CHAPTER 01

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« Mais je te déconseille de lui parler, il est plutôt violent. »

Gare de Wellington,

8h40.

   Il y a un truc que je ne comprendrais jamais. Pourquoi ils nous font venir à la gare pour prendre le bus ? Je suis de mauvais poil à cause de ma mère, elle m'a réveillée à six heures et demie pour être sûre que je ne loupe pas mon bus. C'est vrai, l'idée m'a traversé l'esprit. Comprenez-moi, je ne veux pas y retourner. Dès qu'ils vont savoir  qui je suis, tout l'enfer auquel j'ai réussi d'échapper trois années va reprendre. Pour ma première rentrée à l'internat, j'étais en surpoids et au fil de l'année, ils m'ont tous surnommé "la vache". Surnom qui est resté mes deux autres années de supplice. J'ai perdu toute confiance en moi et pour essayer d'oublier, je mangeai ce qui aggravait mon cas. Dans mon ancien lycée, je n'ai eu aucun problème, on me laissait tranquille. J'ai un mauvais pressentiment en ce qui concerne cette année. J'ai peur, que ça recommence et que je me noie de nouveau dans la nourriture.

   Je ne suis pas la seule à attendre le bus. On doit être une bonne vingtaine. Je reconnais certaines personnes qui étaient présentes quand je faisais partie des élèves de l'internat : les jumeaux Creek qui traînent avec Leary, Wilson, des cheerleaders et d'autres dont je ne me rappelle pas le nom. Ils font partie de la moitié des "populaires", les basketteurs et des cheerleaders encourageant les basketteurs. La deuxième moitié, c'est les baseballers et les pom-poms girls les encourageant. Il y en a un petit groupe ici. D'ailleurs, un du groupe ne me dit rien, il est grand, à peu près un mètre quatre-vingts, brun, les yeux marrons, profonds, le teint mâte. Très beau. À ma gauche, un petit groupe de cinq, on les appelle les "intellos". Quel préjugé ! Après, les petits nouveaux, les collégiens, ... et moi. En attendant le bus, je vais vous en dire plus sur l'internat. C'est un internat régional réputé pour ses résultats et ses professeurs. De plus, il n'y a qu'une classe de trente élèves par niveau ce qui complique la réussite d'y avoir une place. Le bus arrive, le chauffeur place nos bagages dans la soute pendant que nous montons dedans. Je m'assieds dans les premiers rangs puis je mets une radio musicale dans mes écouteurs. Le bus démarre et je m'endors peu après. Je me réveille une petite demi-heure écoulée et passe la fin du voyage à regarder les paysages campagnards presque tous identiques. Quand nous arrivons, enfin, je descends récupérer mes deux valises puis je m'arrête quelques secondes pour admirer la vue qui s'offre à moi. Tout est exactement comme dans mes souvenirs. Une avenue laissant place à une fontaine plutôt grande cachant une énorme bâtisse. À l'ouest de celle-ci, il y a trois bâtiments de trois étages, les dortoirs. Le premier appartient aux professeurs, le deuxième aux filles et le dernier aux garçons. Les rez-de-chaussées sont consacrés à la détente : salles de jeu, espaces wi-fi, salons, ... Les premiers étages représentent les douches et les toilettes. Les deuxièmes et troisièmes étages regroupent les dortoirs. Des chambres pour deux avec salle d'eau (toilettes et lavabo), bureau, lits et commodes personnelles et une bibliothèque et un réfrigérateur à se partager. Enfin, c'était comme cela il y a trois ans. Et à l'est, deux gymnases et plusieurs terrains de sport prennent place juste avant la forêt entourant la moitié de l'internat sur plusieurs hectares. Les professeurs de sport avaient l'habitude de nous y faire courir bien qu'elle soit totalement effrayante.

   Revenons à la réalité, je tire mes deux valises jusqu'aux marches menant au hall du bâtiment dédié aux enseignements. J'entre et les refais rouler jusqu'à la vie scolaire où un jeune homme souriant se tourne vers moi.

Misplaced Curiosity - Saison 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant