chapitre 6

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     CHAPITRE VI

  Face aux traits sévères de Donatien, Inès semblait assez embarrassée.
- Tu complotes donc pour me séparer de Carole, grinça Donatien sur un air menaçant.
  Inès remua la tête. Son cœur battait rapidement.
- Tu voudrais te servir de cette grossesse pour arriver à tes fins. Voilà comment tu me remercies après l’aide financier que je t’ai apporté ainsi qu’à ta famille au village, petite ingrate, la réprimanda Donatien en allant lui saisir violemment le bras.
- Pardonne-moi, mon petit cœur. Ça n’a jamais été dans mes intentions de te décevoir, lui fit savoir Inès en pleurant.
- Là, tu me dégoûtes sincèrement. Je t’avais prévenu depuis le début que ce serait uniquement des plan-culs entre nous. Et tu m’as assuré que cela ne te posais aucun problème, reprit Donatien en relâchant son bras.
- Pourquoi est-ce si difficile pour toi de comprendre que je suis une femme qui a de l’amour à donner ? Une femme qui voudrait être aimé et fonder une famille. Je ne tiens pas à rester une domestique toute ma vie, lui fit comprendre Inès.
- ça, on en avait même déjà parlé ! Je t’avais promis de t’ouvrir une boutique afin que tu deviennes indépendante une fois que tu quitterais ton poste de servante. Mais tu ne le mérites pas. Le plus blessant pour moi a été de t’avoir entendu mentir à Dylan que je t’ai prise de force lors de notre première fois, lui demanda Donatien en la pointant de son index.
  Inès baissa les yeux car elle eut mauvaise conscience.
- Il est bien vrai que tu n’as cédé que plus tard à mes avances que tu rejetais. Mais, j’étais tranquillement chez moi, lorsque tu as fini par me dire au téléphone que tu acceptais enfin mes avances. Tu m’as ensuite invité à te rejoindre vu que tu étais seule à la maison ce jour-là, lui rappela Donatien.
  Inès ne releva toujours pas les yeux.
- Tu pensais vraiment que me faire un enfant me ferait t’épouser ?, s’enquit Donatien.
  Inès le regarda avec appréhension.
- Toi et moi, c’est fini. Désormais, cet enfant sera la seule chose qui nous liera, lui fit savoir Donatien.
  Donatien éprouva une grande souffrance à l’idée de ne pas voir son enfant naître ou grandit à cause de l’avancée du cancer de sang que son cancérologue lui avait détecté quelques jours plus tôt.
Inès s’approcha de lui pour lui effleurer affectueusement le visage.
- Tu ne peux pas me laisser tomber maintenant, je t’aime. C’est évident que nous sommes faits l’un pour l’autre. Ecoute, je ne révèlerai jamais à ta femme que tu es le père du bébé. Tu peux même rester avec elle comme c’est ce que tu veux, mais, ne me quitte pas s’il te plait, réagit Inès, en pleurant davantage.
- De toute façon, c’est trop tard. Tu as perdu déjà mon estime et mon attention, lui signala Donatien.
Cette phrase fit énormément souffrir Inès qui ne se résolvait pas à l’idée de se retrouver encore sans amant.
- Jamais je ne mettrai en couple avec toi, même si Carole me quittait après avoir découvert que je t’ai mise enceinte. Retiens-le une bonne fois pour toute !, insista Donatien avant de quitter la cuisine.
Donatien alla au salon. Il pensait sans cesse au fait que son enfant deviendrait bientôt orphelin. Il sortit de sa poche ses résultats médicaux. Il ne l’avait pas caché dans leur chambre conjugale car il avait peur que Carole ne tombe dessus. En consultant à nouveau le papier où le résultat était positif, il se rendit compte qu’il y avait eu une erreur au niveau du nom inscrit.
- DAGBEMANDOU Donatien. Le docteur a fait une erreur en remplaçant le B dans mon nom de famille par un D sur l’un des papiers, supposa-t-il intérieurement.
Donatien aperçut Marc-André qui alla s’installer dans la salle à manger à côté du salon. Marc-André était au téléphone avec son ami Josué. Donatien était tellement absorbé par ses pensées qu’il n’entendit pas Marc-André dire à Josué :
- Bien sûr que je viendrai jouer au basket demain matin, Josué. Pour rien au monde, je ne voudrais que Kenneth et Paul gagnent encore notre équipe. Tu as bien vu comment ils nous narguent depuis. On doit jouer le tout pour le tout demain pour que l’équipe retenue pour le prochain concours soit la nôtre.
Lorsque Marc-André vit son oncle, il paniqua. Celui-ci se rendit très vite compte avec soulagement que son oncle ne lui prêtait pas attention.
- Si je lui demande la permission pour aller jouer demain matin, il ne voudra pas me l’accorder, craignant pour ma sécurité, réfléchit intérieurement Marc-André.
Il prit tout à coup un air malicieux.
- De toute façon, il s’en ira de la maison un peu avant l’aube pour accompagner ma cousine à l’Aéroport. Ce n’est pas sûr qu’il revienne chez nous après avoir quitté l’aéroport. Je profiterai de son absence pour sortir de la maison, pensa intérieurement Marc-André.
- Pourtant, je me souviens avoir épeler mon nom de famille au cancérologue le jour où il remplissait ma fiche médicale. Je l’ai d’ailleurs vu bien l’écrire. Puis, sur les autres papiers médicaux, mon nom est bien écrit, se rappela Donatien de son côté.
Le regard de Donatien se figea soudain comme s’il venait d’avoir une illumination.
- DAGBEMANDOU, j’ai déjà entendu parler de cette famille. On peut d’ailleurs facilement le confondre avec mon nom de famille DAGBEMANBOU. Ce nom DAGBEMANDOU est peut-être porté par un autre patient ayant aussi demandé des analyses. Le docteur m’aurait-il remis par erreur le résultat d’un autre patient ayant ce nom de famille un peu similaire au mien ?, réfléchit Donatien.
Donatien secoua la tête.
- Les probabilités pour que cela ait pu arriver sont très faibles. Cependant, ce n’est pas impossible. Je dois en parler au docteur. S’il a bel et bien un patient portant ce nom, il se pourrait toujours que mon résultat soit négatif, présuma Donatien avec une lueur d’espoir.
Donatien alla dans le jardin où il contacta son cancérologue.
- Bonsoir docteur, comment allez-vous ?, lui demanda Donatien en prenant le soin de parler à voix basse.
- Je me porte à merveille, j’espère que vous aussi ?, s’enquit le cancérologue.
- Je viens de me rendre compte que sur l’un des résultats d’analyse il y a inscrit un nom de famille qui n’est pas le mien DAGBEMADOU Donatien. Avez-vous mal saisi mon nom ou avez-vous un patient portant ce nom ?, s’enquit Donatien.
Donatien s’impatienta tandis que le docteur tardait à répondre.
- En effet, je reçois un patient qui s’appelle DAGBEMANDOU Donatien. Il y a donc eu une confusion de ma part à cause de l’écriture presque similaire de ces deux noms. Toutes mes excuses pour cette erreur médicale, Mr DAGBEMANBOU, répondit le docteur après une brève réflexion.
- Excuses acceptées, docteur. Je suppose que vous avez dû remettre à Mr DAGBEMANDOU mon résultat. Est-il négatif ?, l’interrogea Donatien incertain.
- Oui, négatif. Je m’en souviens parfaitement, lui  annonça le docteur.
  Une joie indescriptible illumina alors le visage de Donatien. Il se retint pour ne pas sautiller tel un enfant.
- Vos malaises sont certainement dus à votre taux de cholestérol élevé dans le sang. Même si vous n’êtes pas atteint d’un cancer, continuez d’éviter les aliments gras et respectez le régime que je vous ai prescrit pour rééquilibrer votre taux de cholestérol, lui conseilla le médecin.
- Pourrais-je passer vous voir demain à l’hôpital ? J’aimerais refaire mon bilan de santé pour avoir le cœur net, précisa Donatien.
- Demain, je serai indisponible. Lundi serait convenable, à huit heures.
- D’accord, docteur, disons donc à lundi. Sur ce, je n’aimerais pas trop user de votre temps, passez une excellente soirée, ajouta Donatien.
- Pareil à vous. Encore toutes mes excuses pour le malentendu, lui répondit le cancérologue.
  Donatien raccrocha en souriant. Il émit un soupir de soulagement en songeant au fait que sa famille ne le perdrait plus de si tôt.
- Je verrai mes enfants grandir, se dit-il, ému.
  Dylan lui vint tout à coup à l’esprit. Il n’arrivait toujours pas à se faire à l’idée que son neveu soit attiré sexuellement par une personne du même sexe que lui. Pour lui, c’était difficile et douloureux de faire le deuil du neveu hétérosexuel qu’il avait en tête.
- Quel abomination, son défunt père se retournerait certainement dans sa tombe s’il savait que son fils est homosexuel, laissa échapper Donatien, les poings serrés.
Donatien décida d’aller s’entretenir avec lui dans sa chambre afin de comprendre comment il est arrivé à désirer les hommes. Il fit un détour aux toilettes.
- Peut-être que ce sont les séquelles laissées par la trahison de son ex petite amie qui l’ont poussé à s’éloigner finalement de la norme, pensa intérieurement Donatien en se rappelant d’un jour où Dylan lui avait assuré qu’il n’aimerait plus jamais aucune femme.
Debout dans sa chambre, Dylan échangeait depuis quelques instants par appel vidéo sur WHATSAPP avec son petit ami Ben alias Sasha ou le papillon rouge. A l’état civil, il se nommait Ben TRAORE.
Assumant pleinement son homosexualité, Ben préférait être appelé par le pseudonyme Sasha qu’il trouvait plus féminine. Parallèlement à ses études de droit à l’université, il gagnait sa vie en tant que mannequin. A force de se dépigmenter depuis l’adolescence, Sasha avait la peau très claire.
Couché sur le ventre dans son lit face à l’écran de son portable qu’il tenait, Sasha avait ses jambes fines levés et croisés aux dessus de ses fesses rebondies. Celui-ci balançait ses jambes d’une façon irrégulière.
Sasha s’était déguisé en une jeune fille, seule sa voix le trahissait. Il adorait en effet se travestir à la maison et lorsqu’il sortait. Néanmoins, il ne le faisait jamais lorsqu’il se rendait à l’université.
Dylan aimait le fait que son petit ami se travestisse ainsi en sa présence car il semblait moins gêné de flirter avec lui lorsque ce dernier avait des attributs de femme.
Le maquillage, les faux-cils, le mascara, le blush, le fard à paupières, l’eye-liner et le rouge à lèvres que Sasha avait mis créaient des illusions qui rendaient les traits de son visage féminin plus prononcés. Coiffé d’une longue perruque lisse et les ongles vernis, Sasha avait mis en valeur son corps imberbe en forme de sablier par un décolleté rouge vif. Il n’était pas vraiment mince et avait une taille élancée.
Lorsqu’il se releva avec une moue de dépit pour s’asseoir dans le lit, Dylan remarqua que Sasha avait accentué sa poitrine en rembourrant son soutien-gorge avec des chaussettes. Dylan venait de le mettre au courant de chacun des incidents qui avaient eu lieu durant la journée. Il avait fini par lui dire que son oncle Donatien avait eu vent de sa bisexualité à cause d’Inès.
- Je suis sincèrement désolée pour toi. Mais, tu t’en remettras. C’est malheureusement une étape que traverse la plupart des gens dans notre communauté, précisa Sasha en regardant à travers l’écran de son portable Dylan qui s’asseyait sur le rebord de son lit.
- Et dire que je me suis donné tellement de mal pour que cela ne se sache jamais. Je ne pourrai pas affronter la colère et la déception de mon oncle, réagit Dylan, soucieux.
- Cela t’aidera enfin à prendre une décision vis-à-vis de ton orientation sexuelle. Car si ce n’est pas moi qui te force la main, tu refoules trop souvent ton côté gay, Dylan, fit remarquer Sasha.
Dylan soupira profondément.
- Si tu n’avais pas été profondément déçu par ton ex copine, tu n’aurais jamais laissé libre cours à ton homosexualité même si tu le fais discrètement. Ce fut d’ailleurs d’ailleurs l’élément déclencheur, affirma Sasha.
- Tu sais très bien que je n’aime pas du tout qu’on fasse allusion à mon ex, lui rappela Dylan avec amertume.
- Il te faut pourtant affronter ce passé douloureux afin d’être libéré de l’amertume qui te rend méfiant, incapable d’aimer et d’accorder ta confiance en amour, ajouta Sasha.
- Que mon oncle découvre que je suis bi est la pire chose qui pouvait m’arriver. Mais, j’en ai heureusement tiré une leçon : celle de ne plus jamais me confier à quelqu’un sur ma vie privée, continua Dylan comme s’il n’avait pas écouté le conseil de Sasha.
- Ce n’est pas la fin du monde. Je suis passé également par-là, je te signale. Mes parents m’ont battu, insulté, exorcisé et finalement rejeté face à mon entêtement. Grâce à mon richissime oncle qui fait heureusement partie de la communauté LGBT, je m’en suis sorti en quittant la Côte d’Ivoire. Aujourd’hui, je me sens plus fort que jamais. Après le coming-out, ça passe ou ça casse !, affirma Sasha.
- Si mon oncle est connu pour être une chose, c’est d’être un homophobe aguerri. Je viens sûrement de perdre son estime. Il va d’ailleurs me faire passer un sale quart d’heure avec son sermon, réagit Dylan, peiné.
- Je sais bien comment ça se passe. Je serai là pour toi si ta famille te rejette. Heureusement que tu pourras aussi compter sur Flora qui fait partie aussi de notre communauté. En parlant d’elle, puis-je lui remonter le moral avec un message par rapport à ce que tu m’as dit ?, lui rappela Sasha en mettant dans la bouche un chewing-gum.
- Ne sois pas si indiscret, Sasha !, lança Dylan en se touchant le front.
Sasha eut l’air perplexe.
- Dois-je te préciser que Flora m’en voudrait à mort si elle apprenait que je t’ai raconté ça ?! Je me demande parfois si tu le fait exprès ! Qui aimerait que son frère répète aux gens qu’elle a failli se faire violer ?!, s’énerva par la suite Dylan.
- C’est bon, je voulais juste être gentil ! Mes intentions étaient bonnes, tu sais, lui assura Sasha en mâchant le chewing-gum qu’il venait de mettre dans la bouche.
- Et bien, tu gaffes trop en essayant d’être gentil ! Tu le fais sans même réfléchir aux conséquences ! Dieu seul sait pourquoi tu n’es pas encore allé raconter à Kenneth que je t’ai appris que Sandra le trompe avec Marc-André que tu détestes !, le nargua Dylan.
- Voyons, je ne suis pas bête ! Si je dénonce André, Kenneth t’en voudras de ne lui avoir caché les infidélités de Sandra, réagit Sasha.
- Cela me fait plaisir que tu en es conscience, reconnut Dylan.
- Jamais je ne te causerais indirectement du tort, mon sucre d’orge. Je t’aime, dit Sasha en faisant gonfler son chewing-gum qui explosa sur ses lèvres roses et pulpeuses.
- J’espère bien que tu tiendras ta langue, bébé, répondit Dylan.
- Après que je t’ai dit je t’aime, tu aurais pu me répondre un truc comme je t’aime aussi, bébé. Est-ce trop te demandé, après un an de relation ?, s’enquit Sasha, vexé.
- Cela aurait été vraiment hypocrite de ma part de le prétendre. Tu sais très bien que je ne crois plus du tout en l’amour, réagit Dylan.
- Bref. Concernant la tromperie de Sandra avec Marc-André, cela m’étonne quand même que tu m’aies confié un si lourd secret sachant que je suis une vraie commère et que je déteste ton jumeau. Toutefois, je me dis que tu me l’as raconté exprès pour que je finisse par le dire maladroitement à Kenneth. Vu que tu n’as pas la force nécessaire de le faire directement, ajouta Sasha.
- Il se pourrait bien que cela ait été le cas, car, je ne savais vraiment plus quelle résolution prendre, lui avoua finalement Dylan.
- Je présume que tu as finalement fait ton choix, en déduit Sasha.
- Je choisis de protéger mon frère tout en m’assurant du fait qu’il ne fréquente plus Sandra, lui fit comprendre Dylan.
- Quoi ?! De un, Kenneth mérite ta loyauté. Et de deux, tu ne pourrais pas empêcher ton stratège de frère de fréquenter Sandra, lui fit savoir Sasha.
Donatien toqua à la porte de Dylan. Stressé, Dylan commença par se ronger les ongles.
- Bon, je dois te laisser. Quelqu’un vient de frapper à ma porte. Je pense à mon oncle, lui fit savoir Dylan, nerveux.
- Bonne chance à toi, mon aloco sucré. Et n’oublie surtout pas de me mettre au parfum de tout lorsqu’il aura fini de te sermonner, précisa Sasha avant de raccrocher l’appel.
- Oui, entrez !, s’écria Dylan en se levant du lit.
Donatien entra dans la chambre et referma aussitôt la porte derrière lui. Tendu, il regardait avec curiosité Dylan comme s’il avait en face de lui un extraterrestre. La honte se lit sur le visage de Dylan qui réfléchissait à ce qu’il allait bien pouvoir dire à son oncle.
- Bon sang, mais, comment en es-tu arrivé là ?, s’inquiéta Donatien complètement chamboulé.
Se sentant jugé et incompris, Dylan préféra se taire.
- Pour que tu en sois arrivé là, la trahison de ton ex copine a dû vraiment te briser le cœur. Tu te sens donc aussi découragé que ça pour préférer trouver le réconfort chez une personne du même sexe que toi ?!, s’enquit Donatien.
Dylan baissa les yeux et prit une longue inspiration.
- Penses-tu vraiment que tu pourrais trouver la fidélité auprès d’un gay ?!,  s’indigna Donatien.
Dylan était tellement gêné qu’il n’arriva pas à lui répondre. Il avait les mains entremêlées.
- Tout ça est en partie de ma faute, j’ai pris à la légère ta déception amoureuse et ta décision de ne plus jamais aimer aucune fille, réagit Donatien.
Le souvenir douloureux de la trahison de Cécilia, son ex petite amie, submergea soudain l’esprit de Dylan malgré lui. Et ce fut avec toute une houle d’autres souvenirs.
Cécilia était la fille d’une amie de longue date sa mère. Ayant vécu dans le même quartier, fréquenter la même école au cours primaire et secondaire, Dylan et Cécilia avaient pratiquement grandi ensemble.
Depuis leur enfance, ils se trouvaient les mêmes centres d’intérêt, notamment leur passion pour la poésie, le dessin, les jeux de société et le théâtre amateur. Lorsqu’ils s’adonnaient au théâtre, ils tentèrent d’imiter les acteurs des films qu’ils regardaient à la télévision. Leur complicité était tellement grande que leurs proches les taquinaient en les qualifiant de mari et femme.
Se prêtant à ce jeu de couple quand ils jouaient au théâtre, les deux enfants avaient fini par y croire. En effet, lorsque Dylan traînait trop avec une autre camarade, Cécilia faisait la jalousie et le boudait. Dylan se comportait de la même façon quand il sentait qu’un autre garçon essayait de lui voler l’attention de « sa Cécilia ». Tout juste après leur entrée en adolescence Dylan entama une relation amoureuse avec Cécilia. Chacun trouva en l’autre sa moitié.
Cécilia finit par quitter le quartier avec ses parents pour aller habiter dans un autre quartier. Elle se lia rapidement d’amitiés avec des jeunes fêtards à la moralité douteuse de son nouveau quartier. Ils lui firent découvrir le monde de la nuit : les discothèques et les fêtes nocturnes.
Dylan n’arrivait pas à s’acclimater à ces milieux lorsque Cécilia l’y conduisait et finissait par portée toute son attention envers ses anciens amis ou les nouveaux qu’elle s’y faisait. Malgré qu’il préfère passer du temps avec elle dans des endroits plus calme, Dylan fit un grand effort pour s’adapter au nouveau style de vie de sa petite amie.
Hormis les concerts et les fêtes d’anniversaire auxquels ils assistaient ensemble, Cécilia trouvait trop ennuyants puis routiniers leurs pique-nique à la plage, leurs balades dans les sites touristiques et les sites naturels, leurs balades en pirogue dans les cités lacustres.
Elle passait donc le plus clair de ses temps libre avec ses nouvelles copines dont elle aimait bien copier les habitudes : se faire entretenir par son petit ami, toujours porter des tenues couvrant à peine le corps, boire fréquemment de l’alcool, se déhancher contre une bête sur la piste de danse lors des soirées nocturnes, s’amuser à flirter avec d’autres garçons sur les réseaux sociaux, prendre des photos exposant le plus possible les parties intimes de son corps et les publier ensuite sur les réseaux sociaux.
A cause de son éloignement et de l’influence de ses mauvaises fréquentations, Dylan commença par soupçonner Cécilia de lui être infidèle. Il avait fini par accéder discrètement à sa messagerie sur MESSENGER et WHATSAPP. Il ne tarda pas à avoir la confirmation qu’elle flirtait avec d’autres garçons à qui elle envoyait ses photos dénudées. Trahi, Dylan rompit avec Cécilia malgré ses supplications et explications.
En se rendant sur FACEBOOK le lendemain soir, Dylan tomba à son grand désarroi sur une vidéo qui enflammait la toile : celle de Cécilia ivre sur le lit d’une chambre d’hôtel en plein ébat sexuel avec trois garçons qui la filmait nue, le visage couvert de sperme. Les trois garçons avaient pris le soin de ne pas filmer leur visage respectif afin de ne pas être identifié lorsqu’ils partageraient la vidéo sur internet. Cette vidéo encouragea d’autres pervers à publier des captures de messages contenant des photos dénudées de Cécilia qu’ils avaient en leur possession.
Lorsque son oncle Donatien se rapprocha de lui, Dylan fut brusquement arraché à ses souvenirs sur Cécilia.
- Avant d’entrer dans cette chambre, je projetais de déverser ma colère sur toi. Tu t’y attendais certainement. C’est d’ailleurs de la même manière dont ton défunt père aurait réagi s’il avait été à ma place, ajouta Donatien avec tristesse.
L’évocation de son défunt père peina davantage Dylan. Les larmes lui montèrent systématiquement aux yeux.
- Mais, à la minute où je suis entré dans ta chambre, j’ai vu en toi un garçon désespéré et désorientée qu’il me fallait ramener sur le droit chemin. Non pas en le brutalisant, mais, en lui parlant d’oncle à neveu, continua Donatien.
Des larmes finirent par couler sur les joues de Dylan. Il eut le courage de regarder enfin son oncle après ces propos.
- En tant que chrétien quelle image crois-tu que Dieu aura de toi en tant qu’homosexuel ? Personnellement, moi, j’en ai encore la chair de poule ! J’exige que tu ailles te confesser demain au prêtre et que tu abandonnes désormais ce mode de vie. Commence par supprimer de ton portable les applications et les groupes à caractères homosexuels, ordonna Donatien.
Dylan lui lança un regard stupéfait.
- Je ne suis pas né de la dernière pluie. Je sais que ces applications existent autant chez les hétérosexuels que chez les homosexuels. Et qu’elles sont très prisées chez vous, les jeunes, précisa Donatien.
Dylan hésita. Celui-ci comprit à cet instant qu’il était carrément impossible pour lui de renoncer à cette partie de lui qu’il avait accepté en devenant l’amant de Sasha.

La double déception de Marc-AndréOù les histoires vivent. Découvrez maintenant