Nebu

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Assise tranquillement sur un banc au-dessous d'une des tonnelles de la ville, je feuilletais un roman poser sur mes jambes croisées, qui narrait l'histoire d'une jeune compatriote, un gobelet de café chaud à côté de moi. Les chants des oiseaux me berçaient, la douce brise matinale me caressait le visage, et l'odeur des citronnelles à proximité me chatouillait les narines. Il n'y avait pas de meilleure combinaison pour me mettre de bonne humeur et alléger ma journée.

Je commençais à me concentrer sur le livre lorsqu'un poids lourd tomba brusquement sur le banc, renversant presque mon café, m'interrompant dans ma lecture. Je tournai la tête tel un robot en direction du désagrément et découvris un homme, à en juger par ses vêtements, il était en pleine séance de jogging. Je restai immobile à lui fixer les sourcils froncés sans piper mot, ne pouvant pas croire que quelqu'un venait de briser ma bulle de paix. Chacun de ses mouvements secouaient le banc et la musique hideuse qu'il écoutait me cassait les tympans. On dirait qu'il le faisait exprès.

Quelques minutes, plus tard, qui me parurent une éternité, l'homme ôta finalement ses écouteurs et se tourna vers moi, me souriant innocemment et osant m'interroger.

- Est-ce que je vous dérange, madame ?

- À votre avis ? Répliquai-je en serrant les dents.

- Oh ! On dirait que j'ai vexé madame, me dit-il en riant. Me révélant au passage ses fossettes et ses dents blanches bien alignées.

Je soufflais bruyamment en essayant de calmer mes nerfs, s'il ne dégageait pas dans les prochaines secondes à venir, ma boisson brûlante pourrait atterrir accidentelment sur son visage. j'inspirai et expirai puis plaquai un sourire des plus hypocrite sur mon visage, puis commentai :

- Maintenant, que vous aviez bien ri, vous pouvez déguerpir pour que je puisse continuer ma lecture en paix s'il vous plaît ?

- Oh ! Je n'avais pas remarqué que vous lisiez, de quel  livre s'agit-il ? Il me questionna en s'approchant brusquement de moi, envahissant complètement mon espace personnel.

- Aveugle en plus, et je le tchipa en roulant des yeux.

- Vous les femmes noires, toujours à tchiper.

- Et alors ?

- «Apprends-moi», suggéra-t-il soudain.

- À quoi ? Lui réponds-je, en sentant vraiment la moutarde me monter au nez.

- À tchiper voyons.

- Parce que ça s'apprend maintenant ? Je lui fis remarquer en haussant les sourcils.

- J'en ai décidé que c'est ainsi, alors l'acceptez-vous ?

- Quoi ?

- À m'apprendre à tchiper.

- Bon, si tu veux, maintenant dégage, vous commencer sérieusement à me saouler, vous n'avez pas d'autres chats à fouetter par hasard. e voye yo voyew ? [on vous a envoyer pour m'emmerder ? ]

- Attends, attends, une dernière chose, je suis abednego, mais tu peux m'appeler Abed, se présenta-t-il en me tendant son poignet droit.

- Et moi, je suis : la fille qui va t'étrangler et t'enterrer dans un endroit ou même la CIA ne pourra pas te retrouver si tu ne dégages pas maintenant, ça te va comme prénom ?

Il passa la main dans ses boucles ondulées, m'observa attentivement comme s'il analysait le sérieux de mes propros, puis finit par éclater de rire.

- Vous etes vraiment drole, je vous admire déjà, au revoir profe, on se voit au premier cours demain.

Comme tu voudras, dis-je pour moi, je m'étais enfin libérée du gros lourd. Mais je ne pouvais plus me replonger dans ma lecture, le type m'avais vraiment énervée. Je fermai le livre rageusement et je prenais la direction de chez moi le maudissant tout au long du chemin pour avoir gâché ma journée.

Er Diache! MorenaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant