•Une rose•

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« - Oh, elle est jolie !
- Elle te ressemble. »

~

     - Regarde, la vois-tu ?
     - Oui ! Elle est magnifique !
     - Elle te ressemble, elle a l'air si tendre, délicate, discrète mais pourtant si robuste, avec un doux parfum enivrant. Tout comme toi.
     - Oh... Tu arrives à voir tout ça sur cette si petite plante ?
     - Ce n'est pas n'importe quelle plante, c'est une rose.
     - Mais pourquoi est-elle différente des autres ? Sa couleur contraste avec les autres, regarde ! Suis-je différente ?
     - Oui, tu l'es parce que tu es unique. Toutes ces roses sont différentes avec chacune des défauts et des qualités. Elles ont un physique et un caractère différents, mais c'est ce qui te rend unique. Pas vrai ?
     - Oui... J'espère l'être ! Dis... On pourra revenir pour l'arroser ?
     - Oui, si tu veux, on viendra t'arroser tous les jours.
     - Ouiii !! Merci !

Tous les jours, sans exception, ils venaient l'arroser. Ils venaient ensemble, que ce soit le matin, l'après-midi ou le soir.
À deux, ni plus ni moins.
Mais un jour, la fleur commença à faner, sa couleur s'affaiblissait, et l'odeur de son parfum si délicat diminuait de jour en jour.

     - Est-elle en train de mourir ?
     - Oui... Il est temps qu'elle parte, c'est celle qui a tenu le plus longtemps.
     - Elle est moche... Regarde ces tâches !
     - Elle n'est pas moche, elle rend juste l'âme. Elle s'est battue longtemps pour vivre, elle a des marques de guerre, ce ne sont pas des tâches ordinaires. Elle a survécu alors que ses amis ont péri avec le temps.
     - Mais elle est seule depuis longtemps, pourquoi a-t-elle survécu elle et pas les autres ? Elle est tellement solitaire maintenant...
     - Elle avait de l'attention et de l'amour, alors elle s'est accrochée.
     - ...

Ils partirent et revinrent encore quelques jours après, la rose allait de moins en moins bien, elle pourrissait.

Un jour, la rose tomba, mais ce jour-là, ce ne fut pas la seule à rendre l'âme.

Ce jour-là, l'homme vint seul pour arroser la fleur, même sans vie. Mais cette fois-ci, ce n'était pas avec de l'eau banale, mais avec ses larmes, cette eau salée qui coula le long de sa joue, stagna sur son menton et finit par tomber. Assis au milieu d'un champ, vide d'émotion, impuissant.
Ce jour-là, il écrivit une lettre.

« Pour toi, ma rose,
Je me souviens encore de la première fois où tu as vu cette rose, ton regard pétillant face à cette beauté, ton sourire quand je t'ai dit qu'elle te ressemblait, l'espoir de devenir comme elle.
Mais je crois qu'elle était vraiment liée à toi. La rose, à ta rencontre, était magnifique, tout comme toi.
Elle a eu des blessures à cause du temps, je ne savais pas que tu étais aussi blessé.
La rose était rouge.
Le rouge, comme la rage de vivre et la passion. Alors que maintenant, je la perçois comme une défaite. Cette rose est en sang, ton propre sang s'y reflète.
Et maintenant... elle est à terre, vide.

Est-ce que quand la fleur a commencé à faner, tu commençais à périr aussi ? Quand as-tu commencé à souffrir ? Quand as-tu commencé à avoir des marques ? Pourquoi ne l'ai-je pas vu ?
Tu pouvais m'en parler. J'aurais pu t'aider !
Il ne me reste que quelques jours à vivre... Je suis peut-être totalement égoïste, mais pourquoi n'as-tu pas attendu la phase terminale ? Je n'aurais pas eu à supporter ça... C'est si égoïste...
Je voulais finir ma vie à tes côtés, voir ton visage si lumineux, ton sourire si magnifique et tes yeux si pétillants.
Cela fait même pas 24 heures que je suis seul, tu me manques déjà. Je ne pensais pas te perdre aussi tôt.
La fin se résume maintenant à de la solitude, cette rose n'est plus là, tu n'es plus là, mais ma maladie est encore là.
Mais je me battrai pour toi.
Je t'aime. »

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