EvE_eLlE (1)

Chapitre 1: Visions surprises ?

Ce matin en me levant, j’ai comme d’habitude horriblement mal à la tête et j’ai pleins de plaies et de griffes aux bras. Je fais comme tous les matins, je cours dans la salle de bain me soigner avant que ma colocataire, Lexy, ne le voie et me dise d’aller faire des analyses pour soigner mon soi-disant « somnambulisme ». Je me soigne donc très vite et mets un pull à longues manches pour éviter que l’on voie mes pansements et qu’on me pose des questions à l’Université. Je ne veux pas qu’on pense que j’ai été agressée, que je suis une folle ou autre. Quand j’ai enfin fini de me préparer je vois Lexy me fixer à l’entrée de la salle de bain. Elle se contente de soupirer et de me regarder avec les yeux remplis d’inquiétude.
-« Ça commence vraiment à devenir inquiétant… » me dit-elle après m’avoir fixée sans rien dire pendant 3 minutes.
-« Je n’ai rien, c’est juste que je me suis cognée en me levant du lit, c’est tout. Ne recommence pas à me parler de ma soi-disant maladie du sommeil, ça n’a rien à voir avec ça. » je lui réponds.
Le ton commence à monter, elle tente de me convaincre d’aller au moins faire des tests et ne prête aucune attention à ce que j’essaie de lui dire, je commence donc à m’énerver et lui dire ,de la façon la plus calme possible, que je sais que je n’ai aucun problème et que je voudrais qu’elle se mêle de sa santé avant la mienne. Au final elle s’en va en me lançant un regard de colère mais en même temps triste qui je pense veut dire : « Tu ne comprends pas, j’essaie juste de t’aider. » mais avec une pointe de colère quand même, sûrement par rapport au ton que j’emploie avec elle.
Au moment où elle referme la porte et me laisse seule dans la pièce, je reçois un message de Rachel qui me rappelle qu’il y avait une grosse interrogation aujourd’hui. Je n’ai RIEN révisé. Je vais perdre tous mes points c’est sûr, mes notes vont baisser… Je regarde le miroir et fais un mouvement de la main comme pour frapper dedans. Mais avant même que ma main n’atteigne le miroir, il se brise et éclate en un millier de morceaux. J’ai eu à peine le temps de m’écarter pour ne pas me faire attaquer par les morceaux de verre qui volent devant moi. Lexy arrive en courant et manque de marcher sur un énorme éclat. Elle ne me demande même pas ce qu’il s’est passé, elle voit que quelques éclats sont à peine dans ma peau et donc me prends dans ses bras, juste avant que je ne m’évanouisse. Quand je me réveille enfin, il est 13h00. J’ai donc raté mon interro et suis restée inconsciente pendant 5 heures.
Je suis dans un lit d’hôpital. La première personne que je vois en ouvrant les yeux, c’est Lexy qui parle à une infirmière. Je suis encore à moitié endormie mais j’arrive quand même à entendre ce que Lexy demande à la jeune-fille.
-« Vous savez où je peux l’emmener faire les tests ? Je pense qu’il faut trouver un endroit avant qu’elle ne se réveille histoire que je prenne déjà rendez-vous sans qu’elle ne le sache. Il faut absolument que je sache ce qu’elle a. »
-« Oui madame, je comprends. Il y a un centre du sommeil à Paris, pas loin de l’hôpital. Cela s’appelle le CPS. Pourquoi ne pas vouloir la prévenir ? »
- « C’est…compliqué. Merci beaucoup pour votre aide, je dois filer. Vous direz bonjour de ma part à Eve-elle. Bonne journée, au rev… »
-« Non, attends. Ton histoire de tests à mon sujet m’intéresse beaucoup. » dis-je en la regardant avec mon regard le plus noir et sur un ton rempli d’ironie.

Elle me regarde mal-à l’aise et me dit qu’elle n’a pas le choix, ça s’aggrave et ça me fait péter les plombs. Je lui dis finalement que je vais aller à son rendez-vous mais que si l’on voit que je n’ai aucun problème de sommeil, elle me devra 25 euros. Et je ne parie que quand je suis sûre de moi. Elle finit par s’en aller et je demande pour sortir de l’hôpital.
