Jour 1,
Assise sur le rebord de mon monde j'observe silencieusement la vie qui s'anime devant moi, j'imagine non-sens mal l'histoire de ces gens qui vont et qui viennent dans les rues un peu trop animé de mon quartier.
Certains rentrent chez eux après une longue journée de travail, d'autres profitent simplement d'une balade en ce début de soirée. Qu'ils soient seuls ou plusieurs, ils abordent des visages heureux. Je les envie tellement.
Moi du haut de mon toit, je me sens un peu seule. Il faut dire que je ne fais rien pour avoir des contacts sociaux. La timidité est mon plus grand défaut. Mais à de rares occasions c'est aussi ma plus grande force.
Que serais-je sans elle ? Elle est le masque que je présente chaque jour. Si je la perds, je ne suis plus rien. Malheureusement c'est elle qui me pousse dans cette solitude constante et qui m'emprisonne un peu plus chaque jour.
Dans le fond j'aimerais bien être plus sociable, rencontrer des gens, apprendre et recevoir des autres. Que mon cœur est enfin une bonne raison de battre. Car jusqu'ici il ne sert qu'à me maintenir en vie.
En réfléchissant à ma condition humaine et ma solitude dévorante, j'en oublie l'heure. C'est la fraîcheur nocturne qui vient m'extirper de mes pensées déprimantes. Je me lève et je rentre dans le bâtiment. Je descends les escaliers puis deux couloirs plus tard, me voici devant mon appartement. J'ouvre avec lassitude la porte de mon refuge. Des murs blancs, peu de meuble et encore moins de décoration. La simplicité dans toute sa splendeur.
Je ne prends même pas la peine de manger, me nourrir est la dernière de mes préoccupations. Pour le moment j'ai juste envie de me balader entre les lignes de mes auteurs préférés. Un roman, une nouvelle, quelques mots dans un journal... Des lettres qui se chevauchent et me connectent à un univers qui n'est pas le mien.
Cependant je ne suis pas très friande de ces longs écrits dont la fin est généralement prévisible. Trop souvent les amoureux finissent ensemble, les coupables sont arrêtés et la douleur reste la douleur, une chose implacable et sournoise.
Je préfère lire de la poésie. Quelques strophes bien écrites qui débordent d'émotion. Un shoot pur qui me transporte ailleurs, tel un drogué qui prend sa dose pour planer le temps de quelques heures.
Durant ce court moment je tutoie la mort, caresse l'amour, apprivoise la colère. Les mots se placent face à moi et je m'abandonne sans vergogne au plaisir qu'ils me procurent.
Alors me voilà installée sur mon canapé, quelques notes de jazz en fond sonore et un poème. Mon poème préféré qui résume sans nul doute ma vie actuelle. Il pleure dans mon cœur de Paul Verlaine.
Il pleure dans mon coeur
Comme il pleut sur la ville ;
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon coeur ?Ô bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits !
Pour un cœur qui s'ennuie,
Ô le chant de la pluie !Il pleure sans raison
Dans ce cœur qui s'écœure.
Quoi ! nulle trahison ?...
Ce deuil est sans raison.C'est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi
Sans amour et sans haine
Mon cœur a tant de peine !
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"Stances Amoureuses"
FanfictionUn jour, j'ai lu quelque part qu'on pouvait avoir "un ciel de désir, un monde de tristesse". Vivre avec ? J'en ai l'habitude... Mais que faire quand l'Amour veut me sortir des griffes de mes ténèbres ? * [MICHAENG] * "Stances Amoureuses" poème de la...