Chapitre 8

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Ils s'asseyèrent à une table, légèrement grasse des frites commandées par les personnes précédentes.
Les deux jeunes gens se déshabillèrent et prirent place, l'un enfin de l'autre de la petite table carrée.

L'air était étouffant, et la piste de dance encombrée. Les lumières vives agressaient leurs yeux qui étaient habitués à la lueur jaune de néons de la ville. Assis au fond de la salle où se pressaient différents styles de personnes, l'artiste et l'hôtesse commandèrent leur repas.

- Bonsoir Messieurs Dames ! Je vous laisse la carte ou vous prenez le plat traditionnel de la maison?

Ils s'échangèrent un regard et se tournèrent immédiatement vers le serveur logé sur des rollers, au torse musclé couvert d'une légère veste de costard sans manche et ouverte, et au pantalon moulant.

- Le plat de la maison, s'exclamèrent-ils à l'unisson.

Le beau serveur se lança sur ses patins à roulettes en hurlant au chef cuisinier de préparer son plat fétiche en double pour la quatre.
Ils se retrouvèrent seuls, bien qu'entourés de dizaines de personnes totalement déjantées, dansant comme des fous ou mangeant tels des ogres!
Amber la première brisa le silence, même si elle ne paraîssait pas gênée que des blancs s'imposent.

- Attendez.

Il la contempla avec une légère expression de peur.

- Oui ?

- Suis-je vraiment en tête à tête avec Andrew Given, dans ce bar si atypique à dix minutes de mon lieu de travail et devant lequel je ne suis jamais passée, à attendre que l'on me serve le plat fétiche d'un cuisinier ?

Une lueur d'étonnement, mélangée à mignon petit sourire éclaira son visage tourné vers l'artiste.

La peur, maintenant remplacée par des yeux malicieux et rieurs qui restaient rivés sur cette femme qu'il appréciait tant. Voilà pourquoi il l'aimait. Sa simplicité, sa non-hystérie lorsqu'elle l'avait vu la première fois, son humour qui ne connaissait pas encore mais qui, il pensait, affronterait bientôt, et son visage d'enfant, si doux et parfait. Il l'aimait, il en avait conscience. Mais il savait pas encore de quoi.

Il secoua la tête, mort de rire. Les bras croisés sur la table, le haut du torse appuyé dessus et la tête en avant, il prit la même position que la belle femme qui l'accompagnait.

- Laissez moi réfléchir.

Il leva les yeux au plafond et hocha la tête sur le côté. Elle se remit droite et son regard se fixa sur Amber, le sourire toujours ancré sur les lèvres.

- Il me semble que oui, oui. Et moi suis-je bien avec Amber, la femme d'accueil de ce luxueux hôtel angelin, qui n'est jamais passée devant ce bar situé à dix minutes de son lieu de travail ?

Les yeux dans les yeux, le temps leur semblait totalement suspendu.

- Alors Andrew Given aime ce genre de lieux ? Lui qui pourrait manger du caviars dix fois pas jour !

Son sourire angélique découvre sa parfaite dentition.

- Et oui ! Vous savez ici je ne croise presque jamais de fans. Souvent les gens me reconnaissent mais ils restent très respectueux et à l'écart !

- Je vois ! Vous savez je vous admire ! Enfin pas comme les fans, pas pour votre travail... Enfin si j'adore ce que vous faites mais vous comprenez, c'était pas ce que je voulais dire... Bon sang je me perds !

Tout ce discours hasardeux mêlé à de grands gestes de mains essayant d'illustrer ses pensées amusa son interlocuteur, aux yeux puant le rire moqueur mais si attendri.

Andrew et AmberOù les histoires vivent. Découvrez maintenant