Chapitre 1 : La grande dame en noir

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Je dévalais les grandes rues escarpées de Montmartre pour rejoindre Amélie et les autres au café d'en bas. Les trottoirs étaient dégoulinants d'eau, la pluie avait recommencé à tomber. Je courais dans d'innombrables flaques d'eau plus profondes les unes que les autres. Le monde semblait fermé, les passants cachés sous leurs imposants parapluies ne prêtaient guère d'attention aux conducteurs dont le visage étaient dissimulé sous les essuie-glaces. Il était bientôt dix-neuf heures et la nuit semblait déjà tombée. Les phares des voitures m'éblouissaient. Je décidai d'emprunter une courte ruelle pour arriver plus vite au café. J'allais déboucher de l'autre côté de la sombre rue quand un corps me heurta et je m'écrasai alors au sol. J'étais arrivée la tête la première dans une flaque d'eau. Je me redressai alors et essuyai mon visage avec les manches de mon sweat détrempé. Mon regard d'un profond vert anis se posa sur une femme, avec un style parisien, habillée entièrement de noir, cachée sous un béret bleu marine. Elle se trouvait au sol sur le dos et son sac à main noir en cuir s'était renversé sur la route. Je distinguai alors de nombreuses partitions trempées et décolorées à cause de l'eau. J'accourais pour ramasser les morceaux de papier, confuse de ma bêtises, quand j'entendis la femme me lancer :
- Ne touche à rien, petite empotée !
Je me retournai vers elle, surprise du lton qu'elle prenait pour me parler.

- Excusez-moi, je n'ai pas fait exprès.

- Je me fiche de vos excuses bidons ! Vous croyez que je suis venu de New York pour me faire bousculer par une vulgaire petite lycéenne minable ! Beugla-elle de nouveau en ramassant ses feuilles.

- Je suis désolée mais cela ne vous permet pas de me parler sur ce ton ! Ça arrive à tout le monde ! Criai-je avant de m'enfuir sur le trottoir d'en face.

C'était malheureux pour elle mais cela ne lui donnait pas le droit de me parler ainsi ! Je connais beaucoup de musiciens mais je n'en avais encore jamais vu une aussi mal élevée.
Je continuai ma course à travers les jolies avenues de Paris sous la pluie.
. . .
J'arrivai enfin devant le café où je devais rejoindre mes amis et les aperçus à travers la vitre jaunâtre du bar. Je pénétrai alors dans l'entrée et m'essuyai les pieds. J'étais trempée de la tête aux pieds. Mes cheveux noirs comme l'ébène dégoulinaient d'eau et je pouvais sentir de fines et douces gouttelettes effleurer mon cou puis descendre jusque dans le creux de mon dos. Je retirai mon sweat imbibé d'eau et le teint par le bras. Je scrutai ensuite la pièce et distinguai Amélie qui me faisait un signe de la main. Je souris puis passai entre les nombreuses tables pour la rejoindre. Le café semblait assez chaleureux ce soir là. Des musiciens jouaient sur une petite estrade. Il y avait un contrebassiste, un pianiste, et trompettiste qui nous interprétaient un morceau de jazz. Mes oreilles furent tout de suite aspirées par cette mélodie, je n'entendais plus rien d'autre.
Je m'assis entre Amélie et Swann qui rigolaient en découvrant mon état.
- Mais enfin, qu'est ce que tu as fais pour te retrouver dans cette état, Gabi ? Ricanait ma meilleur amie. Eh, il y a quelqu'un ? Continua t-elle en passant une main devant mon visage.

Je repris mes esprits.
- Laisse tomber Mel, elle est encore absorbée par la musique ! S'exclama Justine en rigolant.

Je souris doucement.
- Regarde moi ça, Gabi, qu'est ce que tu as foutu ! Tu es trempée ! Blâma Swann en enroulant son écharpe autour de mes cheveux.

- Merci Swann. Dis-je m'essorant les cheveux.

Tous les quartes me regardèrent désespérés par mon état. Les grands yeux noisettes d'Amélie me fixaient comme si elle était impatiente de me dire quelque chose. Ses cheveux raides et caramels descendaient jusqu'à la table et un petit crayon à papier tenait deux de ses mèches, ce qui lui donnait un air décontracté et zen. Mel était dans le même lycée que moi mais avait prit une option art appliqué. C'est une merveilleuse dessinatrice.
Justine, elle, possédait de courts cheveux couleur or et ondulés sur les pointes. Ses yeux, d'un intense bleu azur, étaient assortis à son foulard. Justine est très bien élevé et vivait dans un grand appartement avec son père, un homme très riche, dans le seizième arrondissement. Elle était harpiste et j'adorais jouer avec elle.
Louis, qui n'avait pas participer à la discussion que nous avions eu, a de petits yeux noirs dissimulés sous une vieille paire de lunettes et des cheveux très courts et bouclés. Il était rester plongé dans ses mathématiques. Louis veut faire une grande école d'ingénieur et ces pour cela qu'il travaille nuits et jours pour réussir son examen d'entré à la fin de l'année.
Swann quant à lui, avait de grands yeux vert bleuté avec de jolis cheveux blonds ébouriffés dans tout les sens. Il est guitariste et adore composer des chansons pour la chanteuse du groupe de musique du lycée. Elle s'appelle Léa. Nous formons un groupe génial et...
- Oh Gabi ! S'exclama Swann.

Compter sur ses doigtsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant