Tu m'as adressé un signe de la main. Tu devais avoir mon âge. C'est bizarre mais maintenant que j'y repense, je ne me rappelle pas clairement de toi. Comme si les souvenirs qui t'étaient reliés avaient été plongés dans une brume douce qui te rendait moins précis, mais pas de la même manière que les souvenirs habituels. Je serais par exemple incapable de dire si tu étais un garçon ou une fille. Tu étais juste toi, tu étais juste là.
Après avoir vu que je ne me méfiais pas de toi tu es venu près de moi et a continué l'histoire que je me racontais. Dans mes souvenirs, ta voix aussi est embrumée, mais je sais qu'elle était douce comme une plume et agréable à écouter. Alors pendant que tu me récitait ton histoire, je m'endormis, à l'ombre des arbres de derrière la maison.
Quand je me réveillai, il faisait toujours grand jour et mamie me secouait légèrement. Elle avait pu rentrer pour manger avec moi mais devait faire vite.
Pendant le repas, elle m'expliqua que je pouvais me rendre à la plage et que la voisine me surveillerait. Ce que je fis.
La voisine était assise sur les marches de sa maison et démêlait des filets de pêche. Elle avait un air paisible sur le visage et chantonnait une mélodie joyeuse.
Je me tournais vers l'horizon lorsque je t'aperçu pour la seconde fois. La mer s'étendait jusqu'à l'horizon où elle se mêlait au ciel. Tu te baignais dans la lumière du soleil, cette scène avait presque quelque chose d'irréel. On aurait dit que tu clignotais avec les clappements de l'eau, en harmonie avec les éléments.
Je te rejoignis dans l'eau qui restait froide malgré la chaleur du soleil. Heureusement que je savais nager ! Voyant que tu ne parlais pas, te contentant de m'observer, j'engageai la conversation, tache qui s'avérait plus compliquée que prévu à cause de mes dents qui claquaient.
« Bonjour ! Comment tu t'appelles ? Je croyais qu'il n'y avait que des papis et des mamies ici. »
Tu m'avais répondu. Mais quoi ? Impossible de m'en rappeler aujourd'hui. Mais on avait bavardé.
Une conversation entre deux enfants de sept ans ne devait pas être réellement intéressante. Mais c'est quand même dommage que le cerveau décide de se débarrasser de certains souvenirs qui pourraient réchauffer le cœur de la personne que je suis maintenant.
Mamie m'appela et me demanda de rentrer car il se faisait tard. Je lui répondit que j'arrivais. Quand je me retournai vers l'endroit où tu te trouvais, tu avais disparu, aussi vite que tu étais apparu la première fois.
J'avais affaire à un étrange personnage !

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Brise marine
NouvellesUne brise marine, un vent venant de la mer par temps calme. Une brise marine, comme un souffle d'été sur un hiver glacé.