Chapitre 4 : Je déteste novembre

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Parmi toutes les listes des choses que je déteste et que j'ai citées, vous vous dîtes que j'ai probablement fait le tour. Absolument pas.

Aujourd'hui, c'est le mois de novembre. En fait, je déteste l'hiver tout simplement. Pire période de l'année. On est obligé de mettre trois couches de vêtements et de ressembler à des patates qui boitent. Enfin, ressembler à une patate serait déjà pas mal et ce serait peut-être mieux que rien.

Évidemment, aujourd'hui, il fait aussi froid que n'importe quel jour de novembre et je suis donc obligé de supporter cet affreux bonnet et cette écharpe qui me tombe dans la gueule avec le vent.

Heureusement, je fais une partie de mon trajet en voiture. Mais la radio a décidé d'être contre moi et j'entends tous les présentateurs un à un parler juste du froid.

— Alors Jacqueline ! Quel est le temps d'aujourd'hui ? J'ai bien l'impression qu'il fait un peu froid ! s'exclame le premier abruti.

D'ailleurs, son jeu d'acteur est lamentable. J'ai beau ne pas voir à quoi il ressemble, mais sa voix est suffisante pour juger.

— Eh bien Arthur ! En effet, le temps s'est refroidi ! Et je vais vous dire pourquoi !

— Wow j'attends avec impatience vos explications !

Mais à quel moment ils ont cru que la météo était fun ? À quel putain de moment ?

J'éteins la radio. Enfin, j'essaie. Elle refuse de s'éteindre. Alors j'arrache le boîtier et le jette sur la route.

Quelqu'un m'insulte au passage. Probablement parce que ça a atterri sur le capot de sa voiture. Mais je ne regrette rien. Si j'ai défoncé sa voiture, j'en suis très fière. Dans le doute, j'accélère pour éviter qu'il me rattrape ou note le numéro de ma plaque. J'ai vu plein de gens faire ça dans les séries, hors de question que je me fasse avoir !

J'arrive alors devant mon café habituel. Encore une fois, il y a une immense queue. Cette fois-ci, il y a toute une petite famille devant tout le monde et chaque gosse hésite dix minutes sur ce qu'il veut prendre.

Je déteste les enfants.

Vraiment.

Ça ne sait jamais ce que ça veut et ça ralentit tous ceux qui ont des choses à faire dans la vie. J'ai encore des rêves d'écrivains à briser après avoir lu une énième fois un remake de Harry Potter.

Allez-y, détestez-moi. Je sais que vous en avez envie. Et tant mieux. J'aime qu'on me déteste.

Un gosse me bouscule en riant. J'en ai marre... Je double tous ceux devant moi sans la moindre honte. J'ai vraiment mieux à faire que cette connerie de queue.

Tout le monde commence à râler et à me hurler dessus, mais c'est ainsi que vient le succès. Tant qu'on parle de moi, c'est ce qui compte.

En arrivant, face à la caisse, la petite rouquine galère et est complètement perdue face aux clients qui ne savent pas se décider.

Je passe ma commande si de rien n'était.

— T'as doublé tout le monde connasse !

— Tes cheveux verts ils sont moches en plus !

Et ce sont les petits vieux moches qui osent me dire ça ? J'ai mieux à faire que de les écouter.

— Madame, je vous prierais de faire la queue comme tout le monde, dit la serveuse.

Elle est sérieuse elle là ? Sérieusement ? Elle est vraiment du côté de ces mochetés ?

Je regarde son badge pour l'insulter avec son prénom ou surtout, trouver un jeu de mot pourri avec.

Coleen.

QUOI ?

— Coleen, c'est toi qu'as volé mon bouquin ?

— C'est toi qui m'as envoyé ces mails nuls ? lance-t-elle, complètement choquée.

— OUAIS C'EST MOI ! Et tu vas devoir me répondre !

Je saute le comptoir et la plaque au sol pour le chevaucher. Dit comme ça, on peut croire que j'ai fait avec beaucoup d'agilité et d'élégance, mais en réalité, j'ai mal. Je déteste le sport aussi, longue histoire. Probablement pour un autre jour.

Elle semble complètement apeurée et tous les gens autour de nous commencent à hurler.

— Pourquoi t'es aussi mignonne ? demandé-je simplement.

— Quoi ? Mais qu'est-ce qui va pas dans ta tête ?

— JE TE FAIS UN COMPLIMENT !

— TU M'AS PLAQUÉE AU SOL PUTAIN ! hurle-t-elle à son tour.

Des gens tentent de me relever de force. J'essaie de résister, mais vainement, ils réussissent à me décoller d'elle. Elle se relève, assez abasourdie.

Alors que les gens sont prêts à me jeter dehors, elle les arrête.

— J'ai besoin de lui parler ! annonce-t-elle.

Face à la surprise de tout le monde, elle m'emmène à l'arrière du café. Peut-être qu'elle va me tuer maintenant qu'elle sait que je sais tout et que je lui ai envoyé de magnifiques mails.

— J'ai jamais envoyé de manuscrit à une quelconque maison d'édition !

— Alors pourquoi j'en ai reçu un à ton nom ?

— Bah... Je sais pas ! Peut-être que quelqu'un a utilisé mon nom et mon mail pour que tu t'en prennes à moi...

Elle a l'air vraiment sincère. Et peut-être que je devrais la croire si je veux avoir une chance avec elle.

— Ok. Je te crois, soupiré-je.

Elle est surprise que je cède aussi facilement. Certes, j'ai beau râler sur tout et rien, mais je n'ai pas envie de faire la guerre avec elle.

Alors que je suis sur le point de partir, elle me retient assez simplement :

— Est-ce que tu m'aiderais pour trouver de qui il s'agit ?

Elle se met à sourire et je ne peux vraiment plus refuser désormais.

Plagie-moi et on se retrouve au tribunalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant