouhaha de la vie m'étreint et, me saute à la gorge. Je suffoque.

Je regarde autour de moi et, remarque un taxi. Je m'engouffre dans la voiture, je peine à comprendre le conducteur qui parle vite un anglais que je n'avais jamais entendu auparavant.

Je lui montre l'adresse d'un hôtel, il hoche la tête puis démarre. Enfin arrivée, je remercie l'homme qui me rend un sourire que je n'avais encore jamais vu auparavant. Mais, impassible je lui tourne le dos et continue ma route.

Je ne dois cette dureté qu'au milieu dans lequel j'ai grandis. Que le monde n'en prenne pas offense. Ma carapace s'est bâtie peu à peu toute ma vie durant, elle ne tombera pas en un jour.

Arrivé à la réception je réserve une chambre. Elle est simple mais, se trouve en haut de l'un de ces bâtiments immenses si rares en France. Le soleil se couche sur la ville. Mais la vie elle ne s'éteint pas... Epuisée, je m'endors.

J'émerge d'un sommeil lourd et sans rêve. Des éclats de voix, de la musique résonnent, curieuse de savoir ce qui a bien pu perturber mon repos, je me prépare et décide de partir à l'inconnu dans cette ville que je n'ai même pas pris le temps d'observer hier.

Mon masque sur les oreilles, la tête baissée je sors de l'hôtel. Je ne fais pas trois pas que je me sens giflée et frappée par quelque chose. Sonnée, je regarde mes mains, du rouge, du bleu, du jaune les recouvrent.

Autour de moi les gens chantent, rient et, dansent. Je ne voie aucun miséreux, aucun homme d'affaire pressé par le temps, les marchands de rue ne sont plus là.

Mais une procession remplace ces tristes figures. Un seul corps se meut et arpente la vile dans des cris de joies.

Interloquée et dans un anglais timide, je demande à quelqu'un ce qu'il se passe. Après m'avoir aspergé de couleur, l'homme me prend par le bras, il rit et me dit : « ouvre ton cœur, aujourd'hui c'est Holi, la fête de la couleur et du printemps ! Vient fêter avec nous le retour de la vie ! ».

Je me laisse aller et suis les gens. Mon masque est toujours sur mon visage, je me dis qu'avec toute cette couleur peut-être que personne ne remarquera ma face décharné.

Lentement, je le retire. Je continue à me faire asperger de couleur. Mais, une chape de plomb, le poids du monde s'enlève de mes épaules. Je me sens un peu plus légère, j'esquisse un pas de danse. J'échange un regard complice avec un voisin, l'ébauche d'un sourire soulève la commissure de mes lèvres.

Je ferme les yeux et me laisse porter par le flot des gens qui m'entourent.

Quand je rouvre les yeux, j'aperçois un petit garçon effrayé et sanglotant dans le coin d'une ruelle. Après m'être débattue pour sortir de la fête je me penche pour proposer mon aide au gamin.

Un seul mot aux lèvres : « ma !»

Je suppose qu'il a perdu sa mère. Je lui offre mes bras, il se montre craintif mais, finit par s'agripper à moi.

Le petit s'est endormit quand j'arrive au poste de police où je trouve une mère éplorée qui dit ne plus retrouver son fils. Je lui montre l'enfant assoupit. Elle le reconnait et me remercie à grand cris.

Je la laisse prendre son enfant délicatement, qui ne se réveille que pour mieux se blottir contre sa poitrine. Un sourire de contentement flotte sur ses lèvres.

Dans une courte et vivace étreinte la femme me remercie et s'en va. Sa silhouette disparaît bientôt parmi la populace. 

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⏰ Last updated: Feb 19, 2019 ⏰

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un ciel sans étoilesWhere stories live. Discover now