Prologue

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Il se contentait de petites pierres qui traînaient sur le bord de la chaussée ou sur les trottoirs, les meilleures étant les petits gravillons chevauchés et coincés dans les minimes fentes antidérapantes de la plaque d'égout. Il changeait d'endroit tous les premiers mardis du mois lorsque le service municipal de nettoyage s'affairait à l'entretien des rues. Les passants l'effleurent, piétinent, salissent le travail de semaines entières. Ils le frôlent, lui jettent un regard tant admiratif que dédaigneux, sans qu'il ne le sache. Il s'occupe, sans se préoccuper de l'allégresse environnante.

Il se trouve au pied du musée le plus connu de la région, il va bientôt ouvrir ses portes, l'homme n'a que quelques minutes devant lui. Il sait ce qu'il fait, il maîtrise son art. Une dizaine de minutes plus tard, essoufflé, il se lève d'un bond, s'étire, s'agenouille à nouveau. Il sort de ce qui lui sert de sac à dos un petit appareil photo où es inscrit son nom. A peine une photo prise, il sent son épaule attrapée et son corps pencher. Il voit un autre homme, qui sûrement dépasse les deux mètres, faire de grands gestes. Il semble hurler, l'homme comprend qu'il doit partir et laisser son œuvre derrière lui, c'est toujours comme ça. Arnaud Delpret est habitué à l'éphémère.

PAROXYSME ET ACCALMIEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant