Différent, et alors ? ( Auto Edition)

chapitre 2🖋️

J'aimerais tellement pouvoir remettre ma capuche pour me cacher. Mais cela est malheureusement impossible tant que je serais dans l'enceinte du lycée. Je regarde mon emploi du temps, et je m'aperçois que je vais devoir traverser tout le bâtiment pour me rendre à mon prochain cours.

Fait chier! Non, sérieux quel abruti a fait cet emploi du temps? Il nous fait courir partout. Il a cru que l'on avait besoin d'entraînement pour un marathon ou quoi ?

Je prends sur moi et me lance dans l'arène qu'est ce dédale de couloirs remplis de lions prêts à me dévorer tout cru.

Bon, j'avoue qu'il y a quand même quelques lionnes bien appétissantes, par contre niveau mâles en rut, il y a de quoi faire ici. À côté d'eux, je ne suis qu'un lionceau qui découvre le monde.

Le plus discrètement possible, j'essaie de rejoindre le cours de biologie. Il faut croire que je ne dois pas être très discret, car je me fais de nouveau arrêter par un groupe de mecs et de filles.

— Hey le nouveau, il t'est arrivé quoi pour avoir cette tronche ? me provoque l'un d'eux.

Franchement , je n'ai pas envie de leur répondre. Je réfléchis un instant pour trouver une réplique bien cinglante, mais rien ne me vient à l'esprit.

— Bah alors t'es sourd et muet, en plus d'être moche? relance-t-il.

— Ecoute, j'ai peut-être une sale gueule, mais au moins je n'ai pas ton QI d'huîtres, je renvoie du tac au tac.

Et voilà prends ça dans ta tronche. Je sais que c'est un peu minable comme réflexion, mais je n'avais rien de mieux sous la main.

Le mec affiche un sourire sarcastique sur les lèvres. Apparemment, je ne l'ai aucunement touché avec ma réflexion à deux balles.

Il s'avance et vient se planter à dix centimètres de moi. Il me dévisage et observe chaque cicatrice qui barre ma face. Je suis mal à l'aise, mais je ne bouge pas.

— J'ai peut-être un QI d'huître, mais je suis assez costaud pour te défoncer la tronche! Tu me diras, tu seras peut-être moins moche comme ça ?

J'essaie de ne pas montrer que je suis mort de trouille et reste statique face à lui. Je le fixe sans rien dire, car on m'a appris que le silence était la meilleure des réponses pour ce genre de personnes.

— Tu ne réponds pas ducon.

Une fille brune , les yeux gris sort du groupe qui se tient derrière ce mec et s'approche. Elle se place à ses côtés et lui chuchote quelque chose à l'oreille.

Le mec la regarde l'air ahuri, et se détourne de moi sans un mot de plus.

Encore une fois, j'ai échappé à une confrontation musclée.

Deuxième ami de la journée je me dis de façon ironique. Si je continue à ce rythme, je vais mal finir avant ce soir. Par contre, je suis assez curieux de savoir ce que cette fille a bien pu lui dire pour qu'il se détourne ainsi de moi. Je lui poserai la question à l'occasion.

Tout le monde se disperse rapidement, mais moi, je reste immobile au milieu du couloir, perdu dans mes pensées.

On finit par me bousculer ce qui me fait reprendre mes esprits. Je continue mon chemin vers mon prochain cours.

Comme tout à l'heure, des chuchotements et des regards s'attardent sur moi, mais je n'en tiens pas compte. J'ai l'habitude. Je m'installe à une table près de la fenêtre et sors mes affaires. Un mec assez petit, avec des lunettes, vient s'asseoir à côté de moi.

— Salut, je suis Milo.

— Salut, moi c'est Julien.

C'est bien la première fois de la journée, que l'on m'adresse la parole sans me dévisager, ni m'agresser. Ça fait du bien. Le prof arrive et le cours commence, je ne sais pas pourquoi mais j'ai la sensation qu'il ne va pas bien se passer.

Le thème du cours est la génétique, un thème qui m'intéresse beaucoup. J'aimerais devenir scientifique donc forcément cela me passionne. Le prof nous demande de prendre nos livres et de l'ouvrir et de lire le chapitre concernant le cours du jour.

Très vite, une fille lève la main pour poser une question.

— Monsieur, si je comprends bien, on prend bien des gènes de notre père et de notre mère?

— Exactement Lucie, on reçoit des gènes de nos deux parents, lui répond le professeur.

Un petit guignol, qui veut faire son intéressant réplique aussitôt.

— Alors monsieur, si on prend des gènes de nos deux parents, ça veut dire que ceux de Julien sont aussi moches que lui?

Toute la classe se met à rire et moi, je n'ai qu'une seule envie, c'est de me tirer le plus loin possible. Mon voisin de table se tourne vers moi.

— Laisse tomber, c'est un abruti! Ils ont oublié de lui donner les gènes de l'intelligence à lui.

Très vite, notre enseignant demande le silence pour poursuivre son cours. Le reste de l'heure se passe normalement.

Lorsque la sonnerie retentit, tous les élèves rangent leurs affaires et quittent la salle. Il ne reste plus que moi et Milo.

— Dis-moi, Julien ça te dirait de venir manger un morceau avec moi, ce midi? me demande-t-il subitement.

— Euhhh, je bégaye, je n'avais pas prévu de manger dehors mais pourquoi pas.

Je n'allais pas refuser. Pour une fois que quelqu'un s'intéresse à moi, sans focaliser sur mes cicatrices.

Nous sortons de la classe et traversons le lycée rapidement. Une fois dehors, nous prenons la direction du fast-food qui se trouve pas très loin. Personne ne dit un mot, mais malgré tout l'ambiance est assez détendue.