Cass'

22 3 2
                                    


Cassidie rentrait en classe de seconde cette année.
Nouvelle, innocente, différente.

Différente dans sa manière de s'habiller, un style un peu grunge.
Différente dans son caractère si complexe.
Différente dans sa façon de s'exprimer.

Alors on lui portait beaucoup d'attention, ou, au contraire, on ne lui accordait pas plus d'un regard.

Cassidie avait des amies, un petit groupe très sympathique dans lequel elle se sentait aimée, dans lequel où elle donnait en recevant en retour.

Mais le vrai bohneur de Cassidie, c'était le soir, à la fin des cours;
elle prenait son temps, rentrant a pied.

Elle s'amusait à parcourir les rues et à admirer le ciel se revêtir de sa parure nocturne. Le changement de ses couleurs la fascinait, Cassidie adorait les observer.

Tous les soirs, elle passait dans ses ruelles ou pleins de petites échoppes se succédait, où les lumières s'allumaient les unes après les autres pour créer un chemin illuminé. Oh oui, ce si beau chemin que Cassidie parcourait, la musique jouant dans ses oreilles a l'aide de son vieux walkman en sautillant telle une enfant.
Et tous les soirs, elle rentrait dans le même petit magasin.
Son magasin de caramels durs.

Tous les soirs elle prenait le même paquet, payait le même prix, offrait le même sourire doux à la vieille caissière, et repartait du même pas enjoué le son du paquet s'ouvrant pour l'accompagner.

Ces caramels, c'était son réconfort.
Son moment de tendresse rien qu'à elle. C'était son obsession égoïste, la seule.
Cassidie adorait ces bonbons sucrés, au point de finir le paquet le soir même où elle l'achetait, la langue tellement sucrée qu'elle ne sentait plus les autres saveurs qu'elle pouvait manger après et les lèvres légèrement collantes.

~
Et pourtant..
~

L'automne s'installait tranquillement, laissant les arbres prendre une belle teinture rouge, les feuilles commençant déjà à s'échouer sur le sol.
Cassidie sortait des cours, la mine blasée, en écoutant de la musique d'une oreille et les rumeurs trainant dans le lycée de l'autre.
Ses amies n'étaient pas là.
Cassidie était seule.
La jeune femme se sentait seule.

Ça lui arrivait beaucoup en ce moment; ces instants où même lorsque tout va bien, où même lorsqu'elle sourit, lorsqu'elle rit et s'amuse ; tout lui semble triste. Fade. Vide.

Tout la désintéresse, tout lui donne un sentiment profond de lassitude.
Ses cours et ses notes restaient les mêmes.
Rien ne changeait.
Cassidie ne saurait dire pourquoi elle se sentait ainsi, pourquoi elle ne s'épanouissait plus autant.
Son chagrin était si fort que même les caramels ne la comblait plus autant.

Alors en sortant du lycée, Cassidie prolongea encore son chemin. Elle fit un détour encore plus grand et regarda le paysage. Il lui semblait que les feuilles tombant des arbres grands et fiers s'apparentaient à son moral déprimant.
Elle ne s'amusait plus des passant autour, ne s'émerveillait plus devant le paysage, ne prêtait plus attention aux merveilleuses couleurs du ciel.
La jeune femme marchait.
Encore et encore sans prendre en compte le temps qui filait à toute allure.
La nuit tombait de plus en plus, le ciel dégagé laissait apparaître les dégradations de bleus et elle, elle continuait sa marche.
La lycéenne laissait ses sombres pensées affluer dans son esprit, guider ses pas, son rythme.

Et, après ce qui lui semblait une petite ballade qui avait en réalité bien plus longue; elle s'arrêta.

Elle se trouvait devant le quai du métro, à l'autre bout de la ville.
Le quai avait une énergie étrange, ses lumières et son état n'arrangeant pas la situation.

Minuscule.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant