13# BILLET

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En attendant la vie, la réalité, a repris son cours.
Non sans peine.
J'ai payé mon absence, et lourdement.
Il aurait été surprenant qu'il en soit autrement.
Moi, qui est toujours eû une grande conscience professionnelle, il m'est apparu injuste puis étrange qu'on me taxe de laxiste.
Assumer les conséquences de mon inconséquence.

L'ambiance avec Monte a été tendue dès mon retour.
Peu de mots échangés. Indifférence feinte. Jusqu'à ce que je comprenne que les responsabilités qu'on m'avaient confiées s'étaient envolées.
Malgré le fait que j'avais envie d'hurler, j'ai fermé ma grande gueule.
À quoi cela aurait-il servi à part à me soulager ?
N'aurais-je pas, il n'y a pas si longtemps infligé le même traitement à un collègue qui m'aurait plantée ?
Mon empathie a vaincu mon sang chaud. Je ne tente pas de me racheter, non. Simplement de faire admettre et comprendre qui je suis.
Ça prendra du temps, pour que certains, et notamment mon colocataire me fasse de nouveau confiance. Je m'accroche et je persiste.

João ?
Ah bah, je ne sais pas comment il se débrouille. Vraiment pas.
Toujours est-il que le soir de mon arrivée, il était de retour.

Bénédiction, ce gamin .
Beaucoup se sont acharnés contre lui. À commencer par le destin.
Y a cette étincelle, chez ce petit dur, celle qui me rappelle d'où je viens, et comment j'aurais pu me perdre. Très loin.
Si je n'avais pas rencontré, l'amitié.
J'ai pas l'impression d'avoir aidé à grand chose en ce qui le concerne. Si ce n'est à lui fournir un toit. Pas en excellent état. Mais un toit tout de même.
Gosse de la rue, il m'apprend les codes d'ici et le surf.
En échange je lui enseigne l'anglais et le français. M'enfin faut pas se leurrer. D'abord il a fallu que je le remette à la lecture.
Aux bases des bases, quoi.
C'est notre secret. Il a trop peur d'en être diminué devant les autres. Et le petit caïd, ne l'envisage pas. Dans le monde où il évolue, ça se comprend.

Voilà, tout ça pour dire que ça va finalement pas si mal. J'apprends beaucoup et je me tempère.
Y a de l'amélioration.
Je mûris, peut-être.

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PARIS

- Faudrait p'être se décider, ça urge.
Réunion de potes. Théo à la manoeuvre.
- J'en sais rien. Tu veux que j'te raconte quoi ?
Hakim, un peu sur les nerfs.
- C'est simple, tu veux partir ou pas ?
Nawel, plus incisive.
- Putain ! Et je fais comment ?!!!
J'me dédouble ???
L'aîné des kabyles, saoulé.
Des soupirs se font entendre.

- Kho... S'tu veux on reste, y a pas de blêmes.
Théo, agite les mains.
- Moi, je reste et Id vous suit.
Le grand frère en action.
- Hein ? Et arrêtes ! T'as encore plus b'soin de ger-bou que moi.
Le petit frère s'insurge.
- Et Nana ?
Hakim secoue la tête.
- C'est elle qui nous demande de partir un peu! Vas-y, des mois qu'on a pas quitté Paname.
- Tu crois que ça m'amuse ?!
On va la laisser seule tout ? T'as quelle face ?!
Ping-pong verbal des algériens.
- Et toi t'es dans quel délire, frère ?!
Sa soeur, notre Tante est venue !!!
Tu te rappelles ou quoi ???!!!
- Ah ouais !!! Elle était où ta super tante quand la daronne a clamsé ????
Tu peux me le dire ?
Tu crois qu'elle a ma confiance ?!
Il crache.
Elle devrait même pas avoir la tienne, Fram.
- Tu te plantes. Henna est ienb.
Le plus jeune ne dépose pas les armes.
Tu t'en sers pour rester immobile. C'est tout. Trop easy.
- Nan, mais t'as crû que c'était mon plaiz de squatter l'hosto ?!
La tension de l'aîné devient palpable.

P'TIT CON  tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant