Chapitre 2 : Fin de vacances

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- Encore toi !
Je pivotai et découvris le regard noir de la pianiste. Elle avait également pleuré. Son mascara coulait le long de ses joues. Bizarrement, à la vue de mon bouleversement, ses yeux s'adoucirent...
- Qu'est-ce que tu fais ici,  à fouiner !

Je n'osais pas répondre. J'étais trop intimidée par cette mystérieuse femme au talent incroyable.
- Je t'ai posé une question, jeune fille ! Gronda de nouveau la pianiste.

- Je...

Elle me fixa d'un regard insistant.
- J'ai trouvé votre interprétation très triste, mais... bafouillai-je, j'étais en train de tout gâcher ! Mais c'était vraiment beau, hein ! Vous ne l'avez absolument pas massacré ! Je m'emportais de plus en plus. Je décidai alors de conclure.
- Bref, j'ai été vraiment touchée par votre morceau, Madame.

Je venais de tout gâcher... J'avais terriblement honte.
- Qu'est-ce que tu y connais de toute façon ! Ricana la femme d'un air moqueur en replaçant sa chevelure noire dans son béret à la parisienne.

Son petit air moqueur et son ton m'exaspéraient. Son béret cachait de nouveau ses yeux ainsi que son regard de glace. Je retrouvai alors le personnage froid, arrogant et antipathique que j'avais bousculé tout à l'heure.
- Il s'avère justement que je suis pianiste. Vous avez du talent mais absolument pas le profil d'une grande musicienne !

J'espérais l'atteindre au plus profond d'elle même. Sa bouche camouflée sous une épaisse couche rougeâtre de rouge à lèvres s'ouvrit alors, puis se referma.
- Sur ce, je m'en vais ! Bonne soirée ! M'exclamai-je effrontée

- Nous nous reverrons, Mademoiselle. Entendis-je derrière moi.

Un minuscule rire s'échappa de ma bouche avant de quitter le sombre couloir.
Je descendis alors très vite les escaliers pour rejoindre mes amis. Je quittai le rayon des partitions et aperçus Mel qui cherchais quelque chose sur une étagère.
- Eh Mel ! Je suis là !

- Gabi mais t'étais où, nous, on travaille là ! Se raidit Amélie en croisant les bras.

J'accourrai vers celle-ci.
- Je suis désolé, mais il faut que je te raconte quelque chose. Qu'est-ce que tu cherches ?

- Le livre qu'on doit analyser, c'est « Eugénie Grandet » de Balzac. Bah, racontes-le moi tout de suite. D'ailleurs-moi aussi j'ai un truc à te dire.

- Comment-ça ? Qu'est-ce qu'il se passe ?

- Tu n'as pas remarquer que Swann était bizarre aujourd'hui ? Continua Amélie en trouvant, en même temps, le livre qu'elle cherchait.

- Oui, il ne parlait presque pas, quand on est partis du café. Tu sais pourquoi ? Demandai-je alors inquiète pour mon ami.

- Tu connais, Léa, la chanteuse pour qui il compose ?

J'acquiesçai puis elle continua :
- Et bien, elle lui a envoyer un sale message sur sa dernière composition et Swann est énormément vexé.

Mes yeux s'écarquillèrent. Swann prend beaucoup compte de l'avis des gens par rapport à ce qu'il fait.
- Comment tu l'as su ? Répliquai-je pour en savoir plus.

- C'est Capucine qui m'a tout dit, hier en cour de dessin.

Capucine est la petite sœur de Swann, elle n'a qu'un an de moins que nous mais elle fait au moins une tête de plus que son frère. Alors que Swann est déjà grand. Capucine prend des cours de dessin avec Mel tout les Samedi.
- C'est une sacrée peste cette Léa ! M'énervai-je. Demain j'irai lui dire deux mots pendants la pose.

- Fait ce que tu veux pour Léa, mais pour l'instant je pense qu'on devrait aller consoler Swann. Déclara Amélie en déposant délicatement une main sur mon épaule.

- Non, pour l'instant, nous allons finir notre exposé !

- Oui tu as raison, allons-y ! Mais attends, tu ne voulais pas me parler de quelque chose ?

- Oui mais je t'en parlerai demain. Assurai-je en partant devant.

Nous rejoignions alors nos amis qui était rester assis sur un bureau en bois.
. . .
Le travail avait duré au moins deux heures et nous étions tous exténués. Nous nous dirigions tous ensembles en rigolant vers la porte de sortie. Quand j'ouvris la porte, la première, je reconnus le béret bleu marine de la pianiste qui montait dans un taxi. Elle avait enfilé de grosses paires de lunettes noires qui cachaient la totalité de son visage blanc comme neige.
Elle m'adressa un bref regard puis disparue dans l'obscurité de la limousine noire.
- Gabi, dépêches-toi ! On va rater le métro ! Gronda Louis qui avait déjà descendu les escaliers.
Je mis ma capuche de sweat et descendis alors les escaliers pour retrouver mes amis qui avaient déjà avancés.
Nous marchions jusqu'au métro qui était à quelques rues de la bibliothèque seulement.
Je repensais au magnifique morceau qu'avait joué la mystérieuse pianiste. J'hésitai à en parler à mes amis. Je sais que je ne devrai pas repenser au piano car à cause de cela, l'année dernière, je ne travaillais plus et j'avais finis par me retrouver en échec scolaire.

Nous avions rejoins le métro et j'attendais avec impatience ma station, frigorifiée et trempé par la pluie. Soudain, le train s'arrêta et je sortis le plus vite possible en compagnie de Swann qui habitait dans le même quartier que moi. Nous fîmes un bref signe de main à Louis, Justine et Mel avant qu'ils disparaissent dans la foule.
                              .   .   .
Nous marchions sur le trottoir détrempé d'une ruelle qui débouchait dans ma rue. Le silence qui pesait entre nous depuis le métro me gênait énormément. D'habitude, Swann est un grand bavard qui adore raconter les moindres détails de sa journée.
- Tu sais... j'ai appris pour ta nouvelle chanson... et...

- Je ne vois pas de quoi tu parles... m'interrompit Swann d'un coup.

- Ah bon, mais je voulais l'écouter moi...

- Je te déconseille de l'écouter tu risquerais d'abîmer tes tympans...

J'écarquille les yeux et lui mis une petite frappe sur l'épaule.
- Écoute Swann, c'est pas parce que cette Léa, t'a dit que ta chanson est nul, qu'elle est nul ! Qu'est ce qu'elle sait faire à part chanter cette fille, hein?

Swann ne répondit pas et fixai ses pieds. Je grimpai sur les premières marches de mon immeuble et continuai :
- Bon, tu me l'envoie ce soir et nous verrons bien si elle est nul ! Sur ce, bonne nuit Swann !
Je lui fis la bise puis claquai la porte.

Je montai difficilement mes escaliers pour rejoindre mon appartement. Mes chaussures, trempées, créaient des bulles à chaque pas que je faisais. Arrivée devant la porte, j'enfonçai ma clé dans la serrure puis entrai. J'enlevai mes chaussures, mon sweat, posai mon sac et vins me faufiler entre mon père et ma mère sous un plaid devant mon film préféré : « Gladiator » avec Russel Crowe, autrement dit le meilleur acteur de tout les temps.
                              .   .   .
Je m'étais endormie sur l'épaule de mon père qui ronflait. Soudain, mon téléphone vibra.
C'était Swann qui venait de m'envoyer sa chanson. Je mis alors mes écouteurs et démarai la musique. Après une minute d'écoute, que trois mots me vinrent à l'esprit.
- C'est juste magnifique...

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⏰ Dernière mise à jour : Jan 13, 2019 ⏰

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