Les délices de notre folie

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Le rêve est un refuge où la limite entre le conscient et le subconscient est brisée, car le moment onirique est le moment où le subconscient prend la place du conscient dans notre propre réalité, c'est-à-dire le songe. Le rêve n'est que la formation d'une réalité qui nous convient et que nous concevons. Nous nous retrouvons souvent à de nombreuses situations qui nous paraissent tout à fait typiques mais que, une fois le conscient revenu, nous paraissent impossibles et dénouées de sens.

Je pense que le subconscient et le rêve ne sont pas insensés puisqu'ils sont le résultat d'un ressentiment intérieur et la matérialisation de désirs rejetés et un choix se pose souvent devant moi...Me réveiller pour faire face à la vie réelle ou me laisser submerger par les délices de ma réalité...

J'étais en marche pour une des plus belles soirées de la ville, dans un hôtel de ville plus précisément. J'étais accompagnée de mes parents. Les décorations du bâtiment étaient somptueuses, avec des fleurs blanches et rouges Je me retrouvai bien vite dans une grande salle. Le parquet luisait, reflétant les visages de toutes les personnes présentes. Cependant leurs visages n'étaient pas distincts, ils étaient cachés par une nuée sombre. La salle chaleureuse nous accueillait avec ses canapés rouges et noires, ainsi que des fauteuils moelleux. Je ne connaissais personne mis à part mes parents assis non loin de moi. Je me sentais nerveuse, au fond de moi je savais que j'allais passer, comme le passage entre la vie et la mort. Je pensais à tout et à n'importe quoi, comme un bilan général de toute mon existence. Je réfléchissais à toutes mes bonnes et mauvaises actions, faisant le point sur mon destin, comme pour savoir si j'allais au Paradis ou aux Enfers, mourir ou non. Ce passage pouvait être traversé par n'importe qui, n'importe où. Mourir est, scientifiquement parlant, le fait que notre coeur s'arrête. Cependant, l'allusion au coeur est toujours faite dans les récits d'amour. Notre coeur s'arrête de battre lorsque nous rencontrons la personne qui nous fait ressentir un frisson glacial dans l'échine et qui nous rappelle les douceurs du fantasme. Serions-nous donc en train de mourir ? L'amour joue avec notre coeur. Le mien se balançait dans tous les sens, battait à tout rompre, hurlant de désirs puis s'arrêta, d'un coup, comme frappé par la foudre. C'était ce que fit mon coeur quand je le vis.

Il s'approchait de moi dans son costume. Etant assise sur un canapé, il restait de la place à mes côtés. Je ne savais pas son nom, je ne savais pas qui c'était au premier abord, mais mon conscient le savait et le reconnut. La gêne me montait à la tête. Je me sentis mourir, était-ce cela mon moment de passage ? Je ne sentis plus mon coeur battre et j'eus le souffle coupé. Pendant le temps que je regardais cet homme qui devait un peu plus âgé que moi, je ne respirais plus. Sa chevelure était magnifique et d'un rouge carmin. Je me mis à penser à une rose, si rouge et attrayante mais si on ose la cueillir, on risquerait d'y perdre du sang. Le mien ne fit qu'un tour et devint chaud, me brulant de l'intérieur. Si je ne puis faire de comparaison typique de l'amour avec une flamme, je consumais à cause de lui. Si je le regardais trop longtemps, ce serait comme regarder le soleil sans protection, le toucher serait enfoncer ma chair tendre dans une épine. Et si l'idée de lui parler me vint, le résultat serait comme un muet essayant de dire quelques mots.

Je ne voyais que lui, et il s'assit à mes côtés. Je détournai les yeux, ne voulant me bruler les orifices oculaires. Je ne savais pas pourquoi, mais cet homme pouvait m'être toxique...et le danger n'était que plus tentant. Un rictus me parvint aux oreilles. Ah ! Quelle douce mélodie me dis-je. Je me retournai vers l'homme, attirée tel un papillon vers la lumière le soir : j'étais définitivement sous son emprise. Son sourire me fit penser à celui de la Mort attendant l'heure venue de ses victimes. Tandis que sa prestance me faisait fondre, son sourire me glaçait. Non pas de peur, mais de curiosité si puissante que j'en perdais la tête. Mourir n'était plus une hypothèse mais un fait, fait que j'acceptais immédiatement si je pouvais voir ce sourire pour l'éternité. Un cadavre j'étais maintenant, roide et sans vie. Si cet homme n'était autre que la Mort qui venait de voler mon âme, je lui offrirais mon coeur qui ne servirait plus à rien sans ma tête pour ressentir. La mort est une chose terrifiante, mais une fois qu'on ait accepté le fait que l'immortalité n'existe pas et que la fin d'une histoire doit être écrite, elle ne devient qu'une recherche d'un meilleur achèvement. La fin est meilleure lorsqu'elle est heureuse. L'homme à mes côtés était donc mon bourreau et mon salvateur.

ONE SHOT • Hisokae ( Hisoka x Mae )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant