Chapitre 1 - Lettre 1

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Todd réfléchit comme il le put, avec son cerveau fatigué et embrumé. Que pouvait bien dire cette lettre...? Était-ce un message d'adieu ? Ou juste une lettre envoyée il y a de cela des jours, et qui avait juste prit du temps à arriver ? Quoi que cela disait, Todd ne serait pas déçu, car lire les mots de Neil était comme le retrouver. Alors il ouvrit délicatement l'enveloppe, et en sortit une feuille pliée en quatre. Le châtain posa doucement l'enveloppe à ses côtés, et calma les battements de son cœur avant de baisser les yeux sur les mots à l'écriture délicate.

« Mon cher Walt Whitman. »

Rien qu'à la première phrase, Todd sourit. Neil avait la fâcheuse tendance de lui donner des noms de poètes, et celui-ci avait été le tout premier.

«Je t'écris depuis Harvard, une école réputée, dont tu as sûrement déjà entendu parler. Pour ta gouverne, sache que je suis encore en vie. J'aimerai tellement t'expliquer tous les évènements de vive voix, mais je suis tellement loin de toi, de vous. Dommage qu'un appareil qui permette d'échanger avec quelqu'un quel que soit sa position n'existe pas, cela me serait bien pratique. Au moins, je peux t'envoyer des lettres, c'est un bon début. Il ne me reste plus qu'à t'expliquer comment j'ai ressuscité par écrit. »

Harvard ? Encore en vie ? Ressuscité ? Todd était perdu, et dire qu'il était abasourdi était un euphémisme. Il était tellement surprit, ses pensées complètement emmêlées, qu'il ne réagit même pas. C'était trop beau pour être vrai, trop irréaliste. Le cœur battant, Todd se concentra de nouveau, et recommença à lire la lettre. il était bien trop tôt pour y croire...

«Vois-tu, mon père m'a catégoriquement interdit de continuer le théâtre. Et diable, tu sais à quel point j'aime cela. C'est ce que je veux faire, et je ne voulais faire que ça. Alors, quand il m'a annoncé que j'irais à Harvard, puis dans une école de médecine, tu devines à quel point j'ai été détruit. J'étais bon, pourtant. Alors pourquoi ne veut-il pas que je continue ? Sûrement car, d'après lui, c'était une chose inutile... Tu es sûrement le seul à savoir à quel point j'aime cela, tu m'as vu tellement de fois crier mon texte. Et ce qu'il y avait de meilleur, quand je faisais cela, c'est que tu riais. Diable, Todd, j'aime ton rire, arrête donc de le cacher ! Si je savais écrire aussi bien que toi, j'écrirais des poèmes dessus.  »

Todd rougit en lisant les derniers mots, un léger sourie sur les lèvres. Oh oui, Neil était bon. Neil était fait pour le théâtre. Et cela, Todd ne savait plus que tout. Après tout, il l'avait vu réciter son texte, le jouer, le crier. Et Todd avait vu à quel point le regard de Neil brûlait quand il disait ses vers, à quel point Neil semblait épanoui sur scène. Et il haïssait ses parents, de l'interdire de faire la chose que le remplissait de joie, et qui faisait sourire toutes les personne qui le regarder.

«Tu m'excuseras si je me disperse, après tout, je t'écris cette lettre depuis ma chambre, caché sous la couverture avec ma lampe torche, mon nouveau colocataire ronflant sans retenu à mes côtés. Crois-moi, je ne suis là que depuis une journée, et je sais déjà qu'il sera d'un incroyable ennuie. Il n'a pas la même lueur que toi dans le regard : on dirait un automate, alors qui tu avais un regard si pétillant.   »

Toujours les joues rouges, le châtain rigola légèrement.

«Cette lettre se termine ainsi, je tombe de fatigue. Je suis désolée de ne pas avoir pu te contacter avant, mais mes parents m'avaient à l'œil tout le temps, impossible de t'écrire. Si tu savais comme tu me manques, j'espère pouvoir te revoir un jour.

J'espère que tu te souviens encore de moi, et que je te manque aussi, Neil. »

Todd sourit légèrement, et il relit un nouvelle fois la lettre, le cœur battant la chamade. Tout au long de la lettre, il avait pu comprendre que ce n'était pas une blague, que Neil n'était pas mort. Que Neil était à Harvard, sûrement en train de dormir, avec un nouveau colocataire, et qu'il avait pensé à lui écrire, à le prévenir qu'il était encore vivant. Alors, Todd eut les larmes aux yeux, ferma doucement la lettre, les derniers mots de Neil tournant dans sa tête. Le châtain n'arrivait pas à sortir Neil de sa tête, un sourire béa aux lèvres, et des larmes aux coin des yeux, qui ne voulaient pas coulé. Il posa la lettre à côté de son lit, et ferma les yeux. Et Todd s'endormit, de belles pensées dans la tête remplaçant celles désespérées et tristes. Et Todd rêva de Neil sur scène, de Neil qui souriait, de Neil qui riait. De Neil, à ses côtés.

Par CorrespondanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant