Deux choix, une seule raison...

Chapitre 9 : Clash

Je sursaute à la vue d'une silhouette, appuyée nonchalamment face à moi contre la paroi rocheuse sur laquelle je m'appuie.

‑Vicieuse que tu es ! Tu as apprécié le spectacle au moins ? me taquine l'objet de mes fantasmes, encore torse nu et ruisselant.

‑Eurk ! Quelle horreur !! Je vais en faire des cauchemars sombre crétin ... lui repondé-je, tout en le reluquant discrètement pendant qu'il s'essuie de sa main sa sueur perlant de son front.

Nevra arque un sourcil à cette réplique et voyant mes lèvres bleuir par le froid me prend dans ses bras pour m'aider à sortir de ma planque. Son torse chaud plaqué contre mon dos me réchauffe instantanément, ses bras m'entourent et frottent vigoureusement mes épaules. On est loin de la douceur à ce rythme.

Je frissonne malgré moi et apprécie d'être contre lui-même si je sais que c'est à sens unique et que si l'averse s'avère, je ne serais qu'une femme parmi tant d'autres pour lui. On s'installe et nous nous allongeons sur le sable, côte à côte pendant de longues minutes sans s'adresser le moindre mot et seuls nos regards communiquent dans un dialogue silencieux.

Nevra se rapproche un peu plus de moi, chacun de ses mouvements me font frissonner puis sa tête se pose sur mon épaule et quelques-unes de ses mèches noires viennent chatouiller ma joue, me donnant une envie irrépressible d'y enfouir mes doigts.

Un de ses bras se glisse autour ma taille, l'enserre tandis qu'une de ses jambes s'emmêle à la mienne, nous plaquant encore plus l'un contre l'autre. Je retiens mon souffle lorsque je sens une bosse contre ma hanche puis je me dis que cela ne peut pas être possible, que je suis en train de me faire un film et qu'il se joue de moi. Le ténébreux se redresse sur un bras pour m'observer, ses longs doigts dessinent le contour de mon visage, glissent sur mes lèvres entrouvertes.

Sa bouche se pose délicatement sur la mienne, se fait de plus en plus pressante pour forcer le passage puis se radoucit quand nos langues se rencontrent, s'emmêlent et entament une danse sensuelle. Mon corps se cambre et se presse contre celui de Nevra, nos baisers s'intensifient pendant que l'une de ses mains me caressent la poitrine jusqu'à qu'une voix gênée nous coupe dans nos ardeurs.

Nous nous éloignons vivement l'un de l'autre, nous nous relevons prestement et Chrome détourne le regard mais je sens qu'il sourit. Il va me faire subir un interrogatoire que je ne pourrais pas éviter. Il annonce à Nevra que Miiko veut le voir sur le champ, se retourne vers moi pour me proposer de passer le reste de la journée avec lui, tout en s'éloignant.

Nevra me regarde avec anxiété, s'excuse pour l'interlude sensuel et le baiser puis me dit qu'il n'aurait pas dû se passer ça. Ça ? Le baiser ? Pour lui ça veut donc dire que ça ne représente rien et j'ai comme l'impression de m'être pris une gifle en plein face. Mon cœur serre à ses propos et je ne peux m'empêcher de le rembarrer car je n'ai que faire de ses excuses à deux manaas et trois cents.

‑Ce n'est pas comme si on avait couché ensemble ou qu'on s'est promis je ne sais quelle connerie ! En fait, tu ne me fais que prouver que tu portes bien ta réputation et que tu es de la trempe de Valkyon ! Ce n'est pas pour rien que vous êtes amis !! Alors tu sais quoi ?! Ciao, je n'en ai rien à cirer de toi et des mecs je peux m'en trouver sans soucis.

‑Aria, arrêtes ! Tu vas loin pour un simple baiser me lance-t'il, vexé.

‑Justement, sombre abruti ! Tu prends, tu utilises et tu jettes mais tu sais quoi ? Vas te faire foutre chez les kappas !

Il se rapproche de moi mais je le repousse mains contre son torse et le laisse planter là pendant que je tente de garder ma fierté en ayant une démarche digne. Je sens son regard dans mon dos, je lutte pour empêcher mes larmes de couler et puis bon, heureusement que j'ai des amis sur qui compter.

Mon lit m'a bien manqué, le soir venu et je suis soulagée de pouvoir m'enfouir sous ma couette moelleuse car le reste de la journée fut très intense.

Chrome s'évertue à m'occuper au maximum car il a vite compris qu'il y a eu un clash entre moi et ce crétin de Nevra. On a nettoyé le cimetière de fond en comble et à chaque tombe que je nettoie, je ne peux m'empêcher d'adresser un petit mot ou une prière à chaque défunt et Chrome respecte ma volonté de parler aux pierres tombales dont certaines ont subi les affres du temps. Kaeo vient se blottir contre moi, ses plumes me chatouillent le visage mais sa présence m'apaise instantanément.