Chap. 1.

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— Mon bébé.

Je tourne ma tête vers l'homme qui me parlait en ce moment, mon homme pour être précise. Son visage décoloré et ses yeux rouges  m'indiquent immédiatement qu'il vient de se taper des litres d'alcool. Je jette un oeil à ma montre, une heure deux minutes. Je souffle en rejetant la tête en arrière, décontenancée.

— D'où viens-tu, Dylan ? dis-je, la voix glaciale.

Ses lèvres fines s'incurvent en un sourire mesquin, comme s'il s'en foutait du fait que je suis terriblement énervée en ce moment.

— Je t'ai pas trompé, t'inquiète pas, il répond en avançant vers moi à pas légers.

Il est si léger, si de bonne humeur, si ivre et éméché qu'il ne se rend pas compte qu'il me dégoûte. Enfin, ce qui est totalement habituel. Il me dégoûte chaque fois qu'il prend cette saleté. Je le déteste d'être aussi insouciant pour un homme de son âge.

Il s'approche toujours dans ma direction, souriant. Je décide de me levée pour ne pas le laisser m'atteindre, mais il s'empare sur-le-champ de mes mains, les pressant fortement contre les rebords du fauteuil où j'étais assise.

— Tu m'a manqué, babe... souffle-t-il doucement dans mon oreille.

Sa belle voix rauque que j'aime tant est malheureusement enrouée en ce moment et l'odeur que dégage son corps me répugne. Je grimace quand il touche mon cou avec ses lèvres en cherchant du bout des doigts ma poitrine. Dans d'autres conditions, j'aurai été hypnotisé par ce toucher électrique ; il m'aurait excité. Pourtant je ne ressens que du dégoût. Encore et toujours, du dégoût.

— Arrête ça, Dylan !

Je me dégage soudainement de son emprise, m'éloignant le plus loin possible de lui. Il se redresse également et me toise l'air agacé et  frustré.

— Mais qu'est ce qui ne va pas chez toi ?! je hurle, hors de moi. Tu finis de dépenser tout l'argent que je me tue à ramener dans cette putain de baraque, tu rentres ensuite pour me baiser comme si de rien n'était ?!

Son visage insouciant se durcit soudainement et je commence dès lors à regretter d'avoir laisser échapper ces mots de ma bouche. Parce que je connais cet homme à la chevelure brune, je sais exactement à quoi correspond ces yeux vert qui scintillent avec cette lueur.

Je vais passer un mauvais quart d'heure pour lui avoir parler ainsi.

Et tout se confirme lorsqu'il fonce sur moi, tel un taureau ayant vu rouge, et m'immobilise sur le mur dont la blancheur est corrompue par quelques éclaboussures de sang par-ci, par-là.

— Espèce de pétasse, crache-t-il, t'as cru que t'étais qui pour me parler comme ça ?! Hein !

Alors que je m'attends à recevoir des coups de pied dans le ventre comme à l'accoutumée, il m'assène à la place plusieurs gifles successives. La virulence de ses coups me fait tomber mollement sur le sol crasseux de notre taudis. Je crie de douleur, je me tords de souffrance. Les larmes s'empressent alors de tremper mon visage bouffi et dominé par des cicatrices antérieures. Ses poings continuent de pleuvoir sur mon corps entier. Mon visage, mes jambes, mon ventre. Partout. Cette scène n'est en rien nouvelle pour moi, je la vis au quotidien comme si c'était une vulgaire routine que je ne pouvais plus empêcher. Un liquide au goût de rouille coule dans ma gorge, j'ai de plus en plus du mal à respirer. Je sens également le même liquide humidifier mon nez. Putain. J'ai mal.

— Demandes moi pardon, idiote, m'intime-t-il en agrippant fortement mes cheveux pour me forcer à le regarder.

Je n'ai d'autres choix que de lui obéir pour mettre fin à tout ce supplice. Je me suis adoucie, et je le suppliais de toutes mes forces. Mais Dylan ne m'écoutait pas ; il ne l'ai fait jamais d'ailleurs. Il faut toujours qu'il en fasse trop pour me montrer qu'il me domine, que je suis sa soumise et exhaustivement à sa merci.

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