J’obtiens ma sortie seulement 3 heures plus tard… Je me dépêche de rentrer chez moi en taxi. Quelques minutes après être rentrée chez moi et avoir déposé ma clef sur le meuble dans l’entrée, Carrie m’appelle. Elle me demande comment je vais, si je vais mieux et surtout si je vais aller faire les tests. Elle me dit qu’elle comprend si je ne veux pas y aller mais qu’elle conseille de le faire car, si il y a vraiment un problème à ce niveau-là, on pourra déjà comprendre un peu ce qu’il m’arrive. Elle me dit aussi que je suis sa meilleure amie et que je dois tout lui dire et blablabla… Bref, j’invente une excuse pour raccrocher. Pas que je sois énervée contre elle ou quoi que ce soit, je suis comme ça. J’ai besoin d’être un peu seule dans mon monde. Me perdre seule dans mes pensées sans être dérangée. Elle le comprend, je crois. Avant même que je n’ouvre la bouche pour lui inventer une raison de partir elle me dit qu’elle va me laisser un peu seule. Nous ne sommes pas meilleures amies pour rien. C’est quand même moi qui appuie sur le bouton tout en la laissant parler toute seule.
Mon premier réflexe est de monter dans la salle de bain et d’aller voir le carnage.
-« Ah, Lexy a déjà tout nettoyé…Ce n’est pas son genre du tout d’habitude. »
J’envoie un simple petit texto à Lexy pour la remercier pour le ménage qu’elle a fait et aussi pour l’argent qu’elle a dépensé pour moi à l’hôpital. Je reçois vite une réponse, comme si elle attendait avec impatience mon message depuis tout-à-l’ heure. Elle me dit de rien pour l’argent mais qu’elle est désolée d’avoir laissé tout le verre trainer par terre et que c’est vrai, elle aurait dû ramasser un minimum. Mais elle dit qu’elle n’a pas eu le temps. Je lui réponds que je ne disais pas ça ironiquement et que le ménage est vraiment fait.
-« Heu…Tu en es sûre ? Personne n’était là à part toi et moi. Les ambulanciers m’ont trouvée quand j’étais déjà sur la rue, la porte fermée à clef. Si ça se trouve j’ai fait la salle de bain sous le choc pour ne pas laisser traîner le verre mais je ne m’en souviens absolument pas. »
-« Je viens d’aller voir partout, la maison est entièrement nettoyée. Il y a même un panneau avec un « attention, ça glisse ». Tu ne te souviens pas d’avoir engagé une femme de ménage ou quoi ??? »
-« Ah… Sûrement Alec qui est passé. Il a les clefs et il était le premier au courant de ce qu’il t’est arrivé…Il voulait sans doute venir te voir et il s’est mis à faire le ménage. Haha Alec en femme de ménage, j’aurais aimé être là. »
Je réponds que je vais quand même lui demander si c’est bien lui qui a tout nettoyé parce que ça me semble vraiment bizarre. J’envoie donc un message à Alec et il me dit que quand il est arrivé, j’étais là sur le divan avec un balai à la main et que donc c’est moi qui ai fait le ménage. Il a juste fait la salle de bain et la chambre d’amis.
-« Ce n’est pas possible, j’étais à l’hôpital ! Ce n’est pas drôle du tout. »
-«  Si ça peut t’aider, tu avais les yeux fermés et tu chantais une chanson en Anglais… Un truc du genre « Why i love you… ». »
-«  Génial… Je fais du somnambulisme à ce point-là… Et jamais tu ne t’es dit que c’était bizarre et qu’il fallait appeler quelqu’un ? »
-«  Si mais tu m’as dit que je ne devais rien faire tant que tu étais inconsciente, qu’il fallait te laisser reparti et ne rien dire. Je ne savais pas vraiment quoi faire et je n’avais pas pensé à ton somnambulisme…Je pensais que tu étais juste un peu « toc toc » depuis le coup que tu t’étais pris. Désolé… »
-«  Non ça va ne t’en fais pas… Je vais aller faire quelques tests dans un centre… Merci pour ton aide en tout cas, à tantôt si tu comptes passer. »
-« Oui, je passerai ce soir vers 17h00 t’apporter quelque chose, à tantôt. »
Tout- à coup, j’ai comme un flashback. Je me souviens de tout ce qu’Alec m’a dit et je me souviens en effet que j’ai fait ça… Je pense devenir folle. Heureusement que Lexy m’a forcée à aller faire des tests… J’espère que j’ai autre chose que du somnambulisme…

Je retourne en haut, dans la salle de bain, et je me maquille très léger comme d’habitude. Un simple petit trait noir au-dessus de l’œil, un peu de mascara, de l’anticerne et j’en ai fini. Mais… Aujourd’hui j’ai envie de changer un peu… Quelle heure est-il ? Mince, 15h00. Pas le temps aujourd’hui… Je m’occuperai de mon look demain. La seule personne que je vois, c’est Alec et honnêtement, il m’a vue en pyjama, malade, sans maquillage ni rien, cheveux en pétard,… au moins une centaine de fois. Il devrait s’en remettre.
Au lieu de me maquiller, je prends une douche rapide et m’habille en dansant comme une folle sur du Rihanna. Je me sens comme submergée par une sorte de joie bizarre que je ne contrôle même pas. Je me mets à danser, hurler, chanter sur toutes mes chansons préférées pendant des heures. Je retourne tout chez moi et je finis mon moment de folie par un beau final. Je fais un grand écart devant ma fenêtre en saluant… Au moment où je me relève et me retourne, je vois Alec qui me regarde, la tête penchée sur le côté. Il voit mon visage changer de couleur, je rougis de honte. Il rit aux éclats et je me contente de rire légèrement avec une pointe de timidité.
-«  Il est quelle heure ? » je lui demande.
-«  17h20… Et tu sais que je suis très ponctuel. » dit-il en éclatant de rire à la fin de sa phrase.
-« Oh non…ça fait 20 minutes que tu me vois danser comme une folle du coup, je suppose… »
-«  Tout-à-fait. »
-«  Haha très drôle… »
Il reprend son air sérieux et me fait un léger sourire en me tendant un énorme bouquet de tulipes et un ours qui tient un cœur dans ses bras, dans lequel il est écrit : « Keep calm and love me ». Je le remercie en rigolant, un peu gênée. Eightan est toujours le premier à me faire des cadeaux inutiles qui me font rire et il est toujours le premier à comprendre mes bizarreries. Et ça depuis mes 14 ans…Et oui, je connais ce jeune homme sérieux la plupart du temps et drôle seulement quand il assiste à des situations gênantes depuis mes 14 ans. On ne s’est jamais quittés depuis, il est comme une sorte de frère pour moi. Il vient presque tous les week-ends pour m’apporter des dessins de mes personnages de séries préférées…Notamment des dessins d’Alec, mon coup de cœur de série tv. D’où le surnom Alec que je lui donne. Heureusement, il l’aime bien aussi et s’y retrouve un peu pour certaines choses donc ça ne le dérange pas. Il est vraiment sérieux la plupart du temps, il rit aux éclats ça c’est sur…Mais c’est vraiment très rare. Même quand quelqu’un est triste, il est le meilleur de tous les conseillers, c’est le meilleur pour rassurer les gens, mais il ne se montre pas vraiment touché…Pour ma part, il me prend juste dans les bras et me dit que je ne suis pas seule tout en gardant une tête sérieuse, par exemple. Il est toujours là pour les personnes qu’il aime. Oui je précise bien les personnes qu’il aime, les autres il ne s’en occupe absolument pas.
Bref, assez parlé de lui maintenant. Vous savez déjà presque tout. Je vais donc dans la cuisine et je lui prépare des sushis. J’en fais toujours au moins 30 pour être sûre parce que, à tous les repas que je fais avec Eightan, Carrie s’incruste. Elle observe toujours notre localisation sur les réseaux sociaux juste pour nous trouver. Elle ne veut jamais louper un repas avec ses amis, même si elle en fait un peu trop. On s’amuse beaucoup à trois mais j’aime bien, de temps en temps, passer un peu de temps seule avec Alec…Il me confie pleins de choses qu’il ne confie jamais à Carrie, il n’a pas facilement confiance. Il l’aime beaucoup mais est méfiant avec tout le monde (à part moi et sa véritable famille). C’est pourquoi, je pense, que lui aussi préfère quand on est tous les deux.

Je ne me suis pas trompée, après 10 minutes, j’entends quelqu’un frapper à la porte. Je demande à Alec d’aller ouvrir. Il y va avec sa tête TRES sérieuse, même un peu ennuyée.
Quand il ouvre, il est presque aussi surpris que moi. Il ne s’agit même pas de Carrie, il s’agit de la sœur d’Eightan. On l’appelle Izzy mais elle s’appelle Twice. Oui, leurs parents ont sans doute une grande passion pour les chiffres. Ils ont un autre frère, très jeune,  qui s’appelle Elf. On le surnomme Max. Leur autre sœur, qui elle a été adoptée, s’appelle Fivery, c’est un garçon manqué. On l’appelle donc Jace. Toute leur famille a droit à son surnom de série. Heureusement, ça ne dérange même pas les parents que je les appelle par les surnoms que je leur ai inventés. Enfin, assez parlé de surnoms. C’est un délire de jeunes, nous n’avions que 16 ans quand on a inventé ça et…C’est resté. Bref, elle a la tête basse et ne dit même pas bonjour. Elle n’a pas la force de lever la tête. Elle se contente de dire : « Eight… ».
-«  Quoi Twice, qu’est-ce qui a ? Explique- moi ! »
-« C’est… C’est Max…Il n’est pas bien…Il avait juste un genre de rhume, il Toussaint beaucoup mais rien de grave…mais là ça ne se soigne pas depuis au moins 1 semaine et il commence à tousser beaucoup trop. Il est à l’hôpital et… »
Je décroche totalement. J’ai comme une vision d’Elf dans son lit d’hôpital, je peux même ressentir sa douleur. Je me concentre sur ce que j’ai l’impression de ressentir et me mets à tousser. Je trouve ça bizarre, j’essaie de rester totalement bloquée dans mes pensées pour comprendre ce qu’il se passe…J’ai comme l’impression que je ressens ce qu’il est ressent. Je me dis que je perds un peu la tête et me reconcentre sur ce que dit Izzy.
-«…Il va se faire opérer dans 5 minutes, nous n’avons pas le droit d’aller le voir pour l’instant. »
-«  Mais enfin, opérer de quoi ??? » demande Alec sur un ton très angoissé.
-« Je n’ai pas tout compris, il a quelque chose dans le sang…Il doit le faire enlever au plus vite, il risque gros apparemment. »
Au moment précis où elle explique l’opération de Max, j’ai comme une autre vision. Je vois des docteurs venir avec des seringues. Je me mets à trembler et à transpirer. J’ai l’impression que j’y suis. Je vois la seringue s’approcher de moi et me mets à hurler. Je me débats dans le vide, je bouge et donne des coups dans le vent, comme si je me battais pour ne pas avoir de piqûres. J’ai la phobie des aiguilles. Alec et Izzy me regardent comme si j’étais malade et je ne les regarde à peine pas. Ils mettent enfin la seringue dans son bras et je me mets à hurler de toutes mes forces, sans pouvoir m’arrêter. J’ai comme des coups dans ma tête, j’ai extrêmement mal.
Alec arrive à toute vitesse me rattraper alors que je me jette à terre.
-« Hey, calme-toi. Qu’est-ce qui te prend ?? Tout va bien. »
-« Aux secours, j’en peux plus…Je ne sais pas ce que j’ai. Je n’ai jamais eu aussi mal… AHHHHHHHHHHH. »
Je me remets une main sur la tête et me remets à crier. J’appuie de toutes mes forces mais j’ai mal comme je n’ai jamais eu mal auparavant. Je ne vois plus Max, je ne sais pas ce qui lui arrive. Et plus j’essaie de me reconcentrer sur la vision, plus j’ai mal à la tête.
-« Mais de quoi tu parles ? Stop, explique- moi Eve. »
-« Amène- moi à l’hôpital Alec, s’il-te-plaît, je crois que c’est import… »
Je m’évanouis avant même de finir ma phrase, tout devient noir… Je ne suis plus capable de bouger. J’entends juste Alec paniquer et appeler une ambulance pour venir me chercher en urgence. Je sens aussi Twice qui me prend la main.
-«  Là, ça va aller. On va t’amener à l’hôpital, calme-toi. On est là. »
Je sens mon corps bouger tandis que l’on me sort de l’ambulance. Alec s’est endormi sur moi et Izzy me tient la main. Je crois l’entendre légèrement pleurer mais je ne saurais dire si elle pleure vraiment ou si je rêve…Je l’entends de moins en moins… J’arrive seulement à entendre une petite phrase :
-« Mais qu’est-ce qui se passe…d’abord Max, puis toi…QU’EST-CE QUI SE PASSE !? » Twice dit en éclatant en sanglots.
A ses mots, je me réveille tout doucement. J’ouvre les yeux et tourne, tout en y mettant toute la force possible, la tête vers Twice.
-«  Je vais bien, j’ai juste…eu énormément mal à la tête. Tout va bien… Ne t’en fais pas. Concentre-toi sur ton frère…Vous pouvez retourner chez vous ou aller le voir, son opération est finie depuis 7 minutes. Allez-y. »
-« Comment tu le sais ? Je n’ai pas parlé de l’heure de la fin de l’opération…Mais bref, on reste avec toi, ne t’en fais pas. Ton énorme mal de tête était très étrange, il faut y jeter un coup d’œil. On t’a trouvé une petite chambre. Comme elle est à trois portes de celles de Max, on viendra te voir tous les jours en allant le voir lui. Tu dois rester en observation. »
Je la regarde, lui fais un grand sourire et perds à nouveau conscience…Cette fois je n’entends plus rien du tout. C’est le vide total en moi.