Chapitre 10 : Promesse

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15 Mai 1945 :

Ce fut la pire année de ma vie. Là bas. Dans les camps. Je n'étais même pas un être humain à leur yeux. Juste un numéro. Le numéro 234059 pour être plus précis. Heureusement, la guerre était finie. Nous, derniers survivants, fûmes libérés et pûmes rentrer chez nous.

Je me tins tant bien que mal sur mes jambes devenues frêles, car, privés de nourriture, je devins très amaigri, devant le manoir, dans l'espoir qu'Armin m'y attende. Je me dirigeai vers la porte d'entrée. J'hésitai à frapper. Qui m'ouvrira ? Armin ? Petra ? Erwin ? Quelqu'un d'autre ? Personne ?

Je pris mon courage à deux mains et frappai. Ce fut une petite femme, blonde aux yeux bleus, comme Armin, qui m'ouvrit. Je me demandai qui pouvait elle bien être, quelqu'un de la famille d'Armin ? Sa femme ? Elle sembla surprise de me voir.

? : Bonjour ! Vous devez être Eren Jeager n'est-ce pas ?

Eren : Bonjour ! Euh effectivement c'est bien moi !

? : Mon nom est Historia Reiss, je suis la cousine et notaire d'Armin Arlert. Enchantée ! Je vous en pris entrez !

Je franchi donc la porte pour me trouver dans le hall d'entrée. Rien n'avait changé, pourtant j'avais l'impression de ne pas être venu ici depuis des années. Je ne vis toujours pas Armin, et je n'osa ni crier son prénom, ni demander à mademoiselle Reiss ou il était, par peur de sa réponse.

Historia : Allez dans le salon ! Je vous y rejoindrai dans quelques instants pour vous faire part de plusieurs choses.

Ces mots me firent froid dans le dos. Je priai pour que la mort d'Armin n'en fasse pas parti. Je me suis donc installer dans le salon en attendant la notaire qui arriva quelques minutes plus tard une pile de papiers entre les bras qu'elle posa ensuite sur la table basse, puis prit la parole.

Historia : Désirez vous quelque chose ?

Je refusai sa proposition en lui demandant de venir aux faits. Son visage prit soudainement une expression des plus tragique pour ainsi s'effondrer sur le siège en face de moi en soupirant, agrandissant mes peurs.

Historia : Vous devez sûrement vous demander où se trouve Armin en se moment même ?

J'acquiesçai, sentant mon angoisse devenir de plus en plus grande.

Elle se releva en m'invitant de la suivre dehors. Je la suivi, elle se dirigea vers un coin du jardin où se trouvaient deux pierres tombales. Une au nom du grand père d'Armin, et une autre, avec gravé dessus le nom que je redoutait tant voir apparaître ici.

Historia : Il a été exécuté peu de temps après votre arrestation. Toutes mes condoléances.

Un grand vide s'empara de moi. Comme si une partie de moi venait de mourir. J'avais envi d'hurler, de pleurer mon désespoir, ma colère, ma haine, ma tristesse. Seulement, rien ne voulus sortir.

Elle me tendit ensuite une enveloppe qu'elle avait prit soin de prendre avant de sortir. Je tremblai, je crins du contenu qui m'attendais. Ce fut donc non sans difficulté que j'ouvris l'enveloppe et dépliai les feuilles de papier qu'elle contenait. C'était une lettre, d'Armin, et qui m'était destinée. Il était écris :

Mon très cher Eren,

Dieu soit loué ! Tu es toujours vivant ! Je suis désolé pour ce qu'il t'est arrivé là bas. Cela a dû être horrible. J'aurais aimé pouvoir t'éviter de vivre ça. Vraiment. Et, si tu lis cette lettre, tu dois sûrement le savoir, c'est que moi, je n'ai pas eu cette chance. Alors je tenais à te remercier. Merci pour ces cinq années inoubliables. Merci pour m'avoir fait sortir de cet isolement dont j'étais enfermé depuis ma naissance. Merci pour m'avoir pousser à braver les interdits, des plus futiles aux plus tabous, je n'en regrette aucuns. Je ne suis peut être plus de ce monde, mais, au moins, les derniers années de ma vie ont été de loin les plus belles. Je suis mort heureux, et ça, c'est à toi et à toi seul que je le dois, et je t'en serai éternellement reconnaissant. Parfois, dans la cellule où je me trouve au moment où je t'écris ces lignes, je me demandai comment aurait été ma vie si je ne t'avais jamais rencontré. Je serai sans doute, à l'heure ou tu les lis, encore dans le château, avec cette timidité, cet isolement me collant à la peau, avec comme seul relation mon grand père, les domestiques et les livres que j'ai dû déjà lu au moins dix fois chacun. Je serai sûrement encore vierge, et je serai mort comme ça, sans savoir ce qu'est la vie, la vraie. Crois moi, je préfère cent fois mieux la mort qui m'attend là, dans très peu de temps que celle qui m'aurai attendu dans des années et des années si je ne t'avais pas rencontré ou si ce n'était que toi qui était mort. Bien sûr ! J'aurais vraiment aimé que la police ne nous arrêtes ce jour là, où que la déportation des juifs des ces camps n'ai jamais eu lieu. A quoi bon massacrés des innocents juste pour des question religieuse ? J'aurai vraiment aimé que l'on puisse vivre notre amour durant les années à suivre, mais cela est, et tu le sais, malheureusement impossible. Ne soit pas triste Eren ! Ainsi va la vie que veux tu ? C'est triste mais il faut l'accepter. Et le fait que tu sois malheureux à cause de moi me sera insupportable même à travers la mort. Donc je t'en supplie, promet moi d'être heureux. N'essaie sous aucun prétexte de me rejoindre. Trouve toi une femme, marie toi avec, fais des enfants avec si tu veux mais s'il te plaît, vie longtemps et heureux, que je puisse bien me moquer de toi de la où je serai quand tu deviendra un vieux aigris tout ridés. Et si tu n'es pas capable de le faire pour toi même, fais le pour moi. Au nom de l'amour que nous nous portions, et qui, j'espère, nous nous porterons encore malgré immense précipice qui nous sépare.

Je t'aime Eren, si tu savais, Armin.

Ps : J'ai également écris mon testament que ma notaire recevra dans peu de temps.

Après quelques minutes à me tenir immobile devant sa tombe, l'air absent, je remis la lettre dans l'enveloppe puis Historia et moi retournons dans le salon ou elle me fis signer le testament dans lequel Armin me dédiai son manoir. Puis, Mademoiselle Reiss rassembla donc ses affaires pour partir quand je montai dans ses appartements.

Eren : Dite moi mademoiselle Reiss ! Savez vous ce que sont devenus les domestiques ?

Historia : Et bien...le jardinier et le gardien ont tout deux pris leur démission et sont partis, nous n'avons eu plus nouvelle d'eu. Quant à Petra, elle a contracté une grave maladie peu après votre déportation et en est morte quelque mois plus tard. Et celui qui vont à dénoncé, il a disparu après l'avoir fais et personne ne sait se qu'il est advenu de lui. Il à sûrement dû être rongé par le remord.

Puis elle aussi parti pour de bon. J'étais enfin rentré, mais à ce moment, j'étais devenu seul. Je me dirigeai vers notre ancienne chambre et m'effondrai sur l'ancien lit que nous portagions Armin et moi. Et je promis à Armin de tenir la promesse qu'il m'avais demandé, celle d'être heureux. Je décidai donc le lendemain de chercher du travail. Je fus embauché dans un petit café au centre ville de Vichy. C'est là où j'ai fais la connaissance de votre grand mère. Elle portait ce jour là une jolie robe rouge. Je me souviens qu'au moment de payer l'adition elle m'avait laissé son adresse. Vu que cette adresse se situait à Paris, j'ai directement commencé à lui écrire une lettre après ma journée en rentrant au manoir. Durant nos longues discutions, que ce soit par lettres ou face à face, elle me raconta qu'elle était une réfugiée japonaise, sa famille, qui n'avait pas la même idéologie que celle de leur pays, s'était réfugié aux Etats Unis puisque son père venait de là bas. Puis, ayant appris le français, à l'école, elle décida de faire ces études en France. Nous nous mariâmes ensuite en 1950, puis la suite vous la connaissez.

Je voyais tout le monde bouche bée, Annie et Sasha en pleur.

Sasha : Pourquoi ne pas nous avoir dis ça avant ?

Eren : J'attendais le bon moment, enfin je crois.

Annie : Et c'étais quoi le bon moment ? Que quelqu'un ai l'idée de fouiller dans le grenier pour trouver cette photo ? Et si personne n'avais trouvé cette photo, est ce que tu l'aurais raconté ?

Je réfléchis un moment.

Eren : Je ne sais pas, mais j'allais bien la raconté un moment donné cette histoire.

Annie baissa la tête, l'air triste.

Annie : Tu...tu as dû être tellement triste qu'il ne soit pas là, à tes cotés pendant toutes ces années.

Eren : Certes...mais il y avait Mikasa, et que si il était encore là, les merveilleux petits enfants que vous êtes n'auraient jamais vu le jour.

Annie se mit à sourire, et tous sont venus me prendre dans leur bras.

Tu avais raison Armin. Tu dois bien te fendre la poire de là où tu es en voyant ce que je suis devenu. Mais au moins j'aurai tenu la promesse, car malgré ta mort et maintenant celle de Mikasa, je suis vieux et heureux.

War's Memories [Eremin] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant