2. Voir des papillons

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1550 mots

Zach

Cinquante-six, cinquante-sept, cinquante-huit, cinquante-neuf, soixante. La sonnerie retentit enfin à travers les murs du lycée, nous annonçant la fin de l'enfer. Je suis le premier à sortir, ayant sauté de ma chaise dans un grincement perçant qui réveilla la moitié des élèves, je me rue hors des couloires grisâtres qui puent le moisit et me précipite de l'autre côté du portail.

Elle m'attend, là, a gauche assise sur le dossier d'un banc et jouant avec les roues de son skate, quand elle entend les cris et rires venant de l'école. Elle lève enfin la tête après ce qui semble être trente secondes interminables, et m'apercevant, elle court et se jette dans mes bras, nous faisant tomber au sol. Les gens se retourne, j'entends même des filles couiner et faner en disant que « c'est trop mignon ». Mais je m'en fous, tout ce qui compte c'est qu'elle soit là, dans mes bras et pas quelque part d'autre. Alors je serre Fanny contre ma poitrine, l'écrase dans l'étreinte des mes bras et lui couvre la tête de baisers, son odeur de pèche me chatouillant le nez.

Je sens sa tête se relever, et ses lèvres douces se poser sur mes joues l'une après l'autre, puis elle tire sur mes bras en essayant de se relever.

-          Aller, lève-toi, les gens commencent à regarder. Dit-elle d'un ton timide en rapprochant son visage de mon oreille.

Je la relâche, malgré moi, et elle se lève en me tendant sa main pour m'aider, je l'attrape, et, en me levant la tire contre mon torse encore une fois. Nous nous séparons encore une fois, après son coup de genou très proche de mes couilles.

Mais je ne la lâche pas, je passe mon bras autour de son cou, elle passe le sien autour de ma taille et nous rentrons chez moi, sur nos skates, toujours en se tenant la main.

Quand on arrive à la maison et que c'est moi qui ouvre avec ma propre clé et non maman qui vient nous accueillir chaleureusement au portail, Fanny ne dit rien, mais je peux très bien sentir sa perplexité face a la situation. Elle ne demande rien, elle ne fait que regarder autour d'elle, comme pour découvrir quelque chose de manquant. Mais elle ne trouvera rien. C'est quand on est dans le salon, avachis l'un sur l'autre dans le canapé qu'elle ouvre enfin sa bouche :

-          Ta mère n'est pas là ?

-          Très bonne observation de ta part, ma chère. Lui dis-je en retour.

-          Arrête de te foutre de ma gueule, Zach, je suis sérieuse. Dit-elle en se relevant et en me regardant sévèrement. Bon explique ce qui s'est passé depuis qu'on s'est vu pour la dernière fois. Ajoute-elle quand je ne dis rien.

-          Papa a déménagé il y a deux semaines, maman travaille de sept heures à vingt-deux heures depuis deux mois. Lui dis-je en posant ma tête sur ses genoux.

-          Mais on s'est revu il y a moins de trois semaines.

-          Je n'ai juste pas voulu t'inquiéter, et puis j'sais pas, je n'avais pas trop envie d'en parler.

Ce qu'elle ne savait pas, c'était que ça faisait bien plus longtemps que maman travaillait toute la journée, mais que je ne l'avais jamais dit à personne, peut-être par honte, ou peut-être parce que ce n'est pas si grave que ça finalement.

Elle passa sa main dans mes cheveux encore un peu, puis ajouta en chuchotant :

-          Pour quoi est-ce que ton père à déménager ?

-          Je ne préfère pas savoir.

Ma phrase était comme une sorte de point final, car Fanny ne me posa plus de questions, elle continua de regarder le film que nous avions mis tout en passant ses doigts fins dans mes cheveux, sans poser aucune question.

Les Dieux créent la tempèteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant