chapitre 3 🖋️

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Nous arrivons au fast-food et allons directement passer notre commande. Je meurs de faim et je commande trois hamburgers, des frites et une boisson. Milo me regarde surpris et me réplique.

— Tu es sûr que tu vas manger tout ça ?

— Bien sûr que je vais tout manger, je crève la dalle, je réponds du tac au tac.

— Mais tu mets tout ça où ? Vu comment tu es fin.

— Bah écoute, je n'en sais rien.

Milo lui ne commande qu'un seul hamburger accompagné de frites et d'une boisson. Une fois notre commande servie, par cette fille qui a l'air de faire ce boulot par désespoir de cause, nous cherchons une table de disponible.

À cette heure-ci, le fast-food est noir de monde. Milo, qui trace devant moi, me fait signe qu'une table s'est libérée juste à côté de lui. Nous nous asseyons l'un en face de l'autre. Ma capuche encore et toujours vissée sur ma tête.

— Tu ne veux pas retirer ta capuche?

— Euh, je ne sais pas si c'est une bonne idée, vu le monde qu'il y a.

— Tu n'en as rien à foutre des autres, ne les laisses pas t'atteindre, me conjure-t-il.

Je sais qu'il a raison, mais j'ai tellement l'habitude de me faire le plus discret possible. Hésitant, je passe mes mains sous ma capuche et la fait tomber lentement en arrière. Milo face à moi me sourit, il a l'air heureux que je le fasse. Je regarde discrètement autour de moi et finalement personne ne me remarque, ils ont tous le nez soit sur leur téléphone, soit ils mangent et discutent.

Je me détends lentement et c'est bien une des premières fois que cela m'arrive.

— Vu que tu viens d'arriver, je suppose que tu viens d'emménager, il conclut, tout en mangeant.

— Eh bien, non, j'ai toujours habité ici, mais avant, je suivais des cours à domicile.

— Ah bon pourquoi ça ? il me demande réellement intéressé.

— Mes parents, enfin surtout ma mère, avait peur pour moi et depuis tout petit elle me surprotège, je révèle.

— D'accord, je vois, ça doit être lourd à force.

— À qui le dis-tu. Je ne supporte plus de l'avoir toujours sur mon dos. C'est pour ca que j'ai demandé à venir au lycée.

La discussion avec Milo se passe tranquillement, il ne pose pas trop de questions indiscrètes et ne me met pas mal à l'aise. J'avale mon repas en un éclair alors que lui, n'en est qu'à ses frites.

— La vache, tu ne manges pas tu engloutis! il relève, amusé.

— C'est vrai que je mange vite, mais prends ton temps toi, t'inquiètes pas.

Vu que moi, j'ai fini, je l'observe manger en sirotant ma boisson et détaille son visage. Ses traits sont fins. Il a des lèvres pleines, des yeux pétillants. Je le trouve beau et j'ai envie d'en savoir plus sur lui, le lycée et les autres élèves.

— Tu as toujours vécu ici toi aussi?

— Non, je suis arrivé quand j'avais 5 ans, mes parents ont divorcé et je suis venu vivre ici avec ma mère.

— Ah désolé, pour tes parents

— Pas de souci, c'est mieux ainsi, je t'assure! ils passaient leur temps à se hurler dessus.

Le repas se termine et je n'ai pas osé demander plus de choses à Milo. Après tout, je pourrais toujours le faire plus tard. Je jette un œil sur mon portable et j'y vois cinq appels en absence et huit sms.

Sans même regarder, je sais que c'est ma mère, elle n'a pas pu s'empêcher de venir à la pêche aux informations. Elle attendraque je rentre. Je range mon téléphone dans ma poche et attends que Milo soit prêt à partir.

— On y va, Julien? m'interpelle-t-il.

— Oui. C'est parti! Tu vas faire quoi cet après-midi ?

— Rien, je vais, trainer chez moi en attendant que ma mère rentre de son taff et toi ?

— Je vais sûrement devoir répondre à l'interrogatoire que ma mère va me poser, dès que j'aurais franchi la porte, je réponds désabusé.

Milo se marre en entendant ma réponse. On se check et chacun part dans une direction différente.

Me retrouvant seul, instinctivement, je remets ma capuche pour me dissimuler et je marche en regardant le sol. J'accélère le pas pour rentrer, je n'aime pas être seul dans la rue. Dix minutes plus tard, me voilà devant chez moi .

J'habite une maison assez grande dans un quartier assez bourgeois. J'ouvre le portail en bois, le referme, avance et grimpe les trois marches du perron pour atteindre la porte d'entrée.

Bien sûr, elle est là ! Elle se tient dans l'encadrement avec son sourire écarlate, son regard perçant, habillée de la dernière robe à la mode.

Ma mère ne travaille pas et passe donc son temps à faire les boutiques quand je ne suis pas là. Elle a tout lâché pour m'élever et en même temps, mon père gagne très bien sa vie, donc nous ne manquons de rien.

— Mon chéri! Alors, je veux tout savoir. Comment, s'est passée cette matinée ? Tu t'es fait des amis ? Les profs sont comment ? Et le lycée ? Personne ne s'est moqué de toi ? elle débite à toute vitesse.

— Eh maman, c'est bon! Respire, je vais te raconter, mais laisse-moi le temps d'arriver quand même.

Ma mère me suit comme un petit chien, elle doit avoir peur que je m'enferme dans ma chambre et que je ne lui raconte rien.Ce n'est pas l'envie qui me manque de faire ça, mais je pense qu'elle ne va pas apprécier.

— Maman, c'est bon lâche-moi un peu, il n'y a pas le feu, je râle.

— Dis-moi tout maintenant comme ca après je te laisse tranquille.

— Tu me fais rire, tu ne me laisses jamais tranquille! Tu es toujours sur mon dos, et pourtant, je ne suis plus un bébé.

— Tu seras toujours mon bébé à moi, même quand tu auras trente ans, me déclare-t-elle.

Ma mère me désespère, mais que voulez-vous, je l'aime même si elle me les brise. Je vais m'affaler dans le canapé et bien entendu, elle est là déjà, oreille ouverte pour m'écouter.

Je commence mon récit en omettant de lui dire les deux petites altercations que j'ai eues, sinon je la vois déjà courir au lycée dans le bureau du proviseur. Je lui dis que la matinée, s'est plutôt bien passée et que je m'entends bien avec un gars qui s'appelle Milo et que l'on a mangé ensemble.

Un sourire éclaire son visage, je sais qu'elle est contente que j'ai un ami, mais je me méfie quand même. Milo a l'air cool, mais on ne sait jamais. J'adore voir ce sourire sur le visage de ma mère, cela la rend encore plus belle et en ce moment, elle en a besoin.

Après ce moment mère-fils, je file dans ma chambre, allume la musique et m'allonge sur mon lit. Je ferme les yeux et profitetout simplement de ce moment de calme.

Ma première journée ne s'est pas si mal passé que ça au final, mais je sais que ce n'était que le début d'une longue année.

Différent, et alors ? ( Auto Edition) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant