Chapitre 4 - On parie?

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L'après-midi au parc s'est écoulé lentement, entre sieste et jeux de cartes, mais avec toujours beaucoup de rire et de bonne humeur, comme à chaque fois que nous sommes réunis. Tout notre petit groupe a repris le chemin de mon appartement en fin de journée, seul Ethan a bifurqué avant nous : il travaille le samedi soir dans le bar de son cousin.

Le pub irlandais en question sert de la bonne bière mais aussi du vin et des burgers à se damner. Passée une certaine heure, une piste de danse est dégagée et la musique s'adapte à l'ambiance pour nous faire danser. Nous passons pratiquement tous nos samedis soirs dans ce bar, au plus grand plaisir du patron, Neal. C'est le lieu de sortie de nombreux étudiants de l'école que Tess et moi fréquentons et pour nous remercier de ramener toujours plus de monde, le cousin d'Ethan nous offre très souvent des boissons.

Quand il ne travaille pas, Neal se joint à nous lors de nos sorties, étant donné le peu de différence d'âge entre nous, et sa mentalité. On ne peut pas considérer Neal comme un bel homme mais il a une tchatche et un humour qui ne laissent pas indifférent. Il ne rentre jamais seul, toujours au bras d'une superbe fille, ce qui l'intègre donc très bien dans notre « clan » libertin. Même si je n'ai pas envie de coucher avec lui, je dois avouer que je me prête très souvent au jeu de la séduction, tout comme Chloé et Tess d'ailleurs. C'est la base de notre groupe. Fille ou garçon, aucun jugement n'est fait de la part des autres. On profite tous de la vie et de ses plaisirs, sans complexe.

S'il y a bien une chose qui m'horripile dans notre société, c'est la manière dont sont traitées les femmes libérées. Qu'un garçon couche avec une fille différente chaque soir, aucun problème, c'est même considéré comme une prouesse. Mais quand une fille adopte le même comportement, on crie au scandale ! Mes amis sont à des années lumières de cette mentalité. Nous aimons séduire. C'est un jeu permanent et aucun d'entre nous n'émettra jamais le moindre jugement sur les conquêtes des autres. Vivre à leurs côtés est une bouffée d'oxygène.

J'observe Charlie et Paul jouer aux jeux vidéo tout en abandonnant mes ongles aux bons soins de Chloé. Tess, elle, feuillette un magazine, assise au bout du canapé, poussant des soupirs et levant les yeux au ciel à chaque fois que les garçons haussent la voix sur leur jeu. Je suis impatiente de me rendre au pub. Avec mon amnésie d'hier soir, j'ai l'impression de ne pas avoir profité correctement de la soirée avec eux. Même si l'on se voit la semaine, le week-end avec le groupe est un moment que j'affectionne particulièrement. Mes amis sont peu nombreux mais ils me sont très précieux et j'ai tout traversé à leurs côtés. Nous sommes toujours restés unis même quand j'ai passé quelques mois à des milliers de kilomètres de la France, sur un autre continent. Je ne sais pas ce que je ferai sans eux !

— Mia tu fais flipper à sourire comme ça !

La voix de Charlie coupe mon fil de pensées et je me rends compte qu'ils me fixent tous les quatre alors que j'affiche un sourire probablement très niais. Je tire la langue à Charlie avant que celui-ci ne reprenne sa partie en rigolant.

— A quoi tu pensais ?

Chloé me fixe de ses grands yeux bleus. Je lui souris grandement et admire le travail qu'elle a fait sur mes mains.

— Je me disais que j'avais de la chance de vous avoir !

Elle m'adresse un grand sourire avant de se lever pour me prendre dans ses bras.

— Nous aussi on a la chance de t'avoir Mia. Par contre, si tu ruines ta manucure, je te coupe en morceaux !

Sa voix meurtrière contraste tant avec son élan de gentillesse que je ne peux m'empêcher d'éclater de rire. Elle finit par me lâcher doucement et se recule en m'adressant un clin d'œil. Elle range tout son bazar alors que je vais m'asseoir sur le canapé près des garçons. Ils sont tellement absorbés par leur jeu qu'ils ne font même pas attention à moi. Sur l'écran de la télé, les personnages se livrent un combat acharné. Je m'affale un peu plus dans la profondeur du canapé et pose mes pieds sur les épaules de Paul. Les savoir tous près de moi m'apaise. Même si chacun vaque à ses occupations, on est ensemble. On est une famille.

Petit pari entre amisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant