CHAPITRE 1 : Un moineau s'est posé

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          Le long du boulevard, les rangées de platanes agités par le souffle du vent de novembre qui emportait les feuilles mortes, balançaient avec nonchalance. 

          Un jeune garçon au physique légèrement dégingandé attendait, assis sur le perron d'une petite maison, étrange construction presque moyenâgeuse coincée au milieu des superbes hôtels du boulevard comme une tenace résurgence du passé. 

        Laurent se sentait bien ce matin : depuis prés de trois mois, chaque matin il attendait qu'Amandine sorte de chez elle pour parcourir ensembles le trajet qui menait au lycée. Quoi qu'il ai pu arriver durant la nuit, tout ses soucis s'envolaient dès qu'elle ouvrait la porte, comme s'ils n'avaient jamais existé. Et ce matin, il savait que tous les deux pourraient profiter de deux heures d'étude ensembles, sans personne pour les importuner.                                                                    

        Il attendait déjà depuis quelques minutes sur le rebord de l'escalier, mais comme tout les matins,il n'entrait pas. C'était un de ces accords tacites passés entre ceux qui s'aiment et qui se réservent le droit de ne se dévoiler que par bribes, en préservant leur intimité du regard de l'autre pour mieux l'offrir par la suite. Pour autant, il lui semblait que rien ne pouvait le faire douter de l'amour qui existait entre eux. 

        En outre, il avait remarqué qu'elle ne lui avait jamais reproché cette politesse, aussi continuaient t'ils ainsi. Leur amour était poli, ils respectaient tout ce qui touchait à l'autre, ils se complaisaient à la poésie de la pensée de l'autre.

 «Poésie !» 

        Ce mot, resurgissant dans sa mémoire, lui rappelait leur rencontre. 

        Ce jours là, il était allé lire à la bibliothèque du lycée "Les fleurs du mal" de Baudelaire,merveille poétique trop peu reconnue à notre époque. Il se laissait parfois aller à l'humeur sordide et ironique du poème "Une charogne", mais il tentait intérieurement de résister à ce sentiment de noirceur qui commençait à l'envahir.

-Je peux m'asseoir à coté de toi ? Cette voix, aiguë et stridente, avait résonné plusieurs secondes dans son oreille avant qu'il ne réalise qu'on lui posait une question, car il était concentré sur la musique qu'il écoutait.

        Il se retourna brusquement, comme si on l'avait brûlé avec un tisonnier : une fille portant assez de livre pour assommer un bœuf, empilés jusqu'à ce qu'on ne vit plus que son visage, attendait patiemment.   

  - Je peux m'asseoir à coté de toi ? 

        Cette voix, aiguë et stridente, avait résonné plusieurs secondes dans son oreille avant qu'il ne réalise qu'on lui posait une question, car il était concentré sur la musique qu'il écoutais. Il se retourna brusquement, comme si on l'avais brûlé avec un tisonnier : une fille portant assez de livre pour assommer un bœuf, empilés jusqu'à ce qu'on ne vit plus que son visage, attendais patiemment qu'il se réveille  

  - Euh ... bien sûr, vas-y ... y'a pas de problème !   

       Il ramassa les quelques affaires qu'il avait posé là et se remit à lire après un rapide coup d'œil à sa nouvelle voisine. Décidément, la chance n'était pas au rendez-vous : mais après tout il lui semblait bien que les filles studieuses, celles que l'on pouvait rencontrer à la bibliothèque, se devaient de porter de grosses lunettes d'écaille, un appareil dentaire semblable à un échafaudage et deux couettes du plus mauvais goût, le tout emmailloté dans un pull en patchwork kaki ! Très certainement; ce genre de règles était universel après tout ! 

Les feuilles mortesWhere stories live. Discover now