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La journée se termine et je vais me poser à la bibliothèque. 

J'ai beau en avoir marre des cours, je m'assure quand même de maintenir un bon niveau académique et pour ça... c'est passage obligatoire par la bibli'. 

Je m'installe dans un coin tranquille et je me concentre sur ma dissertation. Il ne reste que la relecture à faire avant de pouvoir l'envoyer. 

J'arrive à la moitié de mon écrit et je lève les yeux afin de faire une micro pause. Grosse erreur de ma part... Jihyo arrive comme une furie dans ma direction.

- Mina ! Mina ! 

Que me veut-elle encore ? Ne voit-elle donc pas que je suis occupée ? Elle s'assoit sans ménagement à côté de moi et elle pose brusquement son portable sur la table.

- Il y a un nouveau poème et regarde pour qui il est dédié !!!

Je pose mon regard sur l'écran et je commence la lecture de ce nouveau poème.

"A ma belle lectrice

Oh ! Votre voix sonnait brève, lente ou pressée,
Suivant les passions et les rhythmes divers,
Puis, s'échappant soudain légère et cadencée,
Sautait, comme un oiseau, sur les branches du vers !

Moi - j'écoutais - perdu dans de lointains concerts,
Ma pauvre poésie à vos lèvres bercée :
Heureux de voir glisser mon âme et ma pensée
Dans votre souffle ardent qui remuait les airs !

Et j'oubliai bientôt - pardonnez mon délire -
Paulus et Mélaenis, Commodus et l'empire,
Pour regarder les plis de votre vêtement,

Votre front doux et fier, votre prunelle noire,
Songeant que j'étais fou de réveiller l'histoire,
Quand j'avais sous les yeux un poëme charmant !

Louis Bouilhet  

Merci pour ce moment magique, Mina."

- Il est pour toi ce poème !!! dit Jihyo survoltée.

- Ne raconte pas n'importe quoi. Des "Mina" il doit y avoir beaucoup à la fac.

- Oui mais ce matin tu as lu le poème à voix haute dans la salle. Et je doute fort que beaucoup de "Mina" aient lu le poème à voix haute aujourd'hui. Ce qui veut donc dire que la personne suit le même cours que nous !!!!! Il faut absolument que tu lui répondes. Mets un poème !

Lui répondre alors que je ne sais pas si ce poème est pour moi ? Certainement pas. Il faut être fou pour faire une chose pareil. Et puis dans l'éventualité où ma folie m'emporterait et que je posterai un poème, que devrais-je lui dire ? Je ne connais pas cette personne.

Jihyo reprends son portable et j'espère très sincèrement que cette histoire va s'arrête aussi vite qu'elle est arrivée. Mais en voyant le regard de ma camarade s'illuminer que je comprends qu'il n'en ai rien.

- Là je crois que nous avons la preuve irréfutable que tu es la destinataire de ces poèmes.

"Mina, belle âme qui alimente ma flamme, je sais que de la où tu es, tu me lis. Toi qui te trouves entourer de livres, je t'en prie, ne te poses pas plus de questions et réponds moi. J'ai grande hâte de découvrir tes pensées."

Ma tête lourde de cette révélation vient s'abattre contre la table. J'expulse l'air contenu dans mes poumons et je réfléchis un instant à ce qui se passe.

Une personne est amoureuse de moi... Moi ! Mina, la fille déprimé qui ne sourit jamais. La fille qui ne parle à personne (sauf Jihyo). La fille la plus discrète de la fac. Bon sang, comment est-ce possible ? Je me suis toujours persuadée que j'étais invisible aux yeux des autres... Mensonge ! Visiblement à ses yeux, il n'y a que moi.

- Alors tu vas lui répondre quoi ? Tu vas lui mettre un poème ? demande Jihyo.

Je me relève et une idée me vient. Je prends le téléphone de ma camarade et je poste un message.

"Comme le dit la chanson : plaisir d'amour ne dure qu'un moment, chagrin d'amour dure toute la vie. 
Ne te préoccupe pas de moi, laisse ton amour pour moi te décevoir et passe à autre chose."

Espérons qu'avec ça, je serais tranquille. Je n'ai pas envie d'être le centre d'attention de quelqu'un. Je veux continuer à n'être qu'une ombre. La lumière me fait peur.

"Stances Amoureuses"Où les histoires vivent. Découvrez maintenant