THE SURVIVERS

Chapitre 8 : Carp Diem

-- Brune... Brune !
-- Ça a dû être un choc violent pour qu'elle se soit évanouie aussi longtemps,
Je reconnais ces voix, ce sont celles d'Amélia et de Joris. Elles me rassurent.

J'entrouvre les yeux, trois têtes sont penchées sur moi. Amélia soupire :
-- Je re-respire enfin !
-- Tu peux te lever ? Qu'est ce qu'il s'est passé ?
-- J'ai mal à la tête...
-- Assieds-toi contre l'arbre, jvais te chercher de l'eau.
    Joris part, Amélia reste près de moi pour changer mon bandage tandis que Ryan reste derrière elle en la tenant par la taille.
Je n'aime pas cette relation.
D'autre part, j'essaye d'éviter au possible la discussion à propos de ma blessure. Je demande cependant à Amélia :
-- Combien de temps je suis partie ?
-- Tu n'es pas partie, si ? Quand je me suis réveillée tu étais à côté de moi, endormie et après qu'on soit tous sortis de l'eau au bout d'une vingtaine de minutes, tu étais là, debout, ensanglantée de la tête au pieds !

    L'après-midi, je suis restée sous l'arbre, à moitié endormie regardant Amélia et les garçons improviser un volley avec des feuilles de palmier enroulées entre elles. Je n'avais pas les idées claires. Comment cela se fait qu'Amélia ni même les autres ne m'aient pas vu partir ? Je n'ai quand même pas rêvé et puis, je ne vois pas comment j'aurais pu me blesser aussi gravement autrement.
Les jours suivants, je dormais le jour et sortais la nuit. Je marchais jusqu'à l'avion et parfois même jusqu'à la cascade. En fin de compte, la jungle n'est pas si effrayante de nuit, j'y dors même parfois. Les gémissements de la faune y sont rassurants.

    Un matin, alors que tout le monde dormait encore profondément, j'eus une brusque envie de retourner dans l'autre monde. Après tout je n'en connais rien et je n'ai rien de mieux à faire aujourd'hui. Je me ré-équipe du couteau d'Amélia, volé par Ryan, ainsi qu'un petit sac de fruits séchés en guise de goûter. L'idée ne me vient absolument pas d'amener quelqu'un avec moi. Je pénètre donc dans ce labyrinthe et, arrivant aux débris de l'avion, je me demande soudainement comment lui aussi est arrivé ici. Après tout, nous pourrions être des rescapés du vol A322... Je secoue la tête et reprends le chemin de la cascade, me persuadant que ce que j'invente est impossible.

Ça y est, j'y suis, cela fait quasiment une semaine que je n'ai pas mis les pieds derrière la cascade. Je souffle sèchement et me dis hésitante << c'est parti... >>. Je me lance dans l'escalade des roches plus glissantes les unes des autres, je failli trébucher à plusieurs reprises.

Arrivée en haut, je traverse le rideau d'eau qui me mouille de la tête aux pieds et marque une brusque pause. Je m'étonne démesurément de voir que le passage a totalement disparu. Je touche la paroi espérant trouver une ouverture cachée, jusqu'à toquer dessus : c'est plein, de la roche pure, il n'y a pas de passage. J'essaie désespérément de trouver un mécanisme d'ouverture jusqu'à finir par abandonner et m'asseoir face à la cascade.

Je ferme les yeux quelques instants quand soudain j'entends des voix qui se rapprochent. Dans la panique, je cours me réfugier derrière une gros rocher soutenu par des petites pierres. Comme la chance n'a pas l'air d'être avec moi ce matin, je glisse sur les petites pierres et me retrouve en équilibre au dessus du vide. Les voix se rapprochent et j'essaye de faire le moins de bruit possible, après tout, personne n'est censé savoir que je suis ici. Pendant un instant j'ai cru que... Mais oui bien sûr, ce sont les voix de Thomas et Ryan ! Mais que font-ils ici tous les deux ? C'est bizarre... J'essaie d'écouter :
-- Elle n'irai pas ici t'es fou, c'est trop dangereux pour une fille !
Ma sympathie envers ce Ryan ne fait que de dégringoler.
-- On sait jamais...
-- Faut avoir les idées sombres pour vouloir aller ici, tu vois, c'est fermé. Rajoute Ryan en tapant la pierre, allez vient on se casse.

La pierre qui servait d'appui pour mon pied céde, laissant échapper un petit bruit d'éboulement. Le regard de Thomas se fixe en ma direction mais il s'en va au rappel de Ryan